En cavale depuis 1993, Matteo Messina Denaro, dernier parrain de la mafia sicilienne, est reconnu coupable d’avoir orchestré les assassinats des juges anti-mafia Giovanni Falcone et Paolo Borsellino. Retour sur un pan de l’histoire de la criminalité qui a marqué l’Italie contemporaine.
Près de trente ans après les faits et à l’issue d’une longue journée de délibération, la cour d’assises de Caltanissetta en Sicile, a condamné Matteo Messina Denaro à la réclusion à perpétuité dans la nuit du 20 octobre. Le fugitif de 58 ans est ainsi reconnu comme étant l’un des cerveaux des attentats à la bombe de Capaci et de la via d’Amelio, qui ont coûté la vie aux juges anti-mafia Giovanni Falcone et Paolo Borsellino et à leurs escortes policières en 1992.
Un symbole du combat inachevé contre la mafia
Deux massacres survenus à une période charnière de la lutte contre le crime organisé en Italie. Les magistrats étaient en effet des enquêteurs emblématiques du Maxi-procès de Palerme ouvert en 1986, une opération judiciaire historique ayant permis la condamnation de près de 500 membres de la mafia sicilienne. Pour la première fois, la justice démontre l’existence de la Cosa Nostra, jusqu’alors niée par la corruption et la crainte des représailles. C’est dans ce contexte que l’exécution de Falcone et Borsellino est commanditée, en riposte à un arrêt de la Cour suprême de cassation de 1992.
Matteo Messina Denaro aurait plus largement joué le rôle de stratège durant « toute la période terroriste », a rappelé dans son réquisitoire Gabriele Paci, adjoint du procureur au parquet anti-mafia de Caltanissetta. Sa proximité avec son mentor Totò Riina, célèbre parrain corléonais mort en prison en 2017, lui avait permis de devenir chef de la mafia trapanaise.
Reste à savoir si le criminel, déjà condamné à la perpétuité pour d’autres tueries à Florence, Rome et Milan, purgera un jour cette peine maximale mais symbolique.