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Pologne - inflation et perspectives : analyses croisées de l'OCDE et BNP Paribas

BNP Paribas CCIFP SopotBNP Paribas CCIFP Sopot
CCIFP - L’économiste en chef de BNP Paribas Michał Dybuła a livré ses prévisions pour l’année 2023 en matière d’inflation et analysé la situation économique en Pologne et à l’international, lors d'une rencontre de la communauté d’affaire franco-polonaise
Écrit par Bénédicte Mezeix
Publié le 10 mars 2023, mis à jour le 10 mars 2023

Lundi 27 février, le Secrétaire général de l’OCDE, Mathias Cormann, a annoncé lors de la présentation du rapport annuel que, selon les prévisions de l’organisation, la croissance du PIB s’élèverait à 0,9% en Pologne et à 2,4% l’année prochaine. Quant à l’inflation annuelle moyenne des prix à la consommation, elle devrait s’élever à 12,7 % et 4,6 %, respectivement. De son côté, l’économiste en chef de BNP Paribas Michał Dybuła, a livré ses prévisions pour l’année 2023 en matière d’inflation et a analysé la situation économique en Pologne et à l’international, lors d'une rencontre de la communauté d’affaire franco-polonaise en Poméranie, organisée par Chambre de Commerce et d’Industrie France-Pologne. Voici quelles sont les perspectives économiques en 2023 en croisant les prévisions de l’OCDE et de BNP Paribas.

 

Une inflation annuelle de 12,7% en moyenne attendue pour l’année 2023 selon l’OCDE

Les années 2020-2022 en raison de la pandémie de COVID-19 ont été éprouvantes pour l’économie mondiale. La guerre en Ukraine, à son tour, favorise l'inflation, qui, cette année, devrait atteindre la moyenne annuelle de 12,7% selon l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).

« En ce qui concerne 2023, les prévisions de l’OCDE tablent sur une inflation de 12,7 % en Pologne. Je pense qu’une telle perspective était encore la plus probable il y a quelques mois. Mais tout indique qu’en raison du fait que la crise énergétique a été assez bien maîtrisée et que cette colline, qui devait apparaître au premier trimestre, n’est pas aussi importante en Pologne que nous l’aurions espéré, je pense que cette année 2023 nous montrera un meilleur résultat que 12,7% » – a déclaré le ministre du Développement et de la Technologie, Waldemar Buda lors de la présentation lundi 27 février, du rapport de l’OCDE.

 

Pour Michał Dybuła, Chef économiste Europe centrale et orientale chez BNP Paribas, une croissance de 0,5 %  devrait se profiler cette année

L’économiste en chef de BNP Paribas Michał Dybuła, lors de la première rencontre de l’année de la Chambre de Commerce et d’Industrie France-Pologne, qui s’est tenue à Sopot, a livré ses prévisions pour l’année 2023 en matière d’inflation, tout en balayant la situation économique en Pologne et à l’international.

Selon l’économiste, dans le scénario de base, l'économie polonaise devrait connaitre une croissance de 0,5 % cette année.

Concernant le PIB de la Pologne, il n'augmentera que légèrement en 2023, Michał Dybuła  ne s’attend pas à une détérioration significative du marché du travail national.

Malgré l'environnement plus favorable pour les cotations du zloty, l’économiste prévoit une stabilisation du taux de change EUR/PLN autour du niveau de 4,70 cette année.

 

Ce qu’il fallait retenir de son intervention en 4 points 

  1. Nous sommes juste au plus fort de la crise, l’économie polonaise est pratiquement dans un état de légère stagnation (la croissance est très faible et seulement d’année en année, la dynamique a considérablement diminué).
  2. Au tournant de l’été et de l’automne de cette année, la crise devrait lentement commencer à s’éteindre, c’est-à-dire qu’elle ne s’étendra plus, et à la fin de l’année, la situation devrait lentement s’améliorer.
  3. La crise s’est avérée aussi  terrible que prévu, ce qui a été clairement aidé par un hiver léger et une diminution de la demande d’hydrocarbures et de la consommation en général.
  4. 2024 devrait être la première année de reprise lente après la crise, c’est-à-dire qu’il y aura une croissance économique notable.

 

Tableau BNP Paribas CCIFP

 

Des facteurs politiques qui doivent également être pris en compte

Cependant, toute prévision doit être abordée avec prudence. Comme mentionné lors de la présentation de BNP Paribas (tant de la part de M. Dybuła que pendant les discussions et questions), trop d’éléments dépendent des conditions extérieures, c’est-à-dire des facteurs politiques. Par conséquent, toute prévision ne peut être qu’à court ou moyen terme, sous réserve d’un environnement politique en constante évolution.

L’un des événements clés affectant l’état de l’économie polonaise sera, d’une part, la guerre en Ukraine et son cours, et d’autre part, l’effet du différend entre le gouvernement polonais et l’UE sur le système judiciaire.

En ce qui concerne la guerre, la question fondamentale est sa durée, que nous ne sommes pas en mesure de prévoir, on suppose qu’il est peu probable qu’elle se termine cette année. Cependant, il est plus facile pour nous d’évaluer les effets du différend avec l’UE – l’absence d’accord signifie le manque de fonds du KPO, qui sont cruciaux pour notre économie. L’état du monde, et donc l’économie polonaise, sera grandement influencé par la situation économique et politique de la Chine, comme M. Dybuła l’a mentionné dans sa présentation.

 

Un facteur important sera également la politique financière menée par la banque centrale (NBP) et la politique budgétaire poursuivie par le gouvernement. Ceci est parfaitement résumé dans le rapport de l’OCDE :

« La banque centrale devrait continuer à veiller à ce que les anticipations d’inflation élevées ne persistent pas et être prête à relever davantage les taux d’intérêt si elles persistaient. »

 

Bouclier fiscal, transition écologique, évolution de la situation : analyses de participants

Pour Virginie Little - représentante régionale de la Chambre de Commerce Franco-Polonaise pour la conurbation Gdańsk, Gdynia, Sopot, ainsi que consultante en développement durable et transition écologique, fondatrice de la société Little Greenfinity : « La présentation de M. Dubyła était très intéressante » mais la spécialiste en développement durable émet quelques inquiétudes : « Ce que j’en retiens globalement c’est que malgré une inflation qui va rester élevée cette année et un contexte difficile l’économie polonaise va montrer encore une fois sa solidité - certes soutenue les cadeaux fiscaux et autres mesures anti-inflationnistes et populistes distribuées par le gouvernement en cette année d’élection parlementaire. En tant que consultante en développement durable j’ai été sensible à la mention sur la transition écologique et énergétique dans laquelle la Pologne prend malheureusement du retard. Je m’inquiète des conséquences de la  générosité et du passage “à la vraie vie” pour les ménages lorsque ces parapluies vont disparaître, du manque de vision du gouvernement concernant la transition énergétique et écologique, mais ça c’est une autre discussion. »

 

Des professionnels issus des secteurs de la banque et des affaires, des énergies renouvelables, des transports, de la construction, de l’éducation, des vins, de l’hygiène, du consulting, ont pris part à la rencontre organisée par la CCIFP, au Sofitel Grand Sopot.

Parmi eux, Adam-Stanislaw Rytwiński, expert financier en immobilier pour les sociétés Nova Developement et Wealth Managment Parteners Poland, pour qui « La présentation et les échanges qui ont suivi étaient extrêmement enrichissants. Les questions qui ont été posées reflétaient parfaitement les inquiétudes que la conjoncture soulève, montrant à quel point des rencontres intersectorielles et interculturelles comme celle-ci sont nécessaires ».

Rajoutant que l’analyse de M. Dybuła avait confirmé ses propres prévisions : « Aucun changement majeur n’est attendu pour l’année en cours – l’économie restera au niveau actuel, l’inflation diminuera légèrement en fin de période, les taux d’intérêt resteront plutôt inchangés avec la possibilité de répondre à la situation actuelle. D’autre part, l’année prochaine semble plus prometteuse, même si, comme i a déjà été mentionné, tant la résolution de la situation concernant les fonds de l’OCK que l’évolution de la situation au-delà de nos frontières orientales peuvent accélérer, prolonger, retarder ou entraîner de nouveaux événements inattendus. Si rien d’extraordinaire ne se produit, les prévisions de la banque BNP Paribas et de l’OCDE ou d’autres centres (qui sont tous cohérents) se réaliseront plus tôt, et seules les années 2025-2026 apporteront une croissance économique notable. Le taux de chômage ne changera pas, les salaires nominaux augmenteront légèrement, bien qu’ils baissent en termes réels (ce qui est déjà le cas), et les taux d’intérêt sur les prêts baisseront lentement, ce qui commencera à rétablir l’équilibre sur le marché de l’investissement et pourrait  avoir un impact positif sur les stocks. Des fluctuations monétaires majeures ne sont pas attendues en 2023 non plus. »