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Les «formules de la mort»: une enquête macabre au coeur du Monteverde

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Écrit par Olivia Audin
Publié le 17 mars 2019, mis à jour le 18 mars 2019

François Morlupi, qui travaille au Lycée Chateaubriand à Rome, est un grand amateur de romans noirs, de « gialli », comme disent les Italiens. Mais parfois, la lecture sème des graines qui se transforment en forêt d’idées : c’est ce qui est arrivé à cet italo-français, qui passe aujourd’hui de l’autre côté du miroir et publie son premier roman, Formule mortali, aux Editions Croce.

Les critiques sont très bonnes : entre autres, la Bottega del Giallo apprécie l’expertise de l’écriture de ce roman et la finesse de l’histoire. Rome y est grandement dépeinte, dans toute son ambiguïté: de Monteverde à Testaccio, de Trastevere à Tiburtina naviguent en eaux troubles les personnages. Nous avons donc voulu rencontrer François Morlupi, afin d’en savoir plus sur l’auteur de ce premier succès.

Lepetitjournal.com/Rome: De quoi parle Formule Mortali ?

François Morlupi: C’est un roman policier, même s’il n’appartient pas au genre classique car il ne s’agit pas d’un roman d’investigations ou d’énigmes, typique des policiers anglais, ni d’un roman d’action ou d’un roman d’espionnage à l’américaine. C’est plutôt l’histoire d’une enquête, conduite par les membres d’un paisible commissariat de Monteverde à Rome.

L’histoire : en plein mois d’août, dans  le parc de Monteverde, pendant sa promenade habituelle un retraité découvre le cadavre mutilé et empalé d’un homme. Le commissaire Ansaldi hospitalisé, se précipite sur le lieu du crime avec son lieutenant Loy : horrifiés, ils découvrent la plus célèbre formule d’Einstein, E= mc2, formée par les doigts amputés de la victime, qui n’est autre qu’un professeur de physique de l’Université de Rome.

Comment vous est venue l’envie de passer de la lecture de romans noirs à l’écriture ?

J’avais trois motivations principales : je lisais beaucoup, et inconsciemment, quelque chose reste toujours, se forme. Il y a eu un déclic et j’ai écrit le roman très rapidement, en un mois et demi. Tout est venu d’un coup. De plus, cela m’a permis de me sentir plus libre, de m’évader, de me sentir maître de mon petit monde. Et la dernière motivation, c’est que je restais parfois déçu lorsque j’achetais un livre. J’achetais des best-sellers, et après lecture je restais sur ma faim, je ne comprenais pas le succès de tel ou tel roman. Alors plutôt que de critiquer, je me suis dit : « eh bien, essaie».

Comment réussir à mettre un pied dans le monde de l’édition ?

J’ai eu beaucoup de chance. En Italie, quand on envoie un manuscrit, il faut entre trois et six mois pour qu’il soit étudié, et dans 98% des cas les éditeurs ne répondent même pas. Là, deux éditeurs m’ont contacté, ça s’est fait très simplement. Le monde de l’édition est compliqué : il n’y a presque plus de lecteurs en Italie, alors qu’il y a une production énorme. Mais Formule Mortali se vend déjà bien. Certains lecteurs m’écrivent, et le plus beau compliment, c’est quand ils me disent que les personnages leur manquent. Ça me touche beaucoup.

Quels auteurs de romans noirs, de « gialli », conseilleriez-vous ?

A part Agatha Christie, que tout le monde connaît déjà ? Je conseille la lecture des romans de Scerbanenko, un auteur italien d’origine ukrainienne. C’est le pionnier du roman noir en Italie, dans les années 50/60. Son policier a des défauts, et critique la société. Et puis il faut aussi lire De Giovanni, le roi des « gialli sociali », des romans noirs qui s’attardent à expliquer le contexte et la psychologie des personnages. Et l’islandais Indridason, avec son commissaire Erlendur, qui évolue dans une atmosphère triste et sombre ; je l’adore. Enfin, pour terminer avec un auteur français, je recommande Jean-Claude Izzo, et son incroyable trilogie marseillaise des Fabio Montale. Il a su donner un élan moderne au roman noir méditerranéen.

Formule Mortali va-t-il sortir en France ?

C’est en cours. La traduction est faite, cela devrait se faire bientôt j’espère. En attendant, la version italienne est disponible par Internet et dans toutes les librairies romaines.

Olivia KAJDAN AUDIN
Publié le 17 mars 2019, mis à jour le 18 mars 2019

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