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Portraits : six femmes historiques qui ont marqué Milan

Mosaique femmes V1 (002)Mosaique femmes V1 (002)
Écrit par Chloris Ploegaerts
Publié le 24 septembre 2020

Après le cycle d’expositions Talenti delle donne, prolongé jusque fin avril 2021, les femmes italiennes restent à l’honneur dans le cadre du festival annuel Tempo delle donne jusqu’au 26 septembre 2020. L’occasion pour la rédaction de rendre hommage aux Milanaises qui ont laissé leur empreinte dans la ville et au-delà.

 

Ersilia Bronzini Majno, défenseuse des droits des femmes (1859-1933)

D’un milieu modeste, Ersilia Bronzini Majno s’instruit en autodidacte, contrairement à ses frères qui ont la chance de suivre des études. En 1887, alors qu’elle est elle-même mère de trois enfants, elle intègre la Guarda Ostetrica de Milan, un service médical et social qui accompagne gratuitement les femmes défavorisées dans leur maternité. En 1899, elle participe à la création de l’Unione Femminile Nazionale, qui milite encore aujourd’hui pour les droits des femmes. Elle devient par la suite la première femme à rejoindre le conseil d’administration de l’Ospedale Maggiore de Milan. En 1902, elle fonde l’Asilo Mariuccia, un foyer pour mineures victimes de violences sexuelles qu’elle dirigera jusqu’à sa mort en 1933.

 

Fernanda Wittgens, héroïne du patrimoine artistique (1903-1957)

C’est grâce à elle que l’on peut encore admirer aujourd’hui les œuvres de la Pinacothèque de Brera. Fernanda Wittgens, première femme à diriger le musée historique en 1940, s’est démenée pour les protéger des bombardements de la Seconde guerre mondiale. On lui doit aussi la sauvegarde des collections du musée Poldi Pezzoli et de la galerie de l’Ospedale Maggiore. Une mission accomplie après des mois d’emprisonnement pour avoir aidé des juifs à s’enfuir d’Italie, ce qui vaudra à l’experte d’art d’être reconnue Juste parmi les nations en 2014.

 

Alda Merini, poétesse des Navigli (1931-2009)

Éminente figure de la poésie italienne du XXe siècle, Alda Merini publie ses premiers vers à l’âge de quinze ans. Elle s’inspire de Milan, qu’elle n’a jamais quittée, et en particulier de l’atmosphère des Navigli. C’est dans ce quartier que l’auteure vit et écrit, alternant entre les succès et la précarité. La poétesse souffre de troubles bipolaires, ses « ombres de l’esprit » qui seront à la fois une source de tourments et de créativité. Elle a ses habitudes au bar-librairie Chimera, lieu emblématique des plumes de l’époque alors situé via Cicco Simonetta. En sa mémoire, la chambre qu’elle occupait un temps via Mangolfa a été reconstituée à l’identique et se visite aujourd’hui sous le nom d’espace Alda Merini.

 

Gae Aulenti, architecte ambitieuse et mondialement reconnue (1927-2012)

Toute personne qui a foulé le sol milanais connaît le nom de Gae Aulenti. La place éponyme, près de la gare Porta Garibaldi, l’a rendu incontournable. Mais peu connaissent réellement cette créatrice. Dans les années 1950, alors que la plupart des écoles d’architecture sont réservées aux hommes, Gae Aulenti s’impose dans ce milieu. Sa carrière prend un tournant en 1980, lorsqu’elle est chargée de restaurer le musée d’Orsay à Paris. Une réalisation qui sera récompensée par plusieurs prix internationaux. De l’institut culturel italien de Tokyo au musée national d’art catalan à Barcelone, l’architecte a laissé son empreinte aux quatre coins du monde.   

 

Giulia Maria Crespi, conservatrice des trésors italiens (1923-2020)

On lui doit la préservation des merveilles oubliées du Bel Paese. Giulia Maria Crespi, issue d’une des plus grandes fortunes lombardes de son époque, a consacré une partie de sa vie à la conservation des monuments et sites naturels italiens. Après une carrière à la tête du Corriere della sera, détenu par sa famille, l’entrepreneuse crée le Fonds italien pour l’environnement (Fai) en 1975. La structure a restauré et ouvert au public une soixantaine de châteaux, jardins et autres villas promis à l’abandon. Deux fois par an, le Fai organise des journées du patrimoine à travers le pays. De nombreux hommages lui ont été rendu à Milan lors de sa mort en juillet 2020.

 

Cini Boeri, brillante designer (1924-2020)

La designer industrielle Cini Boeri, elle aussi, s’en est allée cette année. Précisément le jour de la remise du Compasso d’Oro, prestigieux prix qu’elle avait elle-même gagné à deux reprises. La première fois en 1979 avec son divan Strips, devenu un classique de la marque de mobilier Arflex. Cini Boeri a également enseigné à l’école Polytechnique de Milan dont elle était diplômée, et dans d’autres universités du monde entier. Elle est par ailleurs connue pour son engagement politique : en 2019, elle a été décorée par la ville de Milan pour saluer son implication dans la Résistance.

Pour découvrir plus de portraits d’Italiennes iconiques, la Rai Tre diffuse à partir du 21 septembre 2020 la nouvelle saison de la série-documentaire Illuminate. On y retrouve Gae Aulenti et Alda Merini, mais aussi l’actrice Sandra Mondaini et la soprano Renata Tebaldi.

 

Chloris
Publié le 24 septembre 2020, mis à jour le 24 septembre 2020

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