A quelques jours d’une polémique sur le refus d’une statue Dal latte materno veniamo, jugée pouvant heurter les sensibilités, deux projets rendant hommage à Alda Merini et Giuseppina Pizzigoni ont été validés. L’occasion de présenter ces deux femmes qui ont marqué Milan et l’Italie, dont les statues rejoindront les quatre autres monuments dédiés à des personnages féminins dans la capitale lombarde.
Deux nouveaux projets de statues de femmes rejoindront les places de Milan, où seul un monument sur quinze est aujourd’hui dédié à un personnage féminin.
La poétesse Alda Merini et la « pédagogiste » Giuseppina Pizzigoni auront leur monument, les deux projets ayant été validés dans le bilan des prévisions 2023-2025. Le feu vert fait suite à une polémique qui a enflammé la ville ces derniers jours, avec le refus de la commission d’art public de trouver une place à la statue Dal latte materno veniamo (Du lait maternel nous venons) de Vera Omodeo, jugée pouvant heurter la sensibilité universelle.
L’hommage à Alda Merini, poétesse tourmentée
Alda Merini est née en 1931 à Milan. Son enfance a été marquée par une relation conflictuelle avec sa mère. La très jeune Alda fait aussi face à de nombreux événements personnels difficiles, notamment son déplacement à Vercelli pendant trois ans, après un bombardement pendant la Seconde Guerre mondiale. Plus tard, on lui diagnostique un trouble bipolaire. Les phases les plus critiques de la maladie ont conduit à plusieurs hospitalisations, dont une très longue à l'hôpital psychiatrique Paolo Pini de 1964 à 1972. Elle a eu quatre filles, qui lui ont été enlevées et confiées à d'autres familles.
Atteinte d'un sarcome, Alda Merini est décédée le 1er novembre 2009. Elle est enterrée dans la crypte Famedio du Cimetière Monumental de Milan.
Le talent poétique d'Alda Merini se manifeste assez tôt. En 1953 paraît son premier recueil, intitulé "La présence d'Orphée". Sa production, rythmée par la difficulté de son trouble et des hospitalisations, connaît une période particulièrement riche entre les années 1980 et le début des années 2000, avec certaines œuvres comme La Terra Santa, L'altra verità. Diario di una diversa, Nel cerchio di un pensiero, Vuoto d'amore, Ballate non pagate, Clinica dell'abbandono.
Qui est Giuseppina Pizzigoni
Née à Milan en 1870 d'un père professeur, Giuseppina se voit diplômée en enseignement, et travaille dans les écoles élémentaires de la ville. Elle apporte un esprit non attribué aux formes de scolastique traditionnelle, verbale et manuelle, et une volonté tournée vers des tentatives, d'abord vaines, de renouveler l'enseignement et vie scolaire. A l'automne 1909, il fait un voyage en Suisse et en Alsace, pour visiter les "écoles forestières". Elle revient déterminée à promouvoir un profond renouveau de l'école, notamment en ce qui concerne l'environnement éducatif. Ayant obtenu des programmes et des plans scolaires auprès d'établissements d'enseignement d'Angleterre, de France, d'Allemagne, de Suisse et d'Amérique, il prend conscience du vaste mouvement pédagogique et didactique qui se déroule dans le monde : de l'école Reddie's Abbotsholme en Angleterre aux maisons de campagne Lietz. en Allemagne, à l'École des Roches en France, ainsi que dans les différentes écoles libres et écoles nouvelles en Suisse.
Convaincue que « ce qu'elle avait conçu ne pouvait être réalisé dans aucun autre pays », elle a commencé à chercher des collaborateurs et des soutiens pour sa mise en œuvre. L'astronome Giovanni Celoria, le psychiatre Zaccaria Treves, le neurologue prof. Eugenio Medea et un groupe d'industriels milanais constituèrent ainsi le premier comité pour l'organisation de la Scuola Rinnovata selon la méthode expérimentale, ouverte à Milan comme « expérience de différenciation pédagogique » en 1911.
En 1927, selon le plan pédagogique de Pizzigoni, est construit le nouveau siège de l'école, comprenant des salles de classe ouvertes sur le jardin, salle de musique et salle de projection ; salles de classe de travail; salle de sport; réfectoire, cabinet médical et dentaire; pavillon pour les cours d'agriculture ; terrain de jeu ; jardins et pavillons pour cours en plein air et enclos pour animaux.
Les statues de femmes à Milan
Sur un total de 124 monuments que compte Milan, seuls quatre sont dédiés aux femmes, dont l'artiste Rachele Bianchi, la journaliste du Risorgimento Cristina Trivulzio di Belgojoso et la scientifique Margherita Hack, à qui est dédiée la statue inaugurée devant l’université Statale il y a à peine deux ans.
Le monument à Merini sera situé Via Magolfa, à quelques pas de la Maison-Musée de la poète et du pont de pierre sur les Navigli déjà dédié à sa mémoire. Le lieu de l’œuvre dédiée à Pizzigoni n’est pas encore défini.
Sur le même sujet
L'annuaire 
L'agenda 
