Fondée en 1750, par Michel Bouchard, drapier de son état, la maison Bouchard fut pionnière dans l’exportation de ses vins dès 1890. Elle est aujourd’hui présente dans plus de 60 pays, l’intérêt pour ses crus à l’étranger n’ayant cessé de croître.
Ses lettres de noblesse, elle les a acquises au travers de la qualité des vins qu’elle vinifie et commercialise. Fidèle à la tradition des maisons de négoce en Bourgogne, elle propose à ses clients une sélection bourguignonne mais également d’autres régions, exprimant ainsi la richesse des terroirs français. Elle continue sur le chemin de l’exploration sensorielle en étant la première à proposer dès 2008, à l’occasion de la vente des vins des Hospices de Beaune, des dégustations thématiques créatives basées sur des accords mets vins originaux accessibles aux néophytes comme aux œnophiles.
La Maison Bouchard Aîné & Fils est loin d’être une vieille dame. Bien au contraire, le siècle des Lumières semble avoir éclairé la destinée de cette illustre beaunoise en lui insufflant le désir de toujours se réinventer. Une épopée bourguignonne qui continue de s’écrire avec, notamment, Laurent Mairet vinificateur œnologue de la maison depuis 24 ans déjà.
Quel est votre parcours ?
J’ai un parcours un peu atypique. Dijonnais de naissance, j’y ai fait mes études de biologie à la fac car je voulais être enseignant, passer le Capes et poursuivre dans cette voie. J’ai rencontré ma femme à la fac, elle aussi voulait être prof. Nous avons fait nos études de biochimie ensemble puis au moment de passer le concours (APES), j’ai réalisé que je manquais de patience pour cette vocation. Ma femme, elle, a continué, elle enseigne d’ailleurs depuis à Chalon-sur-Saône. Moi j’aimais beaucoup le vin, j’ai rencontré un professeur, directeur du centre œnologique de l’université, il m’a encouragé à passer un diplôme d’œnologie. Sorti 3e de la promo, j’ai commencé ma carrière dans les Côtes du Rhône à Condrieu avant de revenir en Bourgogne. En 99, on me confie la vinification de Bouchard Aîné & Fils.
Bouchard Aînés & Fils en quelques chiffres et mots ?
Nous produisons 4,5 millions de bouteille par an et réalisons 80 % de notre chiffre d’affaires à l’exportation. Les principaux pays sont la Suède, le Royaume-Uni, la Russie, la France, le Canada et la Norvège et nos clients sont autant les restaurants que les cavistes ou la grande distribution pour certains vins. Nous avons toujours été une marque généraliste avec une gamme allant du vin de table au grand cru. Nous proposons des vins de Bourgogne, du Beaujolais, des Côtes du Rhône et du Languedoc. Notre gamme est constituée de 50 références en Bourgogne, et au moins 80 références au total, moitié blanc et moitié rouge.
Quel est votre plus gros défi ?
De toujours faire bon et de toujours être satisfait du vin produit, même après 24 ans de bons et loyaux services dans cette maison que j’aime tant. Cette année est compliquée depuis le mois de mars : on a eu du gel, des maladies, le mois de juillet était affreux, et il n’a pas fait très chaud au mois d’août. On a beau faire ce métier depuis longtemps, à chaque fois on se remet en question.
A quoi ressemble une journée type pour vous ?
En dehors de la période des vendanges, chaque jour je gère le contrôle des vins (avec une dégustation quotidienne à 11h30), la prise d’échantillons, je prépare la mise en bouteille. Je suis en contact permanent avec le caviste avec lequel nous décidons de quel vin sera mis dans tel fût, il faut aussi filtrer le vin et le mettre en bouteille. On goûte très régulièrement la production car rien ne pourra jamais remplacer le palais. Et quand on voit un défaut on essaie de le corriger, par exemple si un fût n’est pas bon ou pas adapté on en change pour faire vieillir le vin dans les meilleures conditions possibles. Dans le temps on nous appelait d’ailleurs les « médecins du vins » !
Quelles sont vos pépites ?
J’en ai trois : Fixin La Mazière, Beaune Premier Cru Clos du Roi et Pommard Premier Cru Les Charmots. Ce sont mes petites pépites car il s’agit de trois terroirs différents. Le Fixin est un Côte de Nuits, une vieille vigne très concentrée, c’est un vin puissant sur le fruit noir, la griotte, un vin qui vieillit bien et qui se marie parfaitement aux tourtes et aux pâtés. Le Clos du Roi c’est tout le contraire avec un pH plus élevé, un vin qui s’ouvre vite, fin et élégant absolument parfait avec des viandes rouges. Enfin j’aime beaucoup le Pommard parce que c’est un doux mélange des deux, un vin qui associe délicatesse, élégance et puissance ; il est formidable avec le fromage.
Avez-vous un rêve ?
Mon rêve, je l’ai déjà eu, j’ai reçu une belle récompense en 2018 avec un Savigny-les-Beaune blanc nommé Major. C’est rare. Mon rêve ultime serait d’avoir un Major tous les ans au tastevinage.
De quoi sera fait demain ?
Demain j’aurai 54 ans je voudrais encore faire huit beaux millésimes avant de prendre ma retraite Et surtout...continuer à donner du bonheur aux gens car c’est ça qui m’anime au quotidien !