Édition internationale
Radio les français dans le monde
--:--
--:--
  • 0
  • 0

Le boom des tournages de films en France : la réussite des crédits d’impôt

Tournage DunkerqueTournage Dunkerque
Christopher Nolan sur le tournage de Dunkerque. © Twitter/Pierre Volot
Écrit par Thibault Segalard
Publié le 12 octobre 2021, mis à jour le 12 octobre 2021

L’augmentation du pourcentage des crédits d’impôt pour les réalisations a provoqué une explosion de tournages sur le territoire français. Ce récent abattage fiscal qui permet de réduire son imposition de 30%, a permis de relancer le business des tournages en France.

 

Depuis 2016 et sa mise en exercice, le crédit d’impôt cinéma (pour les films français), le crédit d’impôt international (assigné aux productions étrangères) et le crédit d’impôt audiovisuel (pour les téléfilms, séries et documentaires), ont été la clef de voute du retour des tournages dans l’Hexagone.

 

Les crédits d’impôt pour dynamiser l’attractivité de la France

Très rudement concurrencé dans les années 2000 par nos voisins européens et leurs régimes fiscaux beaucoup plus attractifs à l’époque, les tournages de films et de séries étrangères et même françaises fuyaient la France. Pour rassurer et inciter les producteurs à revenir développer des films sur le territoire, Fleur Pellerin, ministre de la Culture sous François Hollande a accordé un coup de boost à l’économie cinématographique. Sensible aux arguments de Luc Besson en 2015, l'ancienne ministre a réussi à augmenter de 20% à 30% les crédits d'impôt. Une initiative qui parait mineure, mais elle était essentiel pour les sociétés de production. Concrètement, 30% des dépenses pour un film ou une série dans l’Hexagone, du salaire du technicien, aux décors en passant par les notes de frais d’hôtel ou de restaurant, sont abattus des impôts que doivent payer les producteurs sur les recettes d'un film. En 2018, près de 2 milliards d’euros ont été dépensés pour des tournages selon le centre national du cinéma et de l’image animée (CNC)

 

Crédit impôt

 

Le crédit d’impôt cinéma : comment ça marche ?

Le crédit d’impôt cinéma est intégralement attribué par le CNC. Du point de vue fiscal, les sociétés de production cinématographiques sont soumises, au classique impôt sur les sociétés. Pour pouvoir bénéficier de cette « niche fiscale », il est nécessaire de respecter quelques règles, décrites par le CNC :

 

  • Être réalisé principalement en langue française ou dans une langue étrangère si des raisons artistiques le justifient.
  • Être réalisé principalement sur le territoire français (de l’écriture du scénario à la post-production)
  • Contribuer au développement de la création cinématographique française et européenne, c'est-à-dire que l’oeuvre doit promouvoir les talents français et européens en étant réalisé avec le concours de ces travailleurs artistiques et techniques.

 

À noter que les régions ne peuvent pas attribuer les crédits d’impôts, seul le CNC, au niveau national, en possède le pouvoir. Seules des subventions territoriales peuvent être allouées au niveau régional.

 

Les particularités du crédit d’impôt international

Le crédit d’impôt international ou C2I, concerne lui, les oeuvres cinématographiques ou audiovisuels, dont la production est initiée par une société basée à l’étranger et dont une partie de la conception a lieu en France. Comme pour le crédit d’impôt pour le film français, il permet un abattement de 30% de toutes les dépenses effectuées sur le territoire français, pour pouvoir être éligible, il faut également justifier d’au minimum 250.000 € ou 50% du budget de production, et de programmer au moins 5 jours de tournage.

 

Alban Lenoir dans Balle Perdue de Guillaume Peret - 2020
Alban Lenoir dans Balle Perdue de Guillaume Peret - 2020

 

Le crédit d’impôt cinéma : une aubaine pour les productions françaises et les régions

Depuis 2016 en région, les productions tournent à plein régime depuis la mise en place de ce nouveau régime fiscal. L’Occitanie fait figure de très bonne élève dans le domaine puisque « entre 30 et 35 longs métrages sont produits dans notre région chaque année depuis 5 ans » nous explique Marin Rosenstiehl, d’Occitane-films, « malgré la baisse de réalisation pendant la pandémie, nous avons pu produire des films à succès, comme Balle Perdue sorti sur Netflix ». Le film d’action exaltant de Guillaume Peret, avec - entre autres - Alban Lenoir et Ramzy Bedia, a été visionné plus de 38 millions de fois sur la plateforme en ligne et la suite est actuellement en train d’être tournée dans la région de Montpellier. « Juste pour notre région, les productions françaises représentent plus de 50 millions d’euros. Ce chiffre englobe quasiment toutes les dépenses, c'est-à-dire, la masse salariale, les charges, la restauration, l’hébergement, les prestataires techniques etc… », continue le membre de la commission du film d’Occitanie.

 

Même constat pour le Centre-Val de Loire, qui a subi une augmentation significative de production sur son territoire depuis 2016. Cette intensification est en outre due, aux subventions allouées aux films par les régions, parfois en supplément du crédit d’impôt. « Nous offrons des subventions à tous les films tournés dans le Centre-Val de Loire, à condition qu'elles soient dépensées intégralement chez nous », détaille Pierre Dallois, responsable image de Ciclic Centre-Val de Loire. Les régions, en promettant ces allocations, permettent ainsi d’accroitre encore plus l’attractivité de leur province et ainsi, d’en faire profiter de nombreux secteurs. « Sur les films d’auteur et les fictions télé nous sommes à un ratio de 1 euro donné pour 5 euros dépensés » développe-t-il, « nous sommes avant-gardistes dans ce domaine, car nous ne nous contentons pas de juste recevoir les tournages. Nous prospectons également pour les faire venir. Cela nous permet d’accueillir des films français mais aussi beaucoup de productions étrangères avec le crédit d’impôt international ».

 

Sherlock Holmes 2
Robert Downey JR dans Sherlock Holmes 2 de Guy Ritchie

 

Le crédit d’impôt international : La France nouvel eldorado des réalisateurs étrangers ?

Les producteurs et réalisateurs étrangers se ruent sur la France pour produire leurs films depuis 2016, en attestent le nombre de succès internationaux qui ont été tournés en France, comme Moi moche et méchant 3, Sense8, Alice in Paris, Rosemary’s baby, Le crime de l’Orient Express, Les Heures sombres ou encore Sherlock Holmes 2.

 

Les régions profitent également de cet attrait international, qui fait bondir le tourisme pour les lieux de tournage. Alors que la région Occitanie accueille peu de ces productions étrangères, « 5 par an » toujours selon Marin Rosenstiehl, d’autres régions, elles, ont un véritable pouvoir d’attraction, comme le Centre-Val de Loire, qui reçoit une série américaine sur Catherine de Médicis, The Serpent Queen . L’île-de-France, quant à elle, regroupait en 2019 40% des productions nationales et 36% des productions internationales, dont le 6e volet de la saga Mission Impossible.

 

Dunkerk
Fionn Whitehead dans Dunkerque de Christopher Nolan - 2017

 

L’un des plus beaux symboles de la réussite du crédit d’impôt international reste encore à l’heure actuelle Dunkerque de Christopher Nolan. « Cette super production américaine sur le territoire français montre l’efficacité du crédit d’impôt international ainsi que son impact considérable sur l’économie française, l’emploi et le tourisme », soulignait ainsi l’ancienne présidente du CNC, Frédérique Bredin. Le tournage avait généré 19 millions d’euros de dépenses dans les Hauts-de-France et avait mobilisé 450 techniciens français.

Pensez aussi à découvrir nos autres éditions

© lepetitjournal.com 2024