Après 50 ans d’attente, le projet qui unit la Pinacothèque de Brera, Palazzo Citterio, le jardin botanique, l’Observatoire et la Bibliothèque Nationale Braidense a ouvert au public, donnant naissance à la « Grande Brera », une communauté d’arts et de science. Les somptueuses salles du palais rénové, abritent principalement des collections d’art moderne et contemporain.
La Grande Brera a enfin ouvert ses portes. Cinquante-deux ans après l'acquisition du bâtiment par l'État italien, le moment est enfin arrivé : le Palazzo Citterio a ouvert ses portes samedi 7 décembre au 12-14 via Brera. C’est ainsi que se réalise le rêve de Franco Russoli, le directeur visionnaire de l’époque de la Pinacothèque, qui avait imaginé un nouveau Grand Brera, un lieu d'expérimentation et de recherche, ouvert à l'art le plus récent et à la vie d'une ville en mouvement. Le centre muséal marque une nouvelle ère pour la scène artistique milanaise.
L’art moderne et contemporain fait son entrée à Brera
Le point de jonction entre la Pinacothèque historique et le nouveau Palazzo Citterio s’illustre avec la grande salle 40 du piano nobile avec la Fiumana de Giuseppe Pellizza da Volpedo.
A partir de là, la visite se déroule en deux temps, à la découverte de deux collections : la Jesi (nom du couple qui vécut au Palazzo Citterio), dans les salles du Palais datant du 18e siècle donnant sur la via Brera, est entièrement consacrée au XXe siècle, tandis que la Vitali se déroule parallèlement au jardin, avec de précieuses pièces archéologiques, des œuvres médiévales et du XVIIe siècle, pour se poursuivre jusqu'à Morandi. Une section qui promet d'attirer les passionnés d’archéologie, qui s'intéressent de plus en plus à la ville depuis l'ouverture récente d'institutions telles que la collection Rovati.
De Boccioni à Modigliani, de Carrà à Picasso
L'exposition présente des œuvres marquantes du XXe siècle, de Boccioni à Modigliani, de Carrà à Picasso. Aux œuvres des collections Jesi et Vitali s'ajoutent plusieurs chefs-d'œuvre acquis par la Pinacothèque au cours des dernières décennies et signés par des maîtres tels que De Chirico, Savinio, Campigli, Melotti, De Pisis et Picasso, ainsi que la collection d'autoportraits minimaux de grands artistes du XXe siècle ayant appartenu à Cesare Zavattini et les 23 Fantaisies de Mario Mafai, une série visionnaire dénonçant les horreurs de la guerre, offerte par l'ancien président des Amici di Brera, Aldo Bassetti.
Dans la cour, se distingue le pavillon en bois en forme de petit temple circulaire, point de liaison entre l'extérieur et les salles du Grand Brera, offert par le Salon du Meuble de Milan : un espace couvert où l'on peut s'asseoir ou se tenir debout, qui rappelle la forme du temple de Bramante peint par Raphaël dans Les Noces de la Vierge, icône de la Pinacothèque.
À l'occasion de l'inauguration à l'entrée du Palazzo Citterio, un chapitre de l'œuvre Renaissance Dreams de Refik Anatoly, l'un des artistes numériques les plus estimés du moment, est également exposé : un immense ensemble d'images et de textes produits en Italie entre le XIVe et le XVIIe siècle, traités par des algorithmes qui transforment les formes et les couleurs en produisant des sons originaux (jusqu'au 30 mars 2025).
Au deuxième étage et dans l'Ipogeo Stirling, l'espace est consacré aux expositions temporaires : de La Grande Brera. Une communauté d’arts et sciences, à Mario Ceroli. La force de rêver encore : 10 installations monumentales inédites conçues pour l'Ipogeo Stirling par l'un des artistes italiens les plus novateurs du siècle dernier (du 8 décembre au 23 mars). Enfin, La Grande Brera de Braidense reconstituera l'histoire de la glorieuse Bibliothèque nationale de Braidense à travers 90 documents exposés dans la salle Maria Teresa, du 12 décembre au 15 mars.
Ces nouvelles œuvres s'ajoutent aux chefs-d'œuvre de la Renaissance de la Pinacothèque, située à moins de 200 mètres, et au patrimoine de plus de vingt mille volumes de la Bibliothèque Braidense.