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LE MUSÉE DU LOUVRE... À ROME! – Visite de la librairie-galerie d'art de Giuseppe Casetti

Écrit par Lepetitjournal Rome
Publié le 16 août 2016, mis à jour le 16 août 2016

 

Au milieu du quartier juif de Rome, le ghetto, dans la rue étroite della Reginella, à deux pas de la Fontaine des Tortues du Bernin se trouve la librairie-galerie d'art de Giuseppe Casetti. A la fois artiste et galeriste, Giuseppe expose des grands noms de la photographie tels que Francesca Woodman et réalise ses propres ?uvres, les « photos trouvées » (en français dans le texte). Entre livres anciens, photographies et sculptures, sa galerie est un vrai cabinet de curiosités à laquelle il préfère l'expression allemande « Wunderkammer ». Rencontre. 

« I'M A REAL ARTIST » clame la vitrine de la galerie d'art Il Museo del Louvre. Intrigué le flâneur s'attarde devant la grande fenêtre qui donne sur la galerie : livres anciens, livres d'art, de sciences ou ésotériques côtoient des jouets d'enfants, un mannequin, le moulage d'une oreille, une main en plastique vaguement inquiétante. Pas de prix. Rien n'est à vendre, la vitrine est une ?uvre d'art de Giuseppe Casetti. Pas touche.

L'intérieur de la galerie correspond à la promesse augurée par sa vitrine. Des livres par centaines dans les rayons et des photographies petites et grandes, le plus souvent en noir et blanc, tapissent quasi intégralement les murs blancs de la galerie. En ce moment, il s'agit surtout de prises de vue de l'écrivain Paolo di Paolo qui publia de nombreuses photos dans la revue hebdomadaire Il Mondo entre 1954 à 1966. On y croise le regard de Pier Paolo Pasolini, les chiens d'Anna Magnani, la Princesse Grace de Monaco comme une vendeuse de poupées ou des baigneurs à Naples.

Pier Paolo Pasolini photographié sur le Monte dei Cocci, dans le quartier de Testaccio à Rome. 

L'image prise par Paolo di Paolo fait partie de l'unique reportage photographique auquel Pasolini a accepté de se plier

 

Une grande table trône au milieu de la galerie sur laquelle s'étalent d'autres trouvailles de Giuseppe : des formes de chaussures prénommées « Simone Weil », un métronome dont le balancier est affublé d'un ?il qui vous fixe et d'autres breloques qui semblent avoir pris vie. Tout au bout de la galerie se trouve une antichambre où l'on y trouve rassemblés des livres anciens en français, essentiellement des recueils de poèmes. Casetti est un francophile. En 1983, il a traduit et publié en italien le texte d'Antonin Artaud, Van Gogh, le suicidé de la société. Des nus tapissent les murs, pudiquement affichés dans l'arrière-boutique. Et finalement, tout au bout de la galerie apparaît un bureau derrière lequel est assis Giuseppe. Derrière ses lunettes se cache un regard espiègle qui scrute avec attention des milliers de photographies « trouvées ».

 

Giuseppe Casetti nel museo del louvre, Roma, photographie de Gerald Bruneau

 

« Un photographe qui n'utilise pas d'appareil photo » 

Daguerréotypes du XIXème siècle, polaroids des années 1970', photomatons, photos ratées, floues, déchirées ou perdues, Giuseppe Casetti passe en revue toutes les photos prises par des amateurs, des non-artistes qui lui tombent sous la main. Brocantes, marchés des vieux-papiers, antiquaires, il se nourrit de ces photos qu'il sélectionne et à qui il offre une seconde vie, une vie d'artiste. Illustres inconnus pris en photo qui deviennent célèbres. A qui Giuseppe confère le statut d'oeuvre d'art. Celui-ci se présente comme un « photographe qui n'utilise pas d'appareil photo ». Les classifications de notre galeriste sont farfelues et impressionnantes. On peut penser à son album « saut » qui recueille plus de 3 000 instantanés d'hommes et de femmes bondissants ou encore à son album « sans tête » qui recueille 1 500 portraits ratés, où un cadrage malheureux aurait ôté la tête du modèle. Il y a quelque chose de fascinant à parcourir ces centaines de photographies amateurs classées et choisies avec soin par Casetti qui nous livre ainsi une chronologie, un déroulement accéléré de nos sociétés occidentales depuis l'invention de la photographie.

 

 

 

 

 

 

 

 

 (trois photos trouvées de la collection "saut" de Giuseppe Casetti)

 

L'oeil de Lynx de Casetti ne se résume pas aux photographies amateurs, il sait aussi repérer les artistes, les vrais. Il raconte ainsi comment en 1978, dans sa première librairie-galerie d'art appelée Maldoror en hommage à l'écrivain français Lautréamont, se présente une toute jeune photographe de 20 ans, l'Américaine Francesca Woodman, à qui il permet d'exposer pour la toute première fois. La galerie d'art de Casetti change plusieurs fois d'endroits depuis les années soixante-dix mais comme un phénix, renaît toujours de ses cendres. Désormais bien installée au 8 de la Via della Reginella depuis janvier 2015, Casetti continue d'organiser des expositions, qui trouvent leur place au premier étage de sa galerie. Quant à ses propres « photos trouvées », elles vont voyager. En plus d'être exposées dans sa propre galerie Il Museo del Louvre, elles seront présentées dans les galeries parisiennes Lumière des Roses et Images&Portraits à l'automne. Et malgré sa collection impressionnante, pléthorique, Giuseppe continuera d'accumuler et de fouiller car « l'image » parfaite et ultime il en est « sûr », elle « existe ».  

Un des ouvrages édité par Giuseppe Casetti sur l'oeuvre de Francesca Woodman

 

IL MUSEO DEL LOUVRE

Librairie-galerie d'art de Giuseppe Casetti

Via della Regina, 8

00186 ROMA

Ouvert du lundi au samedi de 10h30 à 19h00

http://www.ilmuseodellouvre.com/

 

Louise Cognard (Lepetitjournal.com de Rome) - Mercredi 18 août 2016

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Publié le 16 août 2016, mis à jour le 16 août 2016

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