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Dodici metri : une Française à la tête de la plus petite cave de Milan

Installée à Milan depuis plus de vingt ans, la Parisienne Céline Dissard Laroche a ouvert la plus petite cave à vin de la ville. Vins en vrac, bouteilles d’exception : rencontre avec une sommelière passionnée.

Céline DissardCéline Dissard
Céline Dissard Laroche a ouvert la plus petite œnothèque de Milan début 2025. © Marie Cocaud
Écrit par Marie COCAUD
Publié le 16 septembre 2025, mis à jour le 17 septembre 2025

Milanaise d’adoption depuis plus de 20 ans, vous avez ouvert cette œnothèque il y a près d’un an. Quel parcours vous a conduit ici ? 

Je suis arrivée à Milan en 2001, par amour. J’ai d’abord travaillé dans la coopération internationale, et ce pendant des années. Puis, à la naissance de mes enfants, j'ai changé de parcours et de vie. 
En 2007, j’avais déjà passé le diplôme de sommelier, par pure passion. Mon père était un grand amateur de vin, et il nous a transmis cet amour : aux fêtes, aux anniversaires, il ouvrait d’excellentes bouteilles, de Bordeaux en général. Je me suis d’abord inscrite aux cours de la mairie de Milan (ils existent toujours), qui durent un an. Cela m’a tellement plu, que j’ai approfondi au sein de l'Association italienne des Sommeliers de Milan, l’AIS, qui en trois niveaux mène au diplôme. Une fois diplômée, j’ai d’abord commencé à travailler dans des restaurants en tant que sommelière, puis chez un grossiste, qui avait une cave à vin développée par des sommeliers dans le magasin, pour les bars et les restaurateurs. 

 

Jusqu’à ouvrir votre propre œnothèque, un défi ! 

Le rachat du grossiste, juste après le Covid, a été comme un déclic. Cela faisait des années que j'avais en tête d'ouvrir un lieu à moi : je travaillais déjà sur des business plans depuis des années. 

Pour lancer mon activité, j’ai bénéficié d’un programme d’aide national : le Fondo Impresa Femminile, qui soutient les entreprises fondées par les femmes. J'avais d’abord candidaté en 2022, sans succès faute de fonds disponibles. En 2024, ils m'ont recontactée : de nouveaux fonds s'étaient débloqués. Deux semaines plus tard, le dossier était validé. L’aide couvre environ 80% de l’investissement : c’était une opportunité à ne pas laisser passer. 

 

Vous obtenez ce local de douze mètres carrés, qui donne son nom à votre enseigne, Dodici Metri. Cette petite surface était-elle un choix délibéré, ou une contrainte avec laquelle il a fallu composer ? 

J’ai trouvé ce local par hasard, dans le quartier de Lambrate, je l’ai certes choisi mais en considérant cet espace plutôt comme une contrainte. Avec un peu d’imagination, il s’est néanmoins transformé en quelque chose de positif, d’original, et même en atout. Cette petite taille me permet aussi de gérer quasiment tout toute seule. 

 

Votre œnothèque se démarque aussi par la vente de vins en vrac. Quels sont les avantages ? 

C’est assez courant à Milan en réalité, et cela plaît beaucoup à mes clients qui ne connaissaient pas ce principe. Les vins en vrac permettent d’offrir du vin accessible - environ 3 euros la bouteille - tout en étant de bonne qualité. Bien sûr, il existe aussi un intérêt écologique primordial : je ne fais quasiment pas de poubelle, et mes clients viennent avec leurs propres bouteilles en verre, qu’ils réutilisent la fois suivante.

 

Comment sélectionnez-vous vos vins ? 

Je parcours les salons où j’échange, je goûte et choisis ceux qui me séduisent. Et le retour des clients est fondamental. Aujourd’hui, je ne propose que des vins français et italiens, notamment car je dois m’adapter à mes 12 mètres carrés ! J’offre malgré tout une variété de rouges pétillants, de vins blanc, des vins plus classiques, du champagne aussi… J’ai même ajouté du cidre, et je me suis lancée dans le spritz ! Au niveau des budgets, même si j’ai des vins à trois euros, on trouve une sélection de très bonnes bouteilles chères, dont certaines à 400 euros, pour cibler toutes les clientèles.

 

Justement, qui pousse les portes de Dodici Metri aujourd’hui ? 

C’est principalement une activité de quartier, mais des Français se déplacent exprès pour y trouver les quelques produits d’épicerie française que je propose, comme les pâtés, du chocolat et les biscuits. 

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