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Ces noms de produits qui deviennent des mots comme les autres

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Écrit par Françoise Danflous
Publié le 5 mai 2021, mis à jour le 24 mars 2024

Quand les noms de produits deviennent des mots comme les autres, ils se transforment aussi d’une langue à l’autre pour étrangement s’acclimater à leur registre d’adoption, français ou italien !

 

Et voilà. Les petits mots verts sont parmi nous. Créatures bizarroïdes sans passé, littérature, étymologie, elles ont commencé à débarquer il y a de belles années. La preuve, les enfants ne réclament plus de crème à la vanille mais veulent une danette ; de da qui ne veut rien dire du tout et de nette qui ne veut rien dire non plus. Avec le boum des supermarchés et une publicité tapageuse, des noms de produits sont entrés dans l'usage. Alors, bien obligés, les dictionnaires se sont ouverts à eux, abolissant parfois la majuscule, autorisant parfois le pluriel. Le plus connu, un des plus vieux : Frigidaire, un frigidaire, des frigidaires. Et voilà comment, pfff, le réfrigérateur a presque disparu de nos cuisines.

Les noms de produits font des entrées fracassantes et voraces dans la langue. Dans les années 30, le succès du yo-yo américain fut si fulgurant partout que son nom finit par étouffer les mots émigrette français et rocchetto italien qui le désignaient depuis des siècles. Pourquoi ? Plus neuf, rigolo, à la mode. Un produit inédit arrive dans nos paniers ? S'il sonne bien, on l'adopte comme il est et on achète du scotch, scotch en italien, pas du ruban adhésif (nastro autoadesivo), ou des kleenex, kleenex en italien, et pas des mouchoirs en papier (fazzoletti di carta), trop ringards, moins percutants. Pour le francais pédalo, l'italien tenta un timide bicipattino. Trop stupide et tristounet. Ce fut pedalò, accentué sur la dernière lettre pour faire bien français, qui l'emporta. Et pour garder l'esprit made in Italia-dolce-vita-ô-sole-mio, vespa ou moka sont restées telles quelles. Pfff les scooters de nos rues et les cafetières italiennes de nos pauses-café.

Le ou la coca cola ? Le ou la Nutella ?

Certains noms de produits se transforment quand même un chouia pour mieux s'acclimater. En zoologie, on dirait qu'ils agissent par mimétisme. Pas de ph en italien et très peu de k, de x ? Qu'à cela ne tienne, cellophane et klaxon se cameléonisent en cellofan et clacson. Pour faire encore plus vrai, ces noms font aussi des petits ; tandis que le Français ripoline (pas forcément avec du Ripolin) son mur, l'Italien porte un jean candegginato (de candeggina, nom commercial voulant dire eau de Javel). D'autres noms changent de genre pour exister. Pourquoi le coca cola en français et la coca cola en italien ? On dit qu'en français le coca désigne la boisson, la coca la plante. Pour l'italien, on n'hésite pas, les mots en -a sont féminins.  Pourquoi le nutella, la célébrissime pâte à tartiner, ne se dit pas la nutella comme dans son pays d'origine ? La faute, dit-on, aux premières publicités, « entremets à la noisette », « dessert savoureux », « délice à tartiner », qui formèrent l'oreille des Français au masculin.

Du coton-tige au cotton fioc

Rien ne se clôt sans l'exception.  Bizarre, bizarre, mais il arrive que le nom d'un produit se traduise par le nom d'un autre produit.  A chaque pays sa marque. Le coton-tige (d'Unilever) se dit cotton fioc (de Johnson & Johnson) en italien et sopalin (de la Société du Papier-Linge) scottex (de Kimberly-Clark Corporation). Bizarre, bizarre aussi que, tout à coup, certains produits acceptent une traduction pourtant pas folichonne : sucrette se dit dolcificante et alcootest, etilometro. Pareil dans l'autre sens, borotalco se dit talc et mocio, balai espagnol. Quoique, balai espagnol, ça swingue quand même pas mal...

Avec le temps, ces petits mots verts venus d'ailleurs finissent par faire oublier que tous les mouchoirs en papier ne sont pas des kleenex et tous les pense-bêtes ne sont pas des post-it. Ah oui, justement, le nœud que l'on faisait autrefois à nos mouchoirs quand on voulait se souvenir de quelque chose alors ? Pfff ?

 

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