Un café ? Ce sera trois euros. Trois euros cinquante même. Quatre euros soixante sont tout à fait possibles aussi. À ce prix-là, vous pensiez avoir une vue sur la tour Eiffel ou sur le boulevard Saint-Germain, il n’en est rien. Vous êtes à Varsovie et vous aurez une vue sur cet employé qui, la plupart du temps, échangera avec vous de façon mécanique, et qui vous demandera d’attendre devant la caisse le temps qu’il prépare votre commande pour que vous puissiez l’emporter à votre table.
Le café à la chaîne, les chaînes de pourvoyeurs de café
Il y a bien sûr des cafés où le service se fait à table. Quelques endroits charmants chargés d’histoires plus ou moins anciennes. Quelques très très rares endroits d’habitués qui peuvent nous faire penser au bistrot de quartier à la française. Pourtant, vu leur nombre, la probabilité est très importante de vous retrouver dans une des cinq ou six grandes chaînes de cafés, à Varsovie.
Décor standardisé de la tasse à la musique en passant par le mobilier, carte de fidélité, formules d’accueil… On vous proposera, à coup sûr, de prendre une taille plus grande, d’ajouter une dose d’expresso, de choisir le café premium et le lait de céréales. Vous en avez visité un, vous les connaissez tous.
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Mais pourquoi en Pologne, le café vous reste sur l’estomac ?
Bien entendu, vous me direz que nous avons aussi cela en France. Certes, mais il y a deux différences majeures.
La première, c’est donc le prix. Si nous considérons une moyenne haute du prix d’un café allongé en France à deux euros cinquante. Avec un SMIC, nous pouvons en acheter 720.
Ce même café allongé coûtera autour de 15 zlotys (trois euros quarante-cinq) à Varsovie et avec le salaire minimum polonais, vous ne pourrez en acheter que 291 ! Cet écart n’est pas anecdotique.
Malgré le prix, je ne sais pas si on peut considérer cette boisson comme un produit de luxe en Pologne, car les cafés débordent de clients, mais elle semble, mathématiquement, réservée à ceux qui peuvent se le permettre. Fut un temps, où il l’était de manière évidente et je me rappelle la joie de mes grands-mères polonaises lorsqu’on leur rapportait du café « Grand’Mère » justement, de France.
La deuxième est que nous n’avons pas, en Pologne, la culture du café, dans un café ! Combien de choses se passent, en France, entre 6h30 et 8h30 autour du comptoir que ce soit à la campagne, dans les villes ou dans les métropoles ! Dans les différentes fonctions que j’ai exercées, le café matinal sur le zinc a toujours été aussi passionnant qu’instructif.
Les différentes classes sociales se mélangent, communiquent entre elles le temps d’un café, commentent autant le foot, la déclaration du président de la République, la fermeture du coiffeur de la rue que la politique locale. Pas besoin de connaître nos prénoms, pas besoin d’être en contact par ailleurs, le café nous lie et cela nous suffit.
Le café en France est le pilier de la société, car c’est là où on peut facilement prendre son pouls. Par ailleurs, le ou la responsable du service du matin est souvent la même personne tous les jours. Cette dernière a une fonction de facto que je peine à retrouver dans les cafés à Varsovie : elle lie. Elle vous lie déjà avec l’endroit, en vous reconnaissant, en vous servant le café que vous avez l’habitude de commander, en vous rendant éventuellement un petit service ou en acceptant de vous encaisser le lendemain, car vous avez oublié votre monnaie.
Mais elle peut aussi vous lier avec les autres protagonistes des conversations matinales, car elle les connaît tous. Grâce au café du matin, j’ai fait des rencontres professionnelles et amicales. J’ai aussi trouvé un logement grâce à cette personne qui « lie ».
Un café supplément « liant » po proszę
Ce genre de lieu n’existe quasiment pas à Varsovie et je le regrette. Il n’y a qu’un seul type d’endroit où on retrouve un peu cette ambiance. Il s’agit de ce qui s’appelle "Bar Kawowy", littéralement « bar à café ». Il y en a deux, peut-être trois à Varsovie. Ces bars, qui datent de l’époque du régime communiste ont, certes, dans leur menu du café mais, ce n’est pas la boisson la plus populaire. Ici aussi, le raisonnement peut paraître mathématique.
Si un café allongé coûte 15 zlotys dans les cafés, une pinte de bière coûte environ 11 zlotys dans ces bars à café ! Mais on ne va pas jouer sur les mots, car c’est bien connu, le café, ça énerve…
Avec l’inflation galopante, le bar mleczny polonais toujours d’actualité
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