Un procès colossal s’ouvre en Calabre contre la ‘Ndrangheta

Des centaines de membres présumés de la plus puissante des mafias italiennes se retrouvent sur le banc des accusés à partir de mercredi, dans le cadre d’un procès hors norme qui s’ouvre en Calabre.

355 accusés, 900 témoins, 400 avocats…C’est un procès hors norme, qui s’ouvre ce mercredi pour juger les membres présumés de la ‘Ndrangheta. Une proportion telle qu’une enceinte s’apparentant à un bunker, a été installée pour l’occasion dans un centre d’appel de la zone industrielle de Lamezia Terme, au cœur de la Calabre. La région est le berceau de la plus puissante des mafias italiennes, mais qui a des tentacules dans le monde entier.

Plus de deux ans de procès - baptisé «Rinascita-Scott» - sont estimés pour démontrer les liens étroits entre le monde criminel et les institutions tant locales que nationales. La seule lecture des noms des accusés aura nécessité trois heures lors de l’audience préliminaire. Il s’agit de dirigeants politiques, d’hommes d’affaires, d’entrepreneurs, de policiers, de fonctionnaires, mais surtout du grand boss, Luigi Mancuso, ainsi que de ses associés suspects connus sous les noms de « Le loup », « Petite chèvre », « P’tit gros », ou encore « Blondinet ». 58 repentis ont accepté de briser la loi du silence en apportant leur récit.
Si le boss a déjà passé près de 20 ans sous les barreaux (il a été libéré en 2012), la plupart des accusés ont été arrêtés en décembre 2019 lors de coups de filets de la police menés en Allemagne, en Bulgarie et en Suisse. Alors que la ‘Ndrangheta est réputée pour contrôler les flux de cocaïne dans toute l’Europe, les accusés devront notamment répondre de meurtre, trafic de drogue, abus de pouvoir, blanchiment d’argent, usure, recel…

Et c’est un Calabrais, Nicola Gratteri, célèbre procureur antimafia dans la péninsule, qui sera au cœur des débats. L’homme de 62 ans vit sous escorte policière depuis plus de 30 ans.

Il s’agit du procès le plus important depuis trois décennies. Le maxi-procès de Palerme (1986-1987) contre la Cosa Nostra sicilienne détient le record pour ses proportions. 338 accusés avaient été condamnés, avant que les deux juges Giovanni Falcone et Paolo Borsellino ne soient assassinés par la mafia.

En cas de succès du procès, il est peu probable que la ‘Ndrangheta disparaisse pour autant.