Marie-Cécile Le Luec est directrice déléguée de l’Institut français de Rabat et de Kénitra, deux Instituts avec « leurs propres lignes et identités ». Alors que sa mission est sur le point de s’achever, celle qui a pu parcourir le monde hispanophone revient sur cette découverte marocaine : « Nous avons cette chance d’avoir un très beau réseau et des équipes formidables ». Avec ses cours de langue mais aussi sa riche programmation culturelle, la francophonie au Maroc semble à l’image de la thématique de cette saison : « vivante ».
Pouvez-vous nous parler de votre parcours avant d’arriver en poste à Rabat ?
Je suis dans le réseau depuis plus d’une vingtaine d'années maintenant. J'ai commencé ma carrière en Hongrie puis en Argentine, avant d’aller au Mexique, en Espagne et aujourd'hui au Maroc. Ces missions à l’international ont été entrecoupées de séjours en France, à Paris, notamment à la Fondation Alliance Française et au ministère de l’Europe et des Affaires étrangères. Je termine cette mission au Maroc avec cette quatrième année en tant que directrice de l'antenne de Rabat et de Kénitra. Ces Instituts français font partie d’un réseau de douze antennes réparties dans tout le Maroc.
Comment sont organisés les différents Instituts Français au Maroc ?
Nous travaillons en lien avec la direction générale de l'Institut français du Maroc présente à Rabat. Nous nous réunissons plusieurs fois par an avec l'ensemble des directeurs et les équipes pour proposer nos projets et construire une programmation commune autour d'une saison culturelle. Le réseau des Instituts français au Maroc est l’un des plus importants au monde, nous avons cette chance d'être présents sur l'ensemble du territoire. Nous travaillons ensemble avec toutes les antennes du réseau et privilégions la collaboration avec les artistes et auteurs marocains.
Nous avons une programmation commune à travers notre saison culturelle, dont la thématique est cette année "Le Vivant". Mais il y a également des programmes adaptés au contexte de nos Instituts. Kenitra reçoit des publics différents, avec une population un peu moins francophone qu'à Rabat et des manifestations davantage tournées vers les arts de la rue, les spectacles vivants ou encore le cinéma. Kénitra et Rabat ont donc leurs propres lignes et identités.
Quels sont les grands évènements prévus pour cette saison consacrée au vivant ?
Nous avons beaucoup d'événements, que ce soient des expositions, du spectacle vivant, des cycles de cinéma ou encore des rencontres avec des auteurs. Tous ont en commun cette thématique du vivant et de l’environnement. Nous allons parler en particulier de l’eau qui est un vrai sujet au Maroc. Nous avons également des temps forts qui reviennent régulièrement dans l’année. Nous venons d’ailleurs de terminer la 10ème édition des “Rendez-vous de la philosophie”, réunissant une quarantaine de philosophes qui ont échangé sur l’universel. Nous avons aussi accueilli durant ce mois de novembre 2024 une programmation très riche autour de l’événement “Novembre numérique”, mettant en avant les cultures numériques. Le mois de mai 2025 est consacré au développement durable, “Demain dès Aujourd'hui” est un événement qui valorise les initiatives écocitoyennes. Nous accueillerons également le Festival de Littérature Jeunesse : la Cigogne volubile. En ce qui concerne le cinéma, hormis notre programmation mensuelle locale, des projections auront également lieu localement dans le cadre du Festival international du cinéma d’animation (FICAM), porté par la ville de Meknès. Nous avons également la chance dans le cadre de notre programmation à Rabat de recevoir le Salon international de l’édition et du livre, avec la venue d’auteurs français ou francophones.
Comment définiriez-vous le public de l’Institut français ?
Notre public est très varié, toutes les catégories d’âge sont représentées, enfants, jeunes et adultes. Nous adaptons notre programmation aux attentes de nos différents publics et nos antennes sont ouvertes à tous. Rabat est une ville très riche culturellement. Kénitra a la particularité d’être une grande ville estudiantine et notre public y est donc très jeune.
Comment voyez-vous l’intérêt pour la francophonie au Maroc ?
Les Marocains, peu importe leur couche sociale, ont toujours un intérêt pour la francophonie, même si bien évidemment ils étudient en parallèle l’anglais ou encore l’espagnol. Le public de nos cours de langue est majoritairement jeune, de même que nos certifications, tournées vers les jeunes adultes. Le français est une langue d’opportunité d’emploi et d’ouverture internationale, c’est aussi une langue particulièrement accessible au Maroc, c’est pourquoi de nombreux jeunes font cet investissement, de même que des parents pour leurs enfants. Il y a d’ailleurs beaucoup d’enfants dans nos cours.
Notre programmation culturelle vient appuyer notre offre pédagogique. Nous échangeons énormément avec notre public et nos partenaires pour leur faire découvrir de nouvelles choses. Rabat et Kénitra ne sont ni Casablanca ni Marrakech. Chaque ville a son identité, ses partenaires et sa manière de fonctionner. Les attentes y sont différentes.
Les habitants de Rabat sont des personnes extraordinaires, d’une amabilité et d’une gentillesse extrêmes
Alors que vous finissez votre mission dans quelques mois, quel est votre plus beau souvenir de ce passage à Rabat ?
J’ai eu la chance d’avoir des postes absolument formidables, que ce soit à Mendoza en Argentine, à Mérida au Mexique ou encore à Valence en Espagne. Rabat est une destination que j’ai choisie et mon plus beau souvenir restera les rencontres que j’ai pu y faire. Les habitants de Rabat sont des personnes extraordinaires, d’une amabilité et d’une gentillesse extrêmes. Cela m’a beaucoup touchée. J’ai pu en faire l’expérience à Rabat mais également dans tout le Maroc. J’ai eu le plaisir de parcourir le pays et le contact a toujours été facile, même si je n’ai pas eu l’occasion de me mettre au darija. Le contact humain est formidable.
Rabat est magnifique et complètement différente du reste du Maroc. C’est une ville très agréable où il y a beaucoup de choses à faire. Elle est également facile pour les familles. Rabat est une capitale étonnante avec des coins absolument magnifiques. J’encourage vos lecteurs à venir la visiter.