Le gouvernement de Giorgia Meloni, le plus à droite d’Italie depuis 1946, a officiellement pris ses fonctions ce dimanche en Italie. Nouveaux intitulés des ministères, une équipe de ministres qui se veut rassurante, décryptage des choix et objectifs de la nouvelle présidente du Conseil italien, qui a rencontré le président de la République français Emmanuel Macron, dès dimanche soir.
Le nouveau gouvernement italien a prêté serment ce samedi, au palais du Quirinal, siège de la présidence de la République à Rome. Il s’agit du sixième gouvernement qu’à vu naître le chef de l’Etat Sergio Mattarella, depuis sa prise de fonction le 3 février 2015. La passation de pouvoir entre l’ancien président du Conseil Mario Draghi et la nouvelle Première ministre Giorgia Meloni, a eu lieu dimanche 23 octobre. La cérémonie organisée au palais Chigi, siège du gouvernement, prévoit la remise de la clochette d’argent, utilisée par la présidence du Conseil au cours des réunions des conseils des ministres. La nouvelle équipe ministérielle s’est réunie pour la première fois dans la foulée.
C’est la première fois qu’un gouvernement est guidé par une femme en Italie. La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a d’ailleurs félicité samedi la nouvelle présidente du conseil italienne dans un tweet, «la première femme à obtenir ce poste». Elle a lui adressé un autre message : «Je compte sur une coopération constructive avec le nouveau gouvernement, face aux défis que nous devons relever ensemble.»
La nouvelle première ministre et cheffe de file du parti post-fascite et eurosceptique Fratelli d’Italia, a formé le gouvernement le plus à droite d’Italie depuis 1946. Mais il ne s’agit pas du gouvernement le plus féminin. Sur 24 ministres, on ne trouve que six femmes, principalement à des portefeuilles mineurs. Fratelli d’Italia obtient plus de dix ministères, alors que les deux autres partis membres de la coalition, Forza Italia (parti de Silvio Berlusconi) et la Ligue (de Matteo Salvini), en obtiennent cinq chacun.
Le choix de son équipe gouvernementale, principalement aux ministères clés, montre toutefois qu’elle a souhaité rassurer les partenaires de l’Italie, et notamment ses voisins européens.
Ecco la squadra di Governo che, con orgoglio e senso di responsabilità, servirà l’Italia. Adesso subito al lavoro. pic.twitter.com/QnaJ20fqyK
— Giorgia Meloni ?? ن (@GiorgiaMeloni) October 22, 2022
Qui sont les principaux ministres du gouvernement de Giorgia Meloni
Le premier message fort à l’égard de Bruxelles a été de nommer aux Affaires étrangères Antonio Tajani (Forza Italia), ancien président du Parlement européen (2017-2019). L’européiste convaincu se trouve également doté du titre de vice-premier ministre. La nomination d’Antonio Tajani a d’ailleurs été saluée par le président du Parti populaire européen, l'Allemand Manfred Weber, comme "une garantie d'une Italie pro-européenne et atlantiste".
Au portefeuille crucial de l’Economie, Giorgia Meloni a choisi un membre de l'équipe sortante de Mario Draghi : Giancarlo Giorgetti. Membre de la Ligue, dont il représente l’aile modérée du parti d’extrême-droite, il occupait le poste de ministre du Développement économique dans le gouvernement Draghi et était secrétaire d'Etat aux Sports dans le premier gouvernement Conte.
Le populiste Matteo Salvini hérite quant à lui du ministère des Infrastructures et des Transports, bien qu’il convoitât celui de l’Intérieur. Alors que le chef de file de la Ligue est connu pour sa politique anti-immigration, ce poste, bien que moins prestigieux que celui de l’Intérieur, lui permet toutefois de décider de la fermeture des ports. Des navires d’ONG venant au secours de migrants en Méditerranée avaient ainsi déjà été bloqués lorsqu’il était au gouvernement. Matteo Salvini est également vice-Premier ministre.
C’est en revanche l’ancien chef de cabinet de Matteo Salvini qui s’est vu adjuger le ministère de l’Intérieur, le technocrate Matteo Piantedosi, au préalable préfet de Rome depuis août 2020.
Des ministères qui changent de nom : un lexique clé de la droite
En annonçant le nom de ses 24 ministres, Giorgia Meloni a dicté de nouveaux intitulés pour certains ministères, selon un lexique qui contient les mots-clés de la droite.
Le ministère du Développement économique devient celui des Entreprises et du Made in Italy ; le ministère du Sud et de la Cohésion territoriale, celui des Politiques de la mer et du Sud ; le ministère de l’Egalité des chances et de la Famille, celui de la Famille, de l’Egalité des chances et de la Natalité. Quant au ministère de l’Education, il s’intitule désormais ministère de l’Education et du Mérite. Le ministère de la Transition écologique devient celui de l’Environnement et de la Sécurité énergétique. En effet, après l’éclatement de la guerre en Ukraine et de la diminution des flux de gaz provenant de Russie, plusieurs membres de l’actuelle majorité se sont déclarés durant la campagne électorale, être en faveur de l’énergie nucléaire nouvelle génération. Et le ministère des Politiques agricoles et alimentaires, devient celui de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire. Cette définition est la même que celle utilisée en France dans le gouvernement Macron. Elle apparaît également dans les documents et les politiques de nombreux pays et organisations, de l’Amérique latine au Canada, ainsi que des Nations Unies et de la FAO.
Une redéfinition, qui représente un signal précis de la route qu’entend prendre le nouvel exécutif.
Première rencontre entre la Première ministre Giorgia Meloni et Emmanuel Macron
Le premier chef d’Etat que la Présidente du Conseil Giorgia Meloni a rencontré aura été Emmanuel Macron, dès dimanche soir. Une rencontre informelle d’environ une heure survenue à l’occasion d’un déplacement du président français à Rome dans le cadre d’un évènement organisé par la Communauté de Sant’Egidio, "mais importante dans le cadre des rapports entre nos pays et pour l’Union européenne", a souligné Emmanuel Macron. Le président français a promis de travailler avec Giorgia Meloni avec "dialogue et ambition".
En Européens, en pays voisins, en peuples amis, avec l’Italie nous devrons poursuivre tout le travail engagé. Réussir ensemble, avec dialogue et ambition, nous le devons à notre jeunesse et à nos peuples. Notre première rencontre à Rome, @GiorgiaMeloni, va dans ce sens. pic.twitter.com/njWFLo97b9
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) October 23, 2022