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10 livres à lire pour découvrir Rome, éternelle et paradoxale

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Écrit par Olivia Audin
Publié le 26 mars 2019, mis à jour le 26 mars 2019

Rome est une source d’inspiration intarissable pour la plume des auteurs du monde entier.

Fantasmée, magnifiée, démystifiée, la voici qui s’offre aux lecteurs, de dix manières.

  1. La modification de Michel Butor (1957)

Ce livre à l’étonnante structure se déroule en grande partie entre Rome et Paris, dans le train de nuit reliant les deux villes. Cette modification qu’évoque le titre, c’est celle, anodine au départ, du personnage qui décide, contrairement à son habitude, de voyager en troisième classe afin de surprendre à Rome la maîtresse qui l’y attend, et à qui il souhaite annoncer son intention de quitter sa femme pour commencer une nouvelle vie à Paris. Mais ce léger changement, le voyage en troisième classe, va entraîner une autre manière de percevoir sa maîtresse, devenue le visage de la ville italienne fantasmée. De qui le personnage est-il tombé amoureux ? De la femme ou de Rome ? C’est ce qu’il va découvrir lorsque le roman s’achève, comme le voyage, à la station Termini.

  1. Les ragazzi de Pier Paolo Pasolini (1955)

La violence de l’enfance des rues se révèle au lecteur dans ce roman à l’ancrage résolument romain, banlieusard, le tout dans une langue riche et argotique qui est à elle seule une expérience exotique. Il relate les aventures de divers ragazzi, adolescents des banlieues crasseuses de Rome dans les années d’après-guerre, qui vivotent tant bien que mal, grâce aux vols et aux combines diverses. Les ragazzi rêvent, malgré tout, et s’accrochent à l’espoir du meilleur, sans savoir quel bonheur pourrait leur être accessible. Entre désir de filles et de chaussures neuves, leur univers réduit met en lumière une partie de la Rome oubliée. Leur monde s’articule autour d’une langue particulière qui leur tient lieu de culture, et de lois non écrites qui leur servent de religion et de politique. Un livre sur les garçons qui prennent des chemins de traverse, donc, mais aussi sur le langage qui évoque toute la misère d’une époque.

  1. Romanzo criminale de Giancarlo De Cataldo (2002)

Ecrit par un juge et inspiré d’une histoire vraie, celle de la bande de la Magliana dans les années 70, le roman traite de la criminalité organisée qui sévissait à Rome à cette époque. Entre trafics, prostitution, jeux de hasard et lutte entre bandes rivales, c’est tout un pan de l’histoire criminelle romaine qui s’étale sur presque 600 pages. Il parcourt, du point de vue de la criminalité organisée, l'histoire des années de plomb de l'Italie, de 1977 à 1992, à partir de l'affaire de l'enlèvement d'Aldo Moro. Corruption, jalousie, courage, opportunisme, tout s’entremêle avec dextérité. Une plongée directe dans les eaux troubles de l’histoire romaine, récompensée en 2003 par le Prix Scerbanenko et en 2006 par le Prix du Polar Européen.

  1. La Storia d’Elsa Morante (1974)

Elsa Morante a vécu à Rome, et c’est une ville violente et en souffrance qu’elle dépeint dans La Storia. Elle y fait le portrait d’Ida Ramundo, veuve et juive, qui élève seule le rebelle Nino. Les premières années de la Seconde Guerre Mondiale vont être un tournant dans sa vie : du viol dont elle est victime, et dont l’auteur est un soldat allemand, va naître Useppe, le second fils d’Ida. Tout un monde de misère, un peuple des bas-fonds, s’étale sous nos yeux. Mais malgré les bombardements, l’insalubrité et la promiscuité, s’installent la solidarité et l’amour, seuls remparts à la souffrance.

  1. Promenades dans Rome de Stendhal (1829)

Ce carnet de voyage du célèbre auteur est un classique. La subjectivité de l’auteur qui parcourt les rues de la ville éternelle révèle sa fascination pour Rome et sa beauté mystérieuse. En chemin, il sème ses rêveries, ses observations sociologiques et des rappels historiques précis, comme autant de petits cailloux blancs que le lecteur peut ramasser. Une bonne entrée en matière, lorsque la ville nous est encore inconnue.

  1. Rome sous la pluie de Anthony Burgess (2004)

Le roman narre l’histoire d’un scénariste, veuf depuis peu, qui tente de reprendre goût à la vie, entre écriture d’un nouveau scénario et une liaison avec Paola, la jeune photographe romaine. La ville devient la source du printemps des cœurs, où renaissent les sentiments comme les arbres aux fleurs roses de Rome. Le talent de Burgess est tout aussi florissant.

  1. Autour des sept collines de Julien Gracq (1988)

« je n’ai jamais été à Rome », écrit Gracq. « Un jour ou l’autre me verra bien sur ses chemins, puisqu’il paraît que tous y mènent, mais qu’y trouverai-je ? ». Sa prémonition peu enthousiaste se réalise au printemps 1976. De ce voyage envisagé avec peu d’entrain naît un roman qui démystifie la  beauté convenue d’une Rome dont on attend trop de choses. Pas d’extase automatisée à la prononciation du nom de la ville italienne, pas de gloire dans ces pierres décaties. Et peut-être que ce point de vue permettra de révéler une beauté différente et non conventionnelle d’un lieu de carte postale.

  1. Nouvelles romaines d’Alberto Moravia (1954)

C’est dans l’Italie des années 50 que nous propulse ce charmant recueil de nouvelles. 36 récits courts et bien construits font le portrait d’une ville à travers celui de ses habitants. Le mari, le chauffeur de taxi, le coiffeur, le voleur se retrouvent tous pour donner des couleurs variées à une Rome qui se construit en creux. Moravia a la plume légère et le trait précis : ces nouvelles se dégustent comme une glace, rapidement et au soleil, pour célébrer les beaux jours.

  1. Magari d’Eric Valmir (2012)

« Quel mystère caches-tu derrière ce mot intraduisible en français ? Magari est une richesse de la langue italienne qui ne peut se traduire par un seul mot. C'est un sentiment d'incertitude, de désirs de rêves cachés, mais qui peut aussi porter en lui la négation et la résignation.» Voilà comment Eric Valmir résume, en un mot, l’ambiguïté de Rome et de ses habitants entre les années 1970 et 2000. Dans le roman, le petit Lorenzo voudrait bien aller jouer dehors, voir un match de la Roma, rêver, mais ses parents ont peur des attentats des Brigades Rouges, et leurs disputes noircissent le quotidien de l’enfant. Mais Lorenzo grandit, cherche du travail, s’engage politiquement, dans l’espoir de trouver un sens à sa vie. Magari…

  1.  Artemisia d’Alexandra Lapierre (1998)

Alexandra Lapierre aime les femmes d’exception. Et l’histoire d’Artemisia Gentileschi, dont le nom l’a heurtée un jour alors qu’elle visite, en touriste, une église de Rome, a bouleversé son quotidien. Pour partir à la recherche de la femme peintre à la vie romanesque, Lapierre s’installe à Rome et fouille, jour après jour, les archives secrètes du Vatican et autres registres jaunis par les siècles, dans l’espoir de reconstituer une vie hors norme qui aurait pu passer dans l’oubli. A travers cette destinée d’artiste, Lapierre brosse le portrait d’une Renaissance romaine qui peine à offrir la liberté à une femme trop talentueuse. Entre désir et art, soif d’autonomie et d’amour, Artemisia fait briller les couleurs d’une Rome flamboyante. Et le vernis d’Alexandra Lapierre fixe sur la toile sa splendeur.

 

Olivia KAJDAN AUDIN
Publié le 26 mars 2019, mis à jour le 26 mars 2019

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