

L'identité juive a changé au cours des siècles. La seconde guerre mondiale semble marquer un tournant dans cette conception. Pourtant, qu'en est-il ? Mireille Hadas-Lebel, historienne du judaïsme ancien, sera au Centre Saint Louis de France ce soir pour proposer sa vision du judaïsme contemporain. Rencontre
Rome a-t-elle joué une place importante dans l'histoire juive ?
Elle a joué une place capitale. La Rome antique a déterminé le destin du judaïsme jusqu'à nos jours. Quand Rome s'est étendue vers l'orient, elle a soulevé beaucoup de révoltes. La première guerre entre 66 et 73 a notamment vu la destruction du temple de Jérusalem. En écrasant les révoltes, les Romains ont mis fin aux espoirs d'indépendance de la Judée et ont détruit les communautés les plus florissantes. Elle a mis fin d'une certaine façon à l'expansion du judaïsme.
Mireille Hadas-Lebel est historienne et professeur à la Sorbonne. (photo Mireille Hadas-Lebel)
Observe-t-on aujourd'hui un délitement de l'identité juif ?
L'identité juive est surtout multiple. Or, on pense que ce phénomène est récent. Il n'en est rien. Déjà dans l'antiquité, il y avait également une très grande variété de courants et de grandes différences entre les pays. La dualité entre Israël et la diaspora existait. A l'époque le mot "Juif"était d'ores et déjà polysémique. Il pouvait désigner un habitant de Judée ou un pratiquant du judaïsme.
Peut-on dissocier identité juive et religion ?
Beaucoup de gens le font. Quand on leur demande ce que s'est qu'être juif, ils peuvent se revendiquer athée ou non pratiquant. Certains se disent juifs par fidélité historique. Dans ce cas, cette identité est assez creuse : ils ne savent pas expliquer ce que ça représente pour eux. L'identité juive est très complexe. Elle peut se traduire par l'observance totale ou partielle de la Loi mais également se concevoir comme une transmission d'une culture.
La culture juive est-elle encore beaucoup ancrée dans la tradition ?
La vie familiale est imprégnée par le judaïsme. La loi hébraïque impose des règles alimentaires, la pratique de la circoncision, l'observance du Shabbat. Par contre, dans le judaïsme, la fréquentation de la synagogue n'est pas impérative. Une personne peut également ne pas respecter ces règles et se dire juive. Elle pourra par exemple donner comme explication qu'elle transmet l'hébreu à ses enfants. On peut néanmoins s'interroger sur ce type de judaïsme tiède. Pourront-ils transmettre quelque chose de vacillant chez eux ?
Propos recueillis par Sara Fredaigue (www.lepetitjournal.com - Rome) lundi 3 novembre 2008
Lundi 3 novembre, au centre Culturel Saint Louis de France, à 18h, conférence en français de Mireille Hadas Lebel, professeur à l'université La Sorbonne Paris et historienne sur le thème "Etre juif aujourd'hui". www.saintlouisdefrance.it

































