Mario Draghi présente le projet de plan national de relance et de résilience financé par l’UE, destiné à redynamiser l’Italie après la pandémie. Un défi articulé en six grandes missions qui vise à changer radicalement le pays.
C’est une semaine cruciale pour l’Italie post pandémie. Le gouvernement italien a rendu public dimanche son projet de plan de relance et résilience (PNRR), présenté ce lundi devant la Chambre des députés et mardi devant le Sénat par le premier ministre Mario Draghi. « L’Italie est face a un défi qui devra changer tout le système pays », a déclaré le chef du gouvernement. Le plan qui s’étend sur 5 ans se chiffre à 222,1 milliards d’euros, dont 191,5 financés par l’UE dans le cadre du Recovery Fund et 30,6 milliards issus d’un Fonds complémentaire approuvé par le conseil des ministres italien le 15 avril dernier.
Articulé en six missions, le plan comprend un nombre important de réformes visant non seulement à réparer les dommages économiques engendrés par la pandémie, mais aussi à résoudre les faiblesses structurelles de l’économie italienne, et accélérer la transition écologique et environnementale de l’Italie. Dans les grandes lignes, 27% du Plan est consacré à la digitalisation du pays, 40% des investissements ciblés sur le changement climatique et plus de 10% pour la cohésion sociale. Quant aux principaux bénéficiaires du Plan - les femmes, les jeunes, et les régions méridionales -, l’inclusion sociale et la réduction des inégalités entre les régions sont privilégiées.
La première mission : digitalisation, innovation, compétitivité et culture (49,2 milliards)
Ses objectifs sont de promouvoir la transformation digitale du pays, soutenir l’innovation du système productif et investir dans deux secteurs clés pour l’Italie, le tourisme et la culture, notamment en valorisant les sites historiques et en améliorant les structures touristiques. Les investissements prévus devraient assurer de développer la connexion Internet de dernière génération dans tout le pays et de développer la 5G pour améliorer la connectivité mobile dans les zones qui en sont encore dépourvues.
La deuxième mission : révolution verte et transition écologique (68,6 milliards)
Il s’agit de la plus importante des missions financièrement. Ses objectifs prévoient notamment de recycler 65% des déchets plastiques et 100% des déchets textiles, de renouveler les transports publics locaux avec l’achat de bus moins polluants ou encore renouveler la flotte des trains régionaux. D’importants investissements sont en outre prévus dans les sources d’énergie renouvelables et notamment la filière de l’hydrogène. Une partie du Plan est également consacrée aux infrastructures hydrauliques afin de réduire les pertes d’eau potable de 15%.
La troisième mission : infrastructures pour une mobilité écologique (31,4 milliards)
L’objectif est le développement rationnel d’une infrastructure de temps modernes, à savoir durable et couvrant l’ensemble du territoire de la Péninsule. Les investissements cibleront particulièrement les transports ferroviaires à grande vitesse. Ils permettront par exemple de gagner 1h30 sur la ligne Naples-Bari, 1h20 entre Rome et Pescara et 1h entre Catane et Palerme.
La quatrième mission : instruction et recherche (31,9 milliards)
L’objectif est de renforcer le système éducatif et les compétences digitales. Le Plan prévoit notamment la construction de nouvelles crèches et d’écoles maternelles pour créer 152.000 places pour les enfants jusqu’à 3 ans et 76.000 pour les 3-6 ans.
La cinquième mission : inclusion et cohésion (22,4 milliards)
L’objectif est de faciliter l’insertion sur le marché du travail à travers la formation et des politiques actives. Parmi elles, la création d’un fonds spécial en faveur de la création d’entreprises pour les femmes.
La sixième mission : santé (18,5 milliards)
L’objectif est de renforcer la prévention et les services de santé sur le territoire, moderniser et assurer un accès aux soins pour tous. Les investissements cibleront notamment les services sanitaires de proximité avec le développement de l’assistance à domicile et la télémédecine.
Vaste programme de réformes
Parallèlement à ces six missions, le gouvernement ambitionne un vaste programme de réformes. Parmi elles, celui de l’Administration publique avec des investissements pour accélérer la numérisation encore très faible, le rajeunissement des fonctionnaires et assurer la formation professionnelle. En matière de justice, la réforme entend raccourcir l’excessive longueur des procès. Le Plan prévoit en outre de renforcer la concurrence et simplifier les démarches administratives notamment dans l’obtention de permis de construire.
Afin de soutenir les femmes et les jeunes, le gouvernement précise dans ses conclusions que les entreprises qui souhaitent bénéficier des financements du Next Generation UE, devront s’engager à recruter ces deux catégories particulièrement touchées par le chômage.
Selon le gouvernement, l’ensemble de ces mesures devraient booster la croissance de l’Italie, permettre au PIB de grimper de 3,6 points d’ici à 2026, et d’augmenter le taux d’activité de la population activité de 3,2 points entre 2024 et 2026.