Édition internationale
Radio les français dans le monde
--:--
--:--

Trophées Maroc : les 4 finalistes du Trophée Culture Art de Vivre 2025

Avant que les lauréats ne soient dévoilés lors de la cérémonie le 23 janvier prochain à la Résidence de France, découvrez les profils exceptionnels des 4 finalistes du Trophée Culture Art de Vivre des Trophées des Français du Maroc, parrainé par lepetitjournal.com.

Trophées Maroc : les 4 finalistes du Trophée Culture Art de Vivre 2025Trophées Maroc : les 4 finalistes du Trophée Culture Art de Vivre 2025
Écrit par Lepetitjournal Casablanca
Publié le 30 décembre 2024, mis à jour le 14 janvier 2025

 

Flo Arnold, artiste plasticienne (Casablanca)

 

Flo Arnold, artiste plasticienne (Casablanca)

Flo Arnold a commencé son parcours à l’étranger dès sa naissance à Schirmeck, en Alsace. À l'âge d'un mois, sa famille a pris la direction de la Côte d'Ivoire, s'installant à San Pedro. "Ces premières années, passées au bord de l'océan Atlantique, ont bercé mon enfance jusqu'à l'âge de trois ans," se souvient-elle, évoquant son émerveillement pour l'exotisme et la découverte.

Par la suite, ils ont déménagé près de Douala, au Cameroun, où ils ont vécu dans la brousse, sur une base vie. Son père, impliqué dans la construction du barrage de Song LouLou, a contribué à l'immersion de Flo dans un environnement unique de six à dix ans. Cela a renforcé son sens d’appartenance à des cultures diverses, lui permettant de "comprendre les réalités de la vie en communauté."

À l'âge de onze ans, la famille a déménagé en Algérie, s'établissant à Bordj-el-kiffan. "Ces années entre 11 et 13 ans m'ont offert une immersion dans une culture différente," témoigne-t-elle, enrichissant ainsi sa vision du monde. L’adolescence de Flo a également été marquée par un retour significatif au Cameroun, à Douala, de 14 à 16 ans, lui permettant de renouer avec ses racines africaines.

À dix-sept ans, sa quête académique l’a menée à Casablanca, au Maroc, où elle a préparé son baccalauréat. "Ce passage a été déterminant pour ma maturité et mes aspirations futures," affirme-t-elle. Ensuite, à 20 ans, Flo a poursuivi ses études en arts à Londres, cultivant sa passion créative dans un environnement artistique dynamique.

Après ses études, elle a ouvert un nouveau chapitre à San Francisco, aux États-Unis, où elle a vécu entre 27 et 30 ans. "Cette période a été marquée par l'innovation et la diversité culturelle," se remémore-t-elle. Depuis 2002, Flo a choisi de s’établir à nouveau à Casablanca, où elle poursuit sa carrière en tant que plasticienne. "Mon parcours international a profondément façonné mon art et ma vision du monde," dit-elle, tout en continuant d'explorer les interstices entre les cultures qui nourrissent son identité.

Actuellement, sa sculpture "Mermaid's Song" est exposée à Amsterdam dans le cadre de l’Amsterdam Light Festival. Elle est visible sur les canaux de la ville jusqu'au 19 janvier 2025. "Cette œuvre a été réalisée dans mon atelier à Casablanca, et sa conception jusqu'à sa fabrication a nécessité une année de travail passionné," précise Flo, soulignant l'importance de ce projet dans son parcours artistique.

De plus, elle est ravie d'annoncer une nouvelle collaboration avec la galerie African Arty de Casablanca, qui a pour objectif de promouvoir l'art marocain à l'international. "Cette collaboration est une belle opportunité de partager ma vision et d'encourager l'appréciation de l'art marocain à l'échelle mondiale," déclare-t-elle.

Flo décrit son expérience comme exceptionnelle, relevant que "mon parcours, loin d’être habituel, représente une mosaïque de moments et d’opportunités." Elle exprime sa gratitude envers ses parents, reconnaissant le rôle clé de son père dans l'amélioration des conditions de vie en Afrique, en apportant l’eau et l’électricité. Cela l’a inspirée à suivre sa propre voie artistique. "Je continue à porter cet héritage avec fierté," explique Flo, en intégrant dans son art les leçons de vie qu'elle a apprises et les valeurs qu'elle a intégrées.

Sa plus grande fierté réside dans la reconnaissance de ses pairs artistes marocains. "Faire partie intégrante du paysage artistique marocain et voir mes œuvres jusqu’au Palais Royal est une véritable victoire pour moi," souligne-t-elle. Pour Flo, l’art est un vecteur puissant de dialogue et de partage, capable de transcender les frontières. Elle conclut en affirmant que son voyage en Afrique est "un fondement sur lequel je bâtis ma créativité et ma vocation artistique, toujours en quête d'unité dans notre diversité mondiale."

 

Younes Boumehdi, Fondateur de Hit Radio et président de la fondation HIBA (Rabat)


 

Younes Boumehdi, Fondateur de Hit Radio et président de la fondation HIBA (Rabat)

Younes Boumehdi, à la tête de Hit Radio, première radio privée d'Afrique, a su surmonter de nombreux obstacles pour réaliser son rêve de promouvoir la culture. L’entrepreneur franco-marocain affirme que « le rayonnement du Maroc doit également passer par le développement culturel ».

Son projet a émergé d'une quête de liberté, née de sa frustration adolescente de ne pas avoir accès à la musique de sa génération. En grandissant à Rabat dans les années 90, Younes n’avait pas la possibilité d'écouter les radios espagnoles. En découvrant les radios libres à Paris, il se jure de lancer une radio privée au Maroc. En 1993, il fait sa première demande de licence, mais doit attendre 13 ans avant d’obtenir enfin l’autorisation de diffuser en 2006 : « Le Roi Mohamed VI est arrivé au pouvoir en 1999 et a décidé de mettre fin au monopole de l’Etat avec la mise en place de réformes. »

Dès ses débuts, Hit Radio s’adresse aux jeunes de 16 à 25 ans, diffusant une musique urbaine, pop et hip-hop, mêlant titres internationaux et artistes marocains. Younes souhaite « mettre en avant des artistes marocains underground pour aider à les populariser » et démocratiser l'accès à la musique : « Le Maroc a vécu plusieurs déchirements. Il est essentiel pour moi de valoriser la culture marocaine moderne. »

La radio, qui a rapidement gagné en popularité, s’internationalise en 2012 et est maintenant présente dans 12 pays d'Afrique. « J’avais une certaine conviction qu’un jeune de Johannesburg, de Casablanca, ou même de Stockholm, a les mêmes aspirations et les mêmes problématiques », estime le Franco-Marocain. Bien qu'elle ait aussi essayé de s’implanter en Europe, Hit Radio conserve une empreinte africaine, intégrant le darija dans ses journaux, ce qui a « créé des polémiques au début ». Hit Radio propose également des contenus en amazigh et en hassani. L’objectif de Younes est « de donner la parole aux auditeurs sans censure, de faire un pont entre la jeunesse et le reste de la société et de révéler les talents ». Depuis 2006, de nombreux artistes marocains et africains ont vu leur carrière propulsée grâce à la station.

Aujourd’hui, Hit Radio compte plus de 30 millions d’auditeurs, que ce soit via ses fréquences, applications ou podcasts. Younes, avec des ambitions de développement culturel, souligne que « cela représente un potentiel d’emploi et de création de richesses extrêmement important », particulièrement pour le Maroc, qui jouit d'une position stratégique et d'une diaspora au fort pouvoir d’achat.

Il est également président de la Fondation HIBA, créée en 2006 sous l’initiative du Roi Mohammed VI. Cette fondation, à but non lucratif, promeut l’art sous toutes ses formes, soutenant la création et les jeunes talents de la scène marocaine contemporaine. Elle dispose de diverses infrastructures, dont un centre de documentation et un studio d’enregistrement. Younes défend aussi l’indépendance des médias. En tant que co-fondateur de l’ARTI, une association de radios et télévisions indépendantes, il souligne que « l’indépendance des médias est une problématique qui ne concerne pas que l’Afrique ».

Son parcours, marqué par des frustrations passées, inspire désormais fierté et espoir pour les jeunes générations. Pour lui, « le Maroc peut croire en sa culture. Ce secteur est un vecteur d’avenir », offrant une véritable ouverture d’esprit et de tolérance.


 

Hervé Chourreau, fondateur de l’Ecole Française de Théâtre (Casablanca)


 

Hervé Chourreau, fondateur de l’Ecole Française de Théâtre (Casablanca)

Hervé Chourreau est un Français vivant à Casablanca, célèbre pour son accent qui rappelle le Sud de la France. En 2004, il a débuté son parcours au Maroc en tant que consultant formateur pour AS Conseil, lors de la fusion des groupes bancaires Wafa Bank et BCM, qui a donné naissance au groupe Atijari. En 2010, il décide de s’installer durablement à Casablanca, où il gère la société CDPP.

L’Ecole Française de Théâtre (EFT), qu'il fonde en 2012, témoigne de son engagement passionné envers l'art théâtral et l'éducation culturelle. "Je suis arrivé au Maroc pour la première fois en vacances, où j'ai fait connaissance avec des Français participant à des affaires, notamment avec la Attijariwafa bank," explique-t-il. Après plusieurs années de formations ponctuelles, la nécessité de concilier ses activités professionnelles en France et au Maroc l'incite à s'installer définitivement au Maroc.

Hervé souligne que l'EFT est un espace unique où petits et grands, quelles que soient leurs origines ou classes sociales, se retrouvent autour d'une passion commune : le théâtre. "Nous parlons 100% français dans cette école. L'objectif est aussi de permettre à mes élèves de perfectionner leur maîtrise de la langue française," précise-t-il. Ce travail linguistique, où il corrige les fautes de grammaire, conjugaison et syntaxe, est souvent la première motivation des élèves à rejoindre l’EFT.

L'école émerge d'une collaboration fructueuse avec la Cité des artistes, où il donnait des cours de théâtre : "Ça a super bien marché. L'école qui comptait 20 élèves, quand je suis parti, il y en avait 120." Suite à des désaccords, il est encouragé par les parents d'élèves et ses amis à ouvrir sa propre école, attirant avec succès les enfants qu'il avait formés.

L’un des objectifs majeurs de l'EFT est de rendre le théâtre accessible à la classe moyenne marocaine. "J'ai mis volontairement des tarifs relativement bas. Ici, tout ce qui est artistique est élitiste. Je veux donner l'accès aux enfants de toutes classes sociales,” affirme Hervé. Dans son école, on trouve des élèves de la mission francophone ainsi que ceux ayant des difficultés en français : "Contrairement à ce que l'on pense, il n'y a pas de moqueries entre eux. Ils s'entraident et apprennent des uns des autres. Ça crée des liens et de la solidarité."

Hervé Chourreau est particulièrement fier d'avoir permis à plus de 500 élèves de tous âges d'explorer le théâtre, un art intemporel et toujours d'actualité. La troupe de l'EFT se produit sur de nombreuses scènes à Casablanca, Rabat et Marrakech, avec des représentations de pièces d'auteurs contemporains français. Parmi les succès notables figurent "A fond la caisse" de Franck Didier (2018, 4 représentations, 1000 spectateurs), "Les belles sœurs" d'Éric Assous (2022, 6 représentations, 1800 spectateurs) et "Un grand cri d'amour" de Josiane Balasko (2023, 5 représentations, 1100 spectateurs).

Actuellement, la troupe vit une expérience unique avec "Mon ami Icare," une création de Grégoire Chaste, un expatrié français installé au Maroc depuis 10 ans. Ce projet réunit des artistes français et marocains, avec les premières représentations ayant eu lieu à l'Institut Français de Casablanca et au théâtre du CAFC. Hervé espère poursuivre cette tournée dans d'autres Instituts Français à travers le Maroc, notamment à Rabat, Kénitra, Essaouira, Agadir, Meknès et Fès.

Ainsi, Hervé Chourreau, par son engagement à rendre le théâtre et la langue française accessibles, contribue de manière significative à la culture marocaine tout en tissant des liens de solidarité et d'apprentissage entre ses élèves. Son parcours est un bel exemple de la manière dont l'art peut servir d'outil d'intégration et d'épanouissement personnel.

 

Pascal Jousse, professeur et créateur de Brèves de Classe (Casablanca)


 

Pascal Jousse, professeur et créateur de Brèves de Classe (Casablanca)


Pascal Jousse a débuté son parcours professionnel en 1997 en tant que professeur des écoles dans une institution française à Casablanca, au Maroc. Avec un rôle de maître-formateur, il a eu l'opportunité de former de nombreux enseignants, tant français que marocains, à la fois dans le domaine de la pédagogie et dans l'art théâtral. Il souligne son engagement : « Je suis arrivé au Maroc, en 1997, comme professeur des écoles... J'ai travaillé 8 ans avec Alain Bentolila sur l'enseignement de la lecture au Maroc. »

Pascal a également collaboré avec l’Institut Français de Casablanca, où il a conçu et animé le grand prix des jeunes lecteurs, récompensant chaque année un auteur de littérature jeunesse marocaine. En parallèle, il a fondé la compagnie du 1er degré en partenariat avec la Fédération des Œuvres Laïques (FOL) de Casablanca, où il a monté de nombreuses pièces pour enfants et adultes.

Depuis sa retraite en 2014, il continue de former des professeurs de français marocains. Sa carrière a pris un tournant en 2006 lorsqu'il rencontre Hassan el Fad, une figure emblématique du comique marocain, ce qui lui ouvre les portes de la télévision et du cinéma en tant que scénariste. « J’ai alors enchaîné l’écriture de séries à succès diffusées notamment pendant le Ramadan », dit-il. L'une de ses œuvres phares, « Okba Lik », produite par Disconnected, a participé à sa reconnaissance à l'international, au point qu'il a aussi collaboré avec des réalisateurs algériens et tunisiens.

En plus d'écrire des séries, Pascal a imaginé deux longs métrages : « Des espoirs », primé au festival du film national de Tanger, et « Take my Breath », qui représentera la Tunisie aux Oscars 2025. En 2011, il a intégré son expérience d'enseignant et de scénariste pour réaliser un court métrage avec ses élèves à l'école Molière : « Cap ou pas cap ? », qui a connu un immense succès avec 6 millions de vues sur YouTube. Ce succès a été suivi par d'autres courts métrages, tels que « Scènes de classe » et « Brèves de classe », accumulant respectivement 15 millions et 6 millions de vues.

Fort de cette expérience, Pascal a décidé de créer une chaîne YouTube destinée à permettre à des élèves d'écoles marocaines et françaises d'écrire et réaliser une web série. Ainsi, « Scènes de classe, la web série » a vu le jour, totalisant à ce jour 52 épisodes. Deux autres webséries ont également été produits, « Brèves de Classe » et « L’école, c’est pas du gâteau », qui s'est moqué avec humour des expressions françaises. Le résultat a été sans précédent, avec 120 millions de spectateurs et 235 000 abonnés sur sa chaîne.

Pascal exprime sa fierté quant à sa capacité à lier l'art et la pédagogie, soulignant : « Arriver à lier art et pédagogie, faire écrire des élèves d’écoles primaires... c’est un pari un peu fou que j’ai réussi. » Il se montre convaincu que les contenus qu'il propose inculquent des valeurs essentielles telles que le respect, l’amitié, et la solidarité aux jeunes francophones à travers le monde. En résultats, il clôt son parcours en reconnaissant l'impact de son travail : « Je ne peux qu’être fier de contribuer à inculquer ces notions et ces valeurs aux millions d’enfants francophones. »

La chaîne YouTube "Brèves de Classe" a été créée pour permettre à tous d'accéder à ces projets innovants : Chaîne YouTube Brèves de Classe. À l'heure actuelle, l'engagement de Pascal Jousse dans l'éducation et le divertissement continue d'inspirer de nouvelles générations d'élèves et de spectateurs.

Pensez aussi à découvrir nos autres éditions