Que serait Rome sans ces arbres à l’élégante silhouette, qui, s'élevant au-dessus des ruines, procurent une ombre bienvenue en été, du vert pour colorer l’hiver et des pignons parfaits pour nos pestos ? L’arbre le plus caractéristique de Rome est néanmoins menacé de disparition par un parasite.
Un symbole méditerranéen aux origines antiques
Le pino domestico de son nom italien, pinus pinea de son nom latin, aurait été introduit en Italie méridionale par les premières immigrations hellénistiques. Au même moment s’est développé le premier culte connu à Rome, celui de Cybèle, déesse-mère, patronne de la nature. Le pin parasol lui a été dédié, puisque son amant – et fils, en fonction des versions de la légende – Attis, aurait pris la forme de ce conifère en mourant.
Sur un plan plus pratique, le bois du pin était très utilisé dans la construction, surtout maritime, d’où sa présence le long des littoraux. De plus, jusqu’à aujourd’hui, les pignons de pin, pinoli en italien, sont très utilisés dans la cuisine, des pestos aux pâtisseries comme la torta della nonna, en passant par les salades estivales. Un des noms de ce pin est d'ailleurs le pin pignon, ou pino da pinoli en italien, montrant bien l'importance de ces graines.
Le pin « italien », un emblème nationaliste ?
Bien que présent sur une grande partie des côtes septentrionales de la Méditerranée, le « pino italico » a été érigé pendant la période fasciste en véritable symbole de « l’italianité » par Mussolini. Il a ainsi été utilisé dans de vastes projets de reboisement, ou pour orner les nouvelles constructions fascistes de la capitale, s’inscrivant dans la volonté de Mussolini de relier son régime à l’héritage antique romain.
Mais l’attachement des Romains pour leurs pins parasols a des racines trop anciennes pour qu’on leur associe seulement la période fasciste, un attachement bien montré par l’émoi suscité dès qu’un de ces pins doit être coupé. Il existe même une association, « Amici dei Pini di Roma », Amis des pins de Rome en français, qui œuvre pour la défense et la replantation dans la ville de ces arbres.
SOS pins parasols romains en danger
Symbole de longévité du fait de son feuillage persistant, le pin parasol a une espérance de vie variant entre 200 et 250 ans, réduite à 75 ans environ pour ceux plantés dans les rues. Mais ces arbres pourraient ne plus du tout faire partie du paysage romain, depuis qu’une cochenille originaire d’Amérique, la cochenille-tortue, menace de les faire disparaître. Capable de tuer un pin en deux ans, responsable de la disparition de la moitié des pins napolitains, sa prolifération inquiète, surtout que les produits phytosanitaires ne sont d’aucun secours. 80 % des pins romains seraient infestés. L’espoir n’est cependant pas perdu, puisque des méthodes naturelles montrent leurs fruits. Ainsi, la ville de Rome a investi près de 500 000 euros dans une armée de coccinelles, chargée de mener une offensive – qui s’est révélée plutôt efficace – contre les cochenilles-tortues. De plus, ces parasites semblent particulièrement sensibles aux fortes chaleurs, et pourraient ne pas résister à une succession de canicules romaines. La ville éternelle ne perdrait donc pas une partie de son identité.
Eléné Pluvinage