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Trois légendes équatoriennes sur l'amour

L’Équateur, dont la richesse culturelle et mythologique est souvent ignorée du grand public, regorge de légendes qui ont d’abord été transmises oralement, à partir de l’époque précolombienne, avant d’être retranscrites à l’écrit. Comme dans la culture occidentale, ces histoires ont bien souvent trait à l’amour… Mais elles sont aussi associées à l’histoire autochtone, inca et coloniale du pays, susceptible de nous faire redécouvrir l’Équateur sous un jour nouveau.

Les légendes d'Équateur : la Pachamama Les légendes d'Équateur : la Pachamama
Écrit par Ida Gourlaouen
Publié le 15 février 2024, mis à jour le 19 février 2024

 

La Mama Tungurahua et le Taita Chimborazo

Dans les mythologies andines équatoriennes, les volcans sont souvent personnifiés et associés à des divinités : ils sont partie prenante de la Pachamama (Terre-Mère) des cosmogonies autochtones, elle-même considérée comme un être vivant.

C’est en particulier le cas des volcans Chimborazo et Tungurahua, situés dans les provinces voisines du même nom. Plus haut sommet d’Équateur (6.223 m.), le premier est surnommé "Taita Chimborazo" ("Papa Chimborazo"), tandis que le second, connu pour ses violentes éruptions, est qualifié de "Mama Tungurahua" ("Maman Tungurahua").

Selon la légende, leur histoire d’amour est littéralement explosive. S’il existe plusieurs versions de l’histoire, la plus commune raconte que le Chimborazo, amoureux de la belle Tungurahua, entra en duel au travers de nombreuses éruptions avec un autre volcan iconique d’Équateur, qui prétendait également au cœur de la Mama Tungurahua : le Cotopaxi (5.897 m.). C’est cependant le Chimborazo qui remporta la bataille, et l’union des deux volcans aurait donné naissance au Guagua Pichincha (“guagua” signifiant “enfant” en quechua).

Les volcans andins n’ont en fait eu de cesse de constituer des sources d’inspiration symbolique et littéraire. Le libérateur vénézuélien Simón Bolívar a en particulier écrit en 1822 un poème intitulé “Mi delirio sobre el Chimborazo” (“Mon délire sur le Chimborazo”) qui met à l’honneur la cause indépendantiste en Amérique latine. 

Volcan Tungurahua
Volcan Tungurahua

 

La légende de Guayas et Quil

Toujours dans la lignée des légendes autochtones équatoriennes, celle de Guayas et Quil tire son origine de la fondation de la ville de Guayaquil, dont le nom est composé de ceux des deux époux mis côte à côte.

Selon cette légende, le cacique (chef) du peuple autochtone des Huancalvicas, nommé Guayas, était marié à une guerrière de la même tribu, Quil. Ce couple légendaire est emblématique de la résistance autochtone à la colonisation espagnole, à partir du XVIe siècle. En effet, l’histoire raconte que les conquistadors espagnols menés par Sebastián de Benalcázar, après avoir “fondé” la ville de San Francisco de Quito, menèrent de violents combats sur la côte contre le peuple des Huancalvicas, dans le but d’y établir une nouvelle ville hispanique. 

Le couple ayant été fait prisonnier par les Espagnols, Guayas proposa à ses geôliers de les conduire à l’emplacement d’un immense trésor dont lui seul connaissait l’existence, en échange de leur remise en liberté. Une fois proches du lieu du trésor, sur le Cerro Verde (la “Colline Verte”, l’actuel Cerro Santa Ana), Guayas et Quil auraient cependant préféré se tuer plutôt que de se soumettre au joug espagnol. C’est en leur honneur que le colon Francisco de Orellana aurait donc nommé la ville Santiago de Guayaquil à sa fondation en 1547.

En 1927, un monument en l’honneur du couple iconique a été inauguré dans la ville de Guayaquil. 

Monument à Guayas et Quil
Source : Ecuavisa

 

Les légendes de “la Doncella de Pumapungo”

L’histoire de la “jeune fille”, “vierge” ou “servante” de Pumapungo est une légende précolombienne qui s’ancre à Pumapungo au sud de l’actuel Équateur (plus précisément dans la ville de Cuenca). En ce lieu se trouvait un temple inca dédié au culte du dieu Soleil, notamment rendu par de jeunes filles appelées les Vierges du Soleil. L’une d’elles, malgré les interdits, tomba amoureuse d’un prêtre du temple.

Les deux amants prirent l’habitude de se réunir la nuit tombée dans les jardins du temple, avant que l’empereur inca ne le découvre et condamne à mort le prêtre. La jeune fille se laissa alors également mourir de désespoir, et la légende raconte que l’on peut toujours entendre ses lamentations sur les ruines du site inca les soirs de pleine lune, vestiges d’une histoire d’amour impossible.

Aujourd’hui encore, on peut visiter les ruines du site inca de Pumapungo au cours d’une excursion à Cuenca. Le musée Pumapungo est également l’occasion de découvrir un incroyable patrimoine précolombien constitué d’artefacts et d'œuvres d’art incas uniques : une adresse incontournable pour les passionnés d’anthropologie et d'archéologie. 

Ruines de Pumapungo, en Equateur
Parc archéologique de Pumapungo. Source : Gouvernement équatorien.

 

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