Le mardi 2 septembre 2025, le Premier ministre Donald Tusk a annoncé que la Pologne était rentrée dans le club fermé des 20 plus grandes économies du monde grâce, notamment, à une augmentation record des revenus des citoyens. En 2025, la Pologne conserve l’un des rythmes de croissance du PIB le plus élevé de l’Europe avec une prévision actuelle à 3.4%. Ainsi, selon les estimations du Fonds Monétaire Internationale (FMI) pour l’année 2025, la Pologne devrait dépasser la Suisse et lui ravir la 20e place dans le classement mondial des pays les plus riches.


En préambule : "Trillionnaire" ou "billionaire" ?
En théorie, le terme exact en français pour désigner un pays dont le PIB dépasse 1.000 milliards est billionnaire (car 1 billion = 10¹²). Mais, aujourd’hui, le terme trillion s’est imposé sous l’influence de l’anglais et des institutions internationales comme le FMI, la Banque mondiale, ainsi que dans la presse anglo-saxonne.
Nous avons fait le choix dans cet article de garder le terme “trillionnaire”, calque assumé de l’anglais, dans le but d’une homogénéisation internationale.
En anglais (système court, dominant dans l’économie internationale) : 1 trillion = 1. 000 000 000 000 (10¹²), soit mille milliards (1 billion en français).
Ainsi, lorsque le site officiel du gouvernement polonais annonce "Poland joins the Trillionaires Club”: A Historic Entry into the World's Top 20 Economies ", il s’agit du sens anglais de "trillionnaire" : des États dont le PIB dépasse 1.000 milliards.
La Pologne : nouveau leader économique de l’Europe ?
Depuis la fin de la République populaire de Pologne (PRL), le pays n’a cessé de bénéficier du changement de système économique qui s’est opéré en devenant une économie de marché.
À la fin de la crise sanitaire causée par le Covid-19 qui a déstabilisé le monde entier, la Pologne a connu un boom économique lui permettant de compenser les pertes liées au confinement et au ralentissement économique mondial. Cependant, le répit fut de courte durée avec l’agression russe en Ukraine en février 2022. Le conflit est responsable de la crise énergétique que l’Europe connaît depuis 2023 et à laquelle la Pologne n’a pas échappé. La guerre a également alimenté une forte inflation avec un taux de 13.2% en 2022 et de 11.1% en 2023.
Ce n’est qu’en 2024 que le pays a réussi à faire baisser l’inflation à un taux annuel de 3.7% grâce à la combinaison de décisions prises par le gouvernement de Donald Tusk. Ainsi, les Polonais ont vu le salaire minimal, le salaire des agents de l'État et les prestations sociales être revalorisés afin de permettre une reprise de la consommation. En plus de cette revalorisation, le gouvernement a progressivement levé les boucliers anti-inflation sur l'énergie et a réinstauré la TVA sur l’alimentation.
Du côté du chômage, en juillet 2025, l’agence Eurostat indiquait que la Pologne avait l’un des taux de chômage les plus faibles d’Europe avec 3.1% contre 7.6% en France ou 3.7% en Allemagne.
Pour le ministre des finances polonais, Andrzej Domanski, le succès de l’économie polonaise est “le fruit de réformes systémiques et structurelles judicieusement mises en œuvre, mais surtout de la persévérance et du travail acharné de notre peuple.”
Ainsi, depuis la chute du régime communiste polonais en 1989, le PIB du pays a augmenté de 220%, le chômage est passé de 10% à 3.1% et le niveau de vie a été multiplié par 3.6, soit un revenu par habitant qui passe de 13.100 dollars en 1990 à 47.100 dollars en 2025.

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Une croissance du PIB polonais qui semble toujours tenir ses promesses
Le succès économique de la Pologne est dû à sa croissance qui semble intarissable. Au deuxième trimestre 2025, le PIB a augmenté de 0.8%, soit une hausse de 3.4% sur l’ensemble de l’année. Avec un taux de croissance comme celui-ci, Varsovie se place comme le leader de la croissance économique européenne.
Comme relevé quelques lignes plus haut, cette croissance est poussée par la hausse du pouvoir d’achat pour laquelle le gouvernement de Donald Tusk a contribué en revalorisant le salaire minimal, le salaire des agents publics et les prestations sociales. Cette revalorisation a eu pour effet d’augmenter l’ensemble des salaires à un rythme supérieur à l’inflation, avec une augmentation proche des 10% contre une inflation proche des 5%.
La Pologne sait également profiter de l’arrivée de capitaux extérieurs. Le pays attire les investissements étrangers permettant de financer l’économie publique et privée, et de stimuler la croissance du PIB. En parallèle, Donald Tusk a permis de débloquer le paquet d’aide issu du plan de relance post-covid de l’Union européenne. Ces aides avaient été bloquées par l’Union européenne en réaction aux mesures de réformes de la Justice du gouvernement précédent, réformes qui remettaient en question l’indépendance de la Justice.
En permettant l’arrivée des aides européennes, plus de 130 milliards d’euros étalés sur plusieurs années, le gouvernement polonais se permet de souffler en évitant de creuser trop profondément le déficit public. En effet, avant le Covid-19, le déficit polonais était en moyenne de 0.7% alors, qu’en 2025, il se situe aux alentours de 6%. En cause, plusieurs facteurs, tels que la crise énergétique, le développement d’infrastructures publiques, mais surtout l'augmentation considérable du budget de la défense, en réaction à l’invasion russe de l’Ukraine.
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Une réussite qui tiendrait plus de la faiblesse des autres économies que d’un nouveau “miracle polonais”
Cette franche réussite de l’économie polonaise peut toutefois être atténuée face au regard d’un constat : si l’économie polonaise se porte si bien, c’est parce que les autres économies européennes sont à la traîne.
Cette réflexion est mise en avant par le professeur d’économie à l’université de Kozminski, Jacek Tomkiewicz, dans une interview donnée à Polska Agencja Prasowa (PAP - l'équivalent de l’AFP en Pologne).
Bien qu’il reconnaisse que le taux de croissance de la Pologne est un “résultat décent” et que, sur le temps long, le pays se développe assez rapidement, pour lui, la nouvelle place de leader de l’économie européenne n’est due à la Pologne que grâce à la faiblesse des économies historiques du continent.
Un indicateur qui démontre son point de vue est le revenu réel disponible par habitant. Selon l'Organisation pour Coopération économique et développement (OCDE), de la fin du troisième trimestre 2023 à la fin du premier trimestre de 2025, les Polonais ont vu leur revenu réel disponible augmenté de 9%. Un record en Europe sur la même période, puisque le second pays avec la plus forte augmentation, le Portugal, est à moins de 7%. Malgré cette augmentation de bon augure, le professeur Jacek Tomkiewicz rappelle que le revenu disponible par habitant en Pologne ne représente que 83% de la moyenne de l’Union européenne. Ainsi, un Polonais peut acheter encore moins qu’un Allemand, un Français ou un Belge. Pour le professeur, l’écart de revenu réel ne se résorbera que lentement puisque l’économie polonaise souffre d’une inflation plutôt élevée.
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La contribution des entreprises françaises dans l’économie polonaise
De par leur importante présence, les entreprises françaises ou à capitaux français en Pologne contribuent, à leur échelle, à la réussite économique polonaise.
Les entreprises françaises ou à capitaux français représentent 1.200 entreprises, 227.000 salariés et un revenu de 185 milliards de zlotys, selon des données de la CCIFP de 2021. Cela représente, dans le secteur des entreprises privées en Pologne, 3.9% du revenu total et du nombre de salariés total du pays.
En ce qui concerne les Investissements Directs Étrangers (IDE), en 2022, les entreprises françaises ont investi 108 milliards de zlotys, faisant de la France le deuxième investisseur étranger en Pologne en représentant 9% du total des investissements étrangers dans le pays.
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