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Éric Remus : « Je pense que le vin est un langage universel »

Eric remus presente son livre "Irouléguy mon amour : itinéraire d'un sommelier"Eric remus presente son livre "Irouléguy mon amour : itinéraire d'un sommelier"
Écrit par Thibault Segalard
Publié le 26 août 2021, mis à jour le 29 août 2021

Passionné de vin et propriétaire d’un domaine viticole, Éric Remus a sorti son nouveau livre Irouléguy mon Amour : Itinéraire d’un sommelier (éditions Persée). Dans ce roman, il retrace le parcours inventé d’un jeune sommelier prénommé Victor Soubéran.

 

Couverture Irouléguy mon amour

 

Dans son livre, Éric Remus, nous raconte l’histoire de Victor Soubéran, étudiant en sommellerie, qui apprendra à ses dépens que le titre de Meilleur Sommelier d’Avenir attire les convoitises. Effectivement, certains n’hésitent pas à franchir la ligne jaune pour être déclaré lauréat de ce nouveau concours. Des tricheurs qui voueront une rancœur tenace à Victor et, avec patience et méthode, s’ingénieront à le faire dérailler à chacune de ses expériences professionnelles. Puis dans le contexte tragique du tsunami de décembre 2004, la rencontre de Victor et de Pierre Derennes, grand bourgeois, co-propriétaire d’un domaine à Saint-Émilion, va changer le cours des choses et donner une nouvelle direction à l’itinéraire personnel et professionnel de Victor.

 

L’écrivain nous éclaire, dans un entretien avec lepetitjournal.com, sur ce roman «initiatique» qui a pour vocation de faire partager sa passion du vin.

 

Vous avez coécrit «Les bleus en noir» en 1998, pourquoi vous relancez dans l’écriture 23 ans plus tard ?

Écrire un livre demande beaucoup de temps et surtout une concentration et une disponibilité mentale que je n’ai pas eu le loisir d’avoir dans l’exercice de mon activité principale.  Mais j’aime écrire et il se trouve simplement que dans mon parcours professionnel j’ai vécu deux pauses qui m’ont donné le temps que requiert la rédaction d’une fiction.

 

J’ai choisi de prendre le parti de parler de la sommellerie et non du métier de viticulteur, pour mieux parler du vin

 

Pourquoi prendre le parti de raconter l’histoire d’un sommelier, alors que vous étiez plus proche au monde de la viticulture ?

Premièrement, j’avais envie de raconter une histoire sur le vin, car j’ai eu beaucoup de plaisir à découvrir ce monde-là depuis que j’ai racheté un domaine viticole dans le bordelais il y a 15 ans. Ce qui est fascinant avec le vin, c’est qu’il intéresse énormément de personnes. Il y a une magie et un mystère qui entourent ce milieu et qui n’existent pas dans les autres professions. Cette curiosité n’est  pas différente suivant le genre, l’âge ou la nationalité. J’ai pu m’en apercevoir au cours des années. J’ai choisi de prendre le parti de parler de la sommellerie et non du métier de viticulteur, pour mieux parler du vin, en racontant la formation et la découverte d’un métier qui est celui de sommelier. Il est celui qui interprète le produit pour le compte des producteurs. Il est l’interprète naturel des vins. Mon éditeur parlait de roman initiatique, et je trouve le terme assez juste. On accompagne le personnage principal dans sa propre découverte de cet univers, la sommellerie d’abord mais ensuite la viticulture puis la distribution du vin.

 

Ce titre m’est venu très tôt, avant même le coeur de l’intrigue et de l’histoire du personnage

 

Comment avez-vous choisi votre titre d’Irouléguy mon amour : itinéraire d’un sommelier ?

Irouléguy existe réellement, c’est une belle appellation du pays basque, mais Irouléguy Mon Amour est une cuvée imaginaire que j’ai inventée pour les besoins du roman. Ce titre m’est venu très tôt, avant même le coeur de l’intrigue et de l’histoire du personnage. Comme l’ appellation est assez confidentielle, peu connue du grand public, et j’ai donc rajouté «itinéraire d’un sommelier » pour qu’il n’y ait pas d’ambiguïté sur l’univers de l’intrigue. J’ai d’ailleurs, comme je l’explique dans le livre, aimé la résonance avec Hiroshima mon amour (film de 1959).

 

Pourquoi raconter la vie de Victor par le prisme une discussion entre lui et un autre personnage ?

Ce n’est pas un choix conscient. Dans un livre avec une intrigue, l’intérêt est de suivre la transformation et l’évolution d’un personnage. Pierre, l’autre personnage, est vraiment l’accoucheur de l’histoire avec ses questions. Il sert à dynamiser la narration et grâce aux questions et interjections, à avancer plus rapidement et plus logiquement dans l’histoire. C’est cette proximité entre eux, qui va entrainer le dénouement du roman.

 

Le trucage de concours, la pression de certains individus, les menaces, etc… Ce sont des choses que vous avez vues ou vécues quand vous étiez dans le domaine de la viticulture ?

Je ne dirais pas que je les ai vécues. Dans toutes les professions, il y a des façons de tricher avec les règles, tout comme dans le monde de la sommellerie. Quand je me suis documenté sur les concours et leurs préparations, j’ai vu de nombreux témoignages, notamment aux Etats-Unis, qui parlaient de fraude et de triche. Certaines compétitions ont d’ailleurs été invalidées par la suite. C’était tout à fait crédible d’imaginer ces situations. J’ai donc inventé un concours le «Taj Wines Contest» qui m’a permis d’élaborer mon histoire sans porter préjudice à des compétitions réelles.

 

J’ai voulu inscrire l’histoire de mon personnage dans un parcours positif et stimulant

 

Vous semblez attaché aux terroirs et aux appellations de vignobles, que ce soit en Bourgogne, dans le bordelais en passant par Paris et l’Australie, votre livre c'est presque une déclaration d’amour au voyage et à la découverte ?

Les dimensions de voyage et de découverte sont très importantes effectivement ! Notamment pour les vins et pour les terroirs. J’ai voulu inscrire l’histoire de mon personnage dans un parcours positif et stimulant malgré toutes les galères qu’il rencontre dans sa vie. Mais c’est vrai que le voyage et l’errance ont cette propension à la remise en question dont j’avais besoin pour Victor.

 

Dans votre livre, vous avez choisi d’écrire et d’encadrer des descriptions de vins, ceux qui apparaissent dans l’histoire, c’était une volonté de votre part qu’à travers votre oeuvre, vos lecteurs en apprennent plus sur les saveurs de certains vins ?

Oui, bien sûr, c’est un des objectifs du roman. Mais le choix d’encadrer des descriptions de vins, c’est plus une facétie d’auteur. Quand la question s’est posée de garder ces petites pastilles, j’ai décidé de les conserver, pour ainsi permettre à ceux qui le veulent, de sortir quelques secondes de l’histoire pour en connaitre plus sur les saveurs d’un vin. Je me suis inspiré d’un livre de Johannes Mario Simmel On a pas toujours du caviar, qui ouvrait chaque chapitre avec une recette de cuisine.

 

Le vin est un langage universel pour vous ?

En tous cas, il a de tous temps été associé à la culture (tous les adultes, ou presque, ont à un moment dans leur vie, une volonté de se cultiver dans certains domaines et c’est souvent sur le vin) ainsi qu’aux échanges commerciaux. Il est de ce point de vue un élement de culture et un pont entre les civilisations. Alors oui, en rapprochant les peuples, on peut considérer qu’il a une valeur universelle.