Cette année, la Pologne se classe 26e au classement mondial du World Happiness Report et fait partie des 20 premiers pays européens devant la France, qui elle, arrive en 33e position, juste après l’Arabie Saoudite.
Une belle remontée pour la Pologne, malgré la guerre à sa frontière orientale depuis plus de 3 ans
Depuis sa première publication en 2012, le rapport annuel, World Happiness Report, publié par le centre de recherche sur le bien-être de l’université britannique d’Oxford, en collaboration avec UN Sustainable Development Solutions Network et Gallup passe à la loupe le niveau des richesses à travers l’analyse du PIB par habitant, ainsi que d’autres facteurs, tels que la confiance sociale, le sentiment de sécurité, la générosité, l’espérance de vie, la liberté à faire des choix de vie ou encore la perception de la corruption.
Tous ces éléments permettent d’évaluer la qualité de vie des résidents et ainsi d’établir le niveau de bien-être au sein d’un pays.
Au fil des années, la position stable des pays scandinaves à la tête du classement mondial, avec en meilleur élève, la Finlande, montre le rôle primordial des politiques sociales et égalitaires dans la perception du bien-être par ses citoyens.
La Pologne, quant à elle, séparée par la mer baltique de la Scandinavie, se classe à la 26e place au niveau mondial et à la 17e place au niveau européen, grâce aux données récoltées en 2024, soit une belle remontée pour celle qui était 30e en 2023 et 43e en 2024.
Quels sont les atouts de la Pologne ?
Grâce à son rapide développement économique à la fin de l’ère communiste, la Pologne est un pays dont les indicateurs sociaux et économiques ne cessent de s’améliorer : son rang dans le World Happiness Report indique un niveau croissant de bien-être et de qualité de vie, sûrement l’un des atouts qui ont su séduire les investisseurs étrangers.
En effet, la Pologne a l’un des taux de chômage les plus faibles d’Europe avec 3.1% contre 7.6% en France ou 3.7% en Allemagne.
En outre, après avoir subi, comme le reste de l’Europe une forte inflation, 13.2%, au début de la guerre en Ukraine en 2022, Varsovie a réussi à atténuer les effets avec une inflation de 3.7% en moyenne en 2024. Depuis son arrivée au pouvoir en 2023, le gouvernement de Donald Tusk a revalorisé le salaire minimal, le salaire des agents de l'État et les prestations sociales permettant une reprise de la consommation. En parallèle, le gouvernement a levé progressivement les boucliers anti-inflation sur l'énergie et a réinstauré la TVA sur l’alimentation. Ces quatre facteurs expliquent la réduction de l’inflation qui s’est produite en 2024.
Enfin, le 2 septembre 2025, Donald Tusk a annoncé que la Pologne venait désormais de rejoindre le club très fermé des 20 pays trillionaires et que le rythme de croissance du PIB polonais s’élevait actuellement à 3,4 %, soit l'un des plus élevés d'Europe. Autant d’éléments qui jouent sur le moral des troupes.
Le résultat à la question de la liberté de faire des choix en Pologne interroge
La question est posée ainsi en anglais : Freedom to make life choices is the national average of binary responses to the GWP question “Are you satisfied or dissatisfied with your freedom to choose what you do with your life ?”
« La liberté de faire des choix de vie » est la moyenne nationale des réponses binaires à la question du GWP « Êtes-vous satisfait ou insatisfait de votre liberté de choisir ce que vous faites de votre vie ? »
Il est intéressant de noter qu’un pays comme la Pologne affiche un score élevé de 0.790 en termes de “Liberté à faire des choix de vie”, alors que d’une part, le recours à l’interruption volontaire de grossesse y est grandement limité par une lourdeur administrative qui le rend quasiment impossible. D’autre part, ce pays qui a conservé des valeurs traditionnelles, comme en témoigne le résultat des dernières élections présidentielles, se trouve dans l’impasse sur plusieurs questions de société (droits de la communauté LGBTQ+, inégalités femmes-hommes, violences intrafamiliales), figé par une morale religieuse qui pèse encore au sein des structures et des institutions.
💡 Des faits, des chiffres
En janvier 2024, 51 % des Polonais étaient favorables à autoriser l’avortement jusqu’à la 12ᵉ semaine sans condition (Sondage IBRiS (Radio Zet / Rzeczpospolita).
Selon une récente enquête réalisée par United Surveys pour RMF FM, menée du 4 au 10 mars 2025, 85,4 % des Polonais étaient favorables à l’avortement lorsque la vie de la mère est menacée.
À titre de comparaison, un pays comme la Finlande, meilleur élève du classement, affiche le score de 0.743 ce qui est en dessous de celui de la Pologne.
C’est intéressant, car cette étude étant basée sur la perception que les citoyens se font de leur bonheur au sein de leur pays, cela voudrait-il dire que les Polonais sont plus optimistes que les Finlandais ? Voire que les Polonais sont très optimistes ?
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La Pologne et le reste de l’Europe
De manière globale, le rapport se base sur la question de l'échelle de Cantril, formulée de la façon suivante en anglais : “Imagine a ladder with steps numbered from 0 at the bottom to 10 at the top. The top of the ladder represents the best possible life for you and the bottom of the ladder represents the worst possible life for you. On which step of the ladder would you say you personally feel you stand at the present time ?”
« Imaginez une échelle dont les marches sont numérotées de 0 en bas à 10 en haut. Le haut de l'échelle représente la meilleure vie possible pour vous, et le bas, la pire. Sur quel échelon de l'échelle vous situeriez-vous actuellement ? »
Cette échelle de Cantril est l’un des premiers instruments permettant aux économistes de recueillir des appréciations subjectives afin de récolter des mesures du bien-être ressenti par les individus.
Sauf que la notion de bien-être dépend fortement de la culture et chaque culture a ses propres valeurs, ses traditions, ses pratiques, voire des caractéristiques psychologiques façonnées par l’histoire, les épreuves collectives qui influencent la perception et l'expérience du bien-être.
La Pologne, avec sa 26e place au rang mondial et son score de 6.673, bat la France, affichant un score de 6.593, la plaçant à la 33e au rang mondial. Les habitants du pays des Droits de l’homme, de la Liberté, de l'Égalité et de la Fraternité ont le moral en berne, c’est ce que confirme un sondage Odoxa-Challenges-AGIPI-BFM (avril 2025). Le moral économique local en France est très bas : 83 % des Français expriment de la défiance par rapport à l’avenir économique du pays.
Aux États-Unis, la diversité des 50 États aboutit malgré tout à une moyenne élevée : un score de 6,724 qui place le pays au 24ᵉ rang mondial. Cette position reflète un équilibre global, même si le paysage reste marqué par de forts contrastes politiques entre bastions conservateurs, comme l’Alabama, le Mississippi ou l’Idaho, et États très libéraux, tels que le Massachusetts, Hawaï, la Californie ou New York.
Quid des proches voisins de la Pologne ?
Du côté des proches voisins de la Pologne, la Lituanie se place au 16e rang avec un score de 6.829, la Slovénie et la Tchéquie sont classées, respectivement, au 19e et 20e rang avec un score de 6.775 et 6.792, l’Allemagne, au 22e rang avec un score de 6.753. Quant à l’Ukraine, en guerre depuis l’agression de la Russie de Vladimir Poutine, le 22 février 2022, elle est reléguée à la 111e place avec un score de 4.080.
La Russie, pourtant lessivée par les conflits, tant en Ukraine, que dans le Caucase, en mer noire, auxquels s’ajoutent la débâcle de la Syrie, les sanctions économiques imposées par les Occidentaux, trône pourtant à la 66e place sur 147, devant Chypre et la Chine.
Malgré la guerre en Ukraine, la Pologne et les autres pays proches de la zone de conflit ne perdent pas de place dans le classement du World Happiness Report, et, étonnamment, augmentent parfois leurs scores.
C’est le cas, par exemple, de la Pologne qui était 30e en 2023 et 43e en 2024, et qui cette année atteint le 26e rang mondial.
Depuis plus de trois ans et demi de guerre, les Polonais ont su conserver leur bonheur et leur optimisme malgré des actions de sabotages, dans le cadre de la guerre hybride que mène la Russie contre la Pologne, ou des incursions de drones russes dans son espace aérien.
De façon similaire, la Lituanie montre elle aussi une forme de résilience face à la guerre déclenchée par la Russie. Elle était classée 25e en 2023 et se hisse cette année à la 16e place.
Cependant, si nous prenons en compte une autre variable, comme la perception de la corruption au sein du gouvernement et du secteur privé, le classement se retrouve changé.
Ainsi, la Tchéquie se retrouve au 1er rang, la Slovénie au 2e, la Lituanie au 3e, les États-Unis au 4e, la Pologne au 5e, la France en 6e, l’Allemagne en 7e, et la Finlande en dernière position, paradoxalement à sa première place dans le cas de l’échelle de Cantril.
Classement des 35 premiers pays au classement du World Happiness Report
- Finlande 7.736
- Danemark 7.521
- Islande 7.515
- Suède 7.345
- Pays-Bas 7.306
- Costa Rica 7.274
- Norvège 7.262
- Israël 7.234
- Luxembourg 7,122
- Mexique 6.979
- Australie 6.974
- Nouvelle-Zélande 6.952
- Suisse 6.935
- Belgique 6.910
- Irlande 6.889
- Lituanie 6.829
- Autriche 6.810
- Canada 6.803
- Slovénie 6.792
- Tchéquie 6.775
- Émirats Arabes Unis 6.759
- Allemagne 6.753
- Royaume-Uni 6.728
- États-Unis 6.724
- Bélize 6.711
- Pologne 6.673
- Taiwan 6.669
- Uruguay 6.661
- Kosovo 6.659
- Koweit 6.629
- Serbie 6.606
- Arabie Saoudite 6.600
- France 6.593
- Singapour 6.565
- Roumanie 6.563
Un article de Bénédicte Mezeix-Rytwiński et Ethan Sebban
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