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Le phénomène El Niño en 5 questions 

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Écrit par Natacha Marbot
Publié le 9 mai 2023, mis à jour le 26 juin 2023

L'Organisation météorologique mondiale (OMM) a sonné le glas : El Niño serait probablement de retour à partir de l’été 2023. Couplé au réchauffement climatique, “l’enfant terrible du Pacifique” s’annonce comme une grave menace. De quoi s’agit-il, d’où vient-il et que faire face à lui ? 

 

Qu’est-ce que ce phénomène, pourquoi apparaît-il périodiquement ? 

Le phénomène El Niño (ou Enso) dure d’ordinaire entre 9 mois et 1 an. C’est un phénomène naturel qui survient en moyenne tous les 2 à 7 ans et fonctionne en alternance avec son opposé, La Niña, un refroidissement des eaux de surface du Pacifique équatorial qui diminue la température mondiale. Ces phénomènes océaniques à grande échelle du Pacifique équatorial affectent le régime des vents, la température de la mer et les précipitations. Tirant son nom de la période à laquelle il est le plus fort - autour de Noël -, El Niño est synonyme d’une augmentation brutale des températures et du risque d'événements climatiques extrêmes. 

Le rapport de l’OMM prévoit à 80% de probabilité un début de El Niño en juillet ou septembre, un pic vers décembre-janvier et une fin incertaine (généralement de 9 mois à 1 an après le début). Le dernier phénomène El Niño important date de 2016 et avait entraîné l’année la plus chaude jamais recensée. Un autre, plus petit, a eu lieu en 2018.  

 

Quels sont les risques et quelles sont les régions touchées ? 

Météo France explique sur son site que lors des situations El Niño, des conditions sèches se développent sur l'Indonésie et sur l'Australie, les tempêtes tropicales et les ouragans apparaissent beaucoup plus à l'est qu'à l'habitude et viennent affecter la Polynésie française, tandis que les côtes du Pérou connaissent d'inhabituelles précipitations provoquant inondations et glissements de terrain.

" L’apparition d’un phénomène El Niño entraînera très probablement une nouvelle flambée des températures mondiales et augmentera le risque de battre des records de chaleur ", prévient dans un communiqué Petteri Taalas, le secrétaire général de l’OMM. 

“L’enfant terrible du Pacifique” est capable du pire : pluies diluviennes, inondations, sécheresses entraînant des incendies … Dans l’océan même, les poissons n’ont pas les nutriments nécessaires pour se renouveler et les populations chutent. Les territoires touchés par les sécheresses et les inondations perdent beaucoup de qualité de vie et d’hygiène pour leurs habitants, pouvant favoriser le développement d’épidémies telles que la dengue ou le choléra. 

 

Qu’est-ce que le “super” El Niño ? 

S'il est encore trop tôt pour le prévoir à coup sûr, les spécialistes redoutent l’arrivée d’un super El Niño. Pour cause, la longueur exceptionnelle du phénomène La Niña, qui a accumulé trois ans de chaleur dans l’océan. Celle-ci pourrait être libérée par El Niño dans l’atmosphère. Cela signifierait une augmentation des températures de la surface de l’océan Pacifique équatorial de 2 à 4°C, contre 1° en moyenne avec un El Niño classique. 

Néanmoins, l’effet sur les températures atmosphériques ne sera pas immédiat : il a lieu l'année suivant El Niño. Les inquiétudes se portent donc sur 2024. 

 

Quel lien avec le changement climatique ? 

Touchant des régions déjà affectées par le réchauffement climatique d’origine humaine, El Niño fait trembler. Selon toute vraisemblance, La Niña - qui vient de se terminer, retenait en quelque sorte les effets du réchauffement climatique, qui pourraient se retrouver non seulement relâchés mais aussi décuplés par El Niño. S’il est d'origine naturelle, d'après une étude publiée dans le Climate Past change, Enso aurait été plus intense au XXe siècle que durant les 600 dernières années. 

L'OMM rappelle qu'El Niño et La Niña s'inscrivent "dans un contexte de changement climatique induit par l'homme, qui fait augmenter les températures mondiales, affecte le schéma des pluies saisonnières et rend notre climat plus extrême". Pour être clair : le réchauffement climatique d’origine humaine et El Niño s’additionneraient, dans un combo très dangereux. 

 

Que faire face à El Niño ? 

Si on ne peut lutter contre des phénomènes océaniques comme El Niño et La Niña, on peut s’y préparer. L’OMM appelle alors les pays à déjà se préparer à ses impacts, même si le diagnostic ne sera sûr que d’ici l’été. Parmi les recommandations de la Banque Mondiale : “L'introduction de variétés de cultures résistantes à la sécheresse, l'expansion de l'irrigation, la restriction des exportations de riz, le stockage et la distribution de céréales, l'élargissement de la couverture de protection sociale et l'introduction de subventions à l'importation de produits alimentaires.”
Le réchauffement climatique en revanche, aussi source d'événements climatiques extrêmes, peut être endigué et ralenti, grâce à d’importantes politiques publiques et des changements sociétaux, comme le préconise le GIEC et les scientifiques depuis les années 1970.

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