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Histoire, société, football polonais : bienvenue à la rédaction, Jean-Luc Sochacki !

portrait jean luc sochackiportrait jean luc sochacki
Jean-Luc Sochacki
Écrit par Bénédicte Mezeix
Publié le 9 septembre 2022, mis à jour le 27 décembre 2023

Lepetitjournal.com/varsovie, en partenariat avec le site polognefc.com, est heureux d’accueillir un nouveau contributeur régulier : Jean-Luc Sochacki, docteur en sciences de l'éducation et professeur de lettres-Histoire et géographie. Il a rédigé une thèse consacrée aux classes pour enfants d'immigrés entre 1919 et 1939 dans le Calvados - comprenant une grande communauté polonaise (sortie en 2020 aux éditions L'Harmattan). En 2021, il a publié le Dictionnaire insolite de la Pologne (éditions Cosmopole). Vous le retrouverez régulièrement au fil d’articles consacrés à l’histoire, l’éducation, la société et le football polonais, son autre passion. Depuis 2012, date à laquelle la Pologne et l’Ukraine ont accueilli le Championnat d’Europe, il a créé un site de référence en la matière. Et non des moindres, le 7 octobre, il recevra une Distinction du Jury au Concours Polonais Remarquable, en France en 2022 (dans la catégorie Sciences) à l’ambassade de Pologne en France. Puisque nous allons faire un bout de chemin ensemble, faisons plus amplement connaissance.

 

Lepetitjournal.com/varsovie : Jean-Luc, bien que vivant actuellement majoritairement en France, quel est votre rapport à la Pologne, comment définissez-vous votre polonité ?

Jean-Luc Sochacki : j’ai un attachement très fort à la Pologne, car j’ai encore une partie de ma famille à Cracovie et je me rends souvent dans le village de naissance de ma grand-mère où nous avons une maison familiale et des terrains. Il y a donc un lien « physique » à ce pays. 

Je parle « d’attachement fort », mais c’est un peu par pudeur, car je pense que je peux même parler d’amour pour ce pays et je tiens à préciser que ce n’est pas parce que j’aborde parfois des sujets sensibles dans mes ouvrages (Jedbawne, le pogrom de Kielce, czarny protest etc.) que je n’aime pas la Pologne.

Au contraire même, pour reprendre les mots utilisés dans un article consacré à la Pologne par le géopolitologue Dominique Moisi : «  Un peuple se grandit lorsqu'il se montre capable de se confronter à la complexité de son histoire. Il s'abaisse lorsqu'il adopte une vision défensive de son passé ».

Ma polonité, c’est une constante, déjà car elle est présente dans mon nom de famille. C’est une énorme part de mon identité. Ensuite lorsque j’ai commencé mon travail de thèse, je ne devais pas faire un travail historique sur la scolarité des enfants polonais puisque ce devait être un travail plus sociologique (dans la continuité de mon travail de Master II) sur les structures scolaires pour enfants d’immigrés.

J’ai donc travaillé sur les textes officiels qui réglementent ces classes et j’ai vu qu’il y avait beaucoup de références aux années 1930. Petit à petit, j’ai découvert que les immigrés polonais étaient à l’origine de toutes ces classes spéciales, mais je ne m’étends pas plus, car ce sera l’objet d’un article. Je dis toujours que « j’ai à nouveau été rattrapé par ma polonité », comme un signe, tout un symbole. 

 

Qu’est-ce qui vous a poussé à transformer vos travaux universitaires en ouvrages pour le grand public ? Avez-vous des retours de lecteurs ?

J’ai toujours voulu faire des travaux universitaires qui soient assez accessibles au plus grand nombre. J’ai donc publié ma thèse en 2020 aux éditions L’Harmattan en retravaillant le texte toujours dans ce but. Mais je me suis rendu compte que le livre restait trop « pointu », trop spécialisé et encore difficile, trop lourd. Je pense que j’ai encore des choses à faire pour rendre ce travail encore plus accessible, d’ailleurs je travaille actuellement sur un projet de livre illustré consacré à l’immigration polonaise en France.

Mon deuxième ouvrage le Dictionnaire insolite de la Pologne est lui plus ludique, plus facile, j’ai reçu beaucoup de bons retours sur ce petit livre tant sur le fond que sur la forme. C’est aussi une chance de travailler avec Vanessa Pignarre et Patrick Arfi des éditions Cosmopole, car il y a eu de vrais échanges, constructifs, bref ils font un vrai travail d’éditeur de qualité. Aussi, j’ai eu une grande fierté de voir mon Dictionnaire insolite de la Pologne en vitrine de la Librairie polonaise (boulevard Saint-Germain à Paris) depuis de nombreux mois.

 

Dictionnaire insolite de la Pologne
Dictionnaire insolite de la Pologne, paru en 2021 aux éditions Cosmopole

 

Comment a débuté votre passion pour le foot et en particulier pour les joueurs polonais ?

Ma passion pour le foot, elle débute lors de la Coupe du monde 1990, c’est la première vraie compétition que je suivais. J’étais gamin et fasciné par les argentins, Diego Maradona et Claudio Caniggia ainsi que par les Italiens : Franco Baresi, Paolo Maldini, Gianluca Vialli, Roberto Donadoni, pour ne citer qu’eux. 

À cette époque c’était très compliqué de suivre le football polonais en France. Il y avait seulement les résultats dans France football chaque semaine, mais il n’y avait pas Internet, le championnat n’était diffusé qu’en Pologne (et encore…) et l’équipe nationale était absente des grandes compétitions entre 1986 et 2002. Une exception tout de même, les Polonais ont eu la médaille d’argent aux JO de Barcelone en 1992, ça reste un bon souvenir. 

Puis en 2012, l’Euro de foot a été co-organisé entre Pologne et Ukraine et j’ai commencé un blog en coopération avec l’équipe de So Foot. Je le poursuis sur Wordpress depuis 10 ans maintenant.

 

Le 7 octobre, vous allez recevoir une distinction : celle du Jury au Concours Polonais Remarquable en France en 2022, dans la catégorie Sciences, à l’ambassade Pologne en France ! Que ressentez-vous, vous dont les ancêtres ont été contraints de quitter la Pologne , est-ce une « réparation » ?

Tout d’abord cela fait vraiment plaisir, car j’ai énormément travaillé seul ces dernières années sur mes ouvrages et voir enfin mes travaux reconnus et récompensés c’est un grand bonheur. Je tiens d’ailleurs à remercier Bozena Bertaud, Dagmara Skora ainsi que les membres du jury pour ce prix.

Ensuite, il y a effectivement une dimension très symbolique dans la remise de ce prix, comme je le disais j’aime vraiment la Pologne et je suis très attaché à ce pays dont je fais souvent (pour ne pas dire toujours) la promotion. Et ce prix symbolise aussi une reconnaissance (presque officielle) de ma polonité.

 

Découvrez prochainement les articles de Jean-Luc Sochacki en partenariat avec le site Pologne Football Club (polognefc.com)

Pour en savoir plus ses travaux universitaires