Vous trouvez qu’il y a de plus en plus de canicules sur terre ? En réalité, on en compte encore deux fois plus en mer. Ces vagues de chaleur marines sont à l’origine de violents orages sur les côtes et de destruction de la biodiversité. Explications.
Les images d’une plage texane couvertes de cadavres de poissons ont fait le tour du monde. En cause ? Une vague de chaleur océanique qui baisse le niveau d’oxygène de l’eau, la rendant invivable pour ces poissons. Aussi impressionnantes que soient ces images, elles risquent de se répéter fréquemment, à cause du changement climatique.
Hundreds of fish found dead at Quintana Beach County Park https://t.co/3ymYBbpcXl pic.twitter.com/F6iWmE93Mh
— FOX26Houston (@FOX26Houston) June 10, 2023
Comme le résume le Giec : “Tous les êtres humains dépendent, directement ou indirectement, de l’océan. L’océan couvre 71 % de la surface de la Terre et contient environ 97 % de l’eau de la planète.”
C’est quoi une canicule marine ?
Une canicule marine est une vague de chaleur qui peut durer des jours, semaines, mois voire années (comme le Blob au large de l’Alaska). On les voit de haut, depuis le monitoring satellite constant. David Diaz, chercheur à l’Institut Espagnol d’océanographie, explique dans l’article de Bon pote que les vagues de chaleur “ressemblent à des incendies sous-marins, avec une faune et flore qui meurent comme si elles étaient brûlées”.
Ces vagues de chaleurs peuvent être provoquées par des courants marins, une absence prolongée de nuages, une absence de vent … 84 à 90 % des vagues de chaleur marines survenues entre 2006 et 2015 sont attribuables au réchauffement d’origine anthropique.
Est-ce exceptionnel ?
Actuellement, le Giec indique que ces canicules surviennent deux fois plus souvent que dans les années 1980, et elles pourraient être jusqu’à 50 fois plus fréquentes d’ici 2100 si les émissions de gaz à effet de serre ne sont pas réellement réduites.
L’océan absorbe environ 90% de l’excès de chaleur provenant des rayonnements solaires. Pour se faire une idée, la NASA indique que les quelques premiers mètres à la surface des océans contiennent autant de chaleur que l’atmosphère. L’océan constitue donc un véritable rempart au réchauffement brutal des températures mondiales. Cependant, plus l’océan se réchauffe, moins il est efficace dans l’absorption de la chaleur. Surviennent alors des canicules terrestres plus fréquentes.
Quelles zones sont concernées ?
Les océans Pacifique et Arctique devraient subir des vagues de chaleurs plus intenses que les autres. La mer Méditerranée inquiète aussi, car elle se réchauffe 20% plus vite que le reste du globe. Par ailleurs, l’arrivée d’un nouveau El Niño ne laisse rien présager de bon, car sa venue s’accompagne généralement d’une hausse des températures (terrestres et marines).
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En 2023, un triste record a été battu. La température moyenne mondiale des surfaces océaniques a atteint 21,1°C. “À l'échelle du globe, on peut dire que l'océan est en feu quasiment partout”, constate auprès de Futura Sciences Alban Lazar, chercheur au laboratoire Locean (IPSL) et maître de conférences à la Sorbonne Université.
Quelles en sont les conséquences ?
Les premières victimes des vagues de chaleur marine sont les récifs coralliens, mais aussi les herbiers marins et les forêts de laminaires. Leur destruction implique la mort de centaines voire milliers d’espèces dont ce sont les habitats. La chaleur de l’eau peut inciter la migration de certaines espèces qui deviendraient invasives et favoriser la prolifération d’algues toxiques. La pêche sera inévitablement impactée.
Au-delà de la perte en biodiversité, c’est aussi une perte de capacité de stockage de carbone car via la photosynthèse, les plantes marines captent le CO2 à la manière des forêts terrestres.
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Comment faire face aux canicules marines ?
La première manière de réduire la probabilité d'occurrence de canicules marines est de freiner le réchauffement climatique. Pour cela, vous pouvez déjà vous informer et vous emparer de ces sujets, notamment en consultant notre rubrique “crise climatique”. Vous pouvez aussi chercher à savoir comment agir à l’échelle individuelle et collective.
Les vagues de chaleurs marines peuvent être prévues à l’avance grâce aux prévisions saisonnières, il est alors possible de prendre le temps de s’organiser et d’anticiper. Une meilleure protection des océans et de leur biodiversité permettrait aussi de réduire le stress sur les espèces - en temps de canicule ou non d’ailleurs.