À Rome, tout est prétexte pour un café. Pour en prendre un au comptoir, pour en faire une affaire, pour réinvestir des lieux historiques ou caractéristiques de la vie des quartiers, ou tout simplement une entreprise touristique. Découvrez trois lieux cultes pour déguster un café.
Antico Caffè Greco : 250 ans d’histoire
En 1760, la via dei Condotti voit s’ériger l’Antico Caffè Greco, il est maintenant le deuxième plus ancien bar d’Italie (après le Caffè Florian à Venise). L’on doit sa fondation à Nicola della Maddalena, au fil des siècles, les figures intellectuelles s’y sont succédées : Anderson, Casanova, Stendhal, Wells, Twain, Keats, Shelley, Goethe, Gogol, pour ne citer qu’eux. Si vous aussi, littérateur ou non, vous recherchez à vous imprégner de l’histoire du lieu et vous asseoir sur les banquettes où d’illustres personnages vous auront précédés, sachez que les prix du Caffè Greco ne sont pas bon marché, peut-être est-ce alors plus sage de s’attabler au comptoir pour néanmoins, plus chichement, admirer ce cadre mythique.
Babingtons Tea Room : l’âge victorien
Le Babingtons Tea Room a ouvert ses portes en 1893 via dei Due Macelli, sous l’impulsion de deux anglaises, Isabel Cargill et Anne-Marie Babington, qui souhaitaient alors accueillir les nombreux touristes anglophones qui déambulaient dans la cité éternelle, leur offrant notamment la lecture de journaux anglais. La grande affluence de la première année a permis aux deux femmes de déplacer leur salon de thé sur la Piazza di Spagna, au pied des marches. Visionnaires, les deux femmes évoquent la réussite inconditionnelle du modèle italien à l’origine du tourisme mondial. Après avoir survécu aux deux guerres du 20ème siècle, le Babingtons Tea Room est devenu un véritable lieu d’institution romaine et touristique ; on y vient acheter du thé, prendre un goûter ou encore déjeuner entre deux visites. Les actuels propriétaires sont les arrière-petits-enfants d’Isabel Cargill.
Cafe Canova Tadolini : l’atelier d’artiste
La cité éternelle regorge de lieux insolites, à l’image de l’atelier de l’artiste Antonio Canova et de son élève Adamo Tadolini, transformé en bar restaurant. Si l’on prend le temps de déguster un café, on ne peut qu’être ébloui par la splendeur des « ébauches » qui ornent ce lieu, d’ailleurs, certains de ces moulages sont inachevés. En effet, on y découvre de manière très chaleureuse le travail d’un sculpteur, ses centres d’intérêts, son atelier, et donc les travaux préparatoires que constitue les moulages en plâtre. On y retrouve un mélange d’ordre et de désordre qui ne peut laisser indifférent, que l’on soit féru ou non d’art.
Considéré comme le plus grand sculpteur du néoclassicisme italien, Antonio Canova prend possession de cet atelier en 1818, pour le laisser par la suite à son élève favori, Adamo Tasolini, qui l’a lui-même offert à ses descendants, sur quatre générations, jusqu’en 1967. On remarquera que le lieu est de toute apparence resté le même durant plusieurs générations, comme un signe de la perpétuation à l’italienne d’un art qui depuis la renaissance se décline de maîtres en apprentis.