Monuments, palais, solides structures en marbre, pierre et ciment, sculptures monumentales... De 1922 à 1943, Mussolini et le fascisme changèrent l’aspect physique de toute l’Italie. Aujourd’hui encore, Milan en conserve les traces.
Milan a joué un rôle fondamental dans l’évolution du fascisme italien. Emplacement fort du pouvoir, la capitale lombarde a accueilli de nombreux discours de Benito Mussolini. Certains bâtiments milanais encore marqués par cette période, représentent de véritables symboles architecturaux de l’art fasciste.
A la fin de la Première Guerre Mondiale, l’Italie traverse une crise de très grande ampleur. Le politique et militaire Mussolini crée en 1919 le premier parti fasciste à Milan et prend le contrôle du pays dans la violence en 1922. Ainsi débute la double décennie fasciste : le ventonnio fascista et sa réorganisation urbaine majeure.
L’art fasciste
Conscient qu’un changement radical doit s’opérer au sein des idéaux italiens, le dictateur entend transformer l’art et l’architecture des villes de la Péninsule. « Nous devons créer un nouvel art qui reflète notre époque, un art fasciste », déclare le Duce au début des années 30. Ces travaux vont servir la propagande tout en réparant les ravages de la guerre.
A l’aide des meilleurs architectes italiens dont Marcello Piacentini, le look de la capitale lombarde va changer. Caractérisé de style Novecento, ce courant artistique veut dès 1921 faire revenir l’ancienne tradition picturale en effaçant les « excentricités » des années précédentes.
Les principaux bâtiments fascistes à Milan
Et l’époque fasciste se distingue encore sur les murs. Avec sa façade majestueuse de 200 mètres de large surplombant la Piazza Duca d’Aosta, la Gare Centrale, principale gare ferroviaire de Milan témoigne de ce changement. Inaugurée en 1931 pour remplacer l’ancienne gare centrale de Piazza Della Repubblica, ses travaux ont débuté en 1925. Sur le toit, deux chevaux ailés représentant le « progrès, guidé par la volonté et l’intelligence » surveillent la ville.
L’exemple type de l’architecture fasciste à Milan se trouve aussi au Palazzo di Giustizia. Construit en 1939-1940 par Marcello Piacentini, ce bâtiment de 30.000m² entièrement conçu en marbre avec de grandes et longues fenêtres prônent le « retour à l’ordre ».
Au cœur du Parc Sempione, la Triennale institution culturelle internationale et nouveau siège du Palazzo dell’Arte, incarne également ce courant. Dans une symétrie quasi parfaite, l’architecte Giovanni Muzio a construit les façades des murs en briques lourdes avec du béton armé dans un style classique, pour souligner le caractère monumental de sa création.
Le parti fasciste possédait son propre organe de presse le Popolo d’Italia, fondé par Mussolini et éditeur. Afin d’accueillir les bureaux, le Palazzo dei Giornali ou Palazzo dell’informazione voit le jour en 1942 Piazza Cavour. Entièrement recouvert de marbre de Vicence, la structure est soutenue par de gigantesques piliers et accueille au milieu de sa façade une immense mosaïque l’Italia corporativa symbole du travail, de la famille, du gouvernement et de l’empire.
Pour clôturer le processus de rénovation urbaine de Piazza Duomo, le Palazzo dell’Arengario composé de deux tours parfaitement identiques a été bâti de 1936 à 1956. Constitués de formes rectangulaires symétriques et opposées, les piliers en béton armé des deux bâtiments reposent sur une fondation de socle en brique. Arengario synonyme de broletto, définit le siège d’une municipalité dans l’Antiquité.
Construit entre 1928 et 1930 dans un style monumental, le Palazzo della Banca Popolare di Milano bâtiment historique situé piazza Meda 2, avait pour but de concevoir un emplacement adapté aux activités croissantes de la banque. Similaire au néoclassicisme, le front du palais contient huit colonnes géantes qui soutiennent un tympan architectural triangulaire.
L’itinéraire continue piazza Missori avec le palazzo INPS, jusqu’à la Banque d’Italie (piazza Cordusio) digne du second Rinascimento ou encore le palazzo Mezzanotte (piazza degli Affari), siège de la Bourse de Milan. La piazza San Babila aussi, entourée d’imposants immeubles à l’emprunte fasciste, jusqu’à la Rinascente corso Vittorio Emmanuele. Sans oublier les lampadaires situés piazza Duomo, si caractéristiques.