Escapade sur la Riviera del Brenta, un charme et une richesse vénitienne à découvrir

Entre la paisible Padoue et la superbe Venise, un fleuve de palais, des « villas » pour les Vénitiens, parsèment les rives du canal Brenta sur près de trente kilomètres. Un paysage romantique au charme méconnu, qui offre un plongeon dans l’histoire passionnante de la Sérénissime.

C’est au début du XVIe siècle, sous l’influence de la Renaissance vénitienne, que les fermes de l’arrière-pays de Venise se transforment en « villas », inspirées des majestueux palais du grand Canal de Venise. On en compte une centaine à travers les localités qui composent la Riviera. Partant de la commune de Stra, le Brenta traverse notamment Fiesso d'Artico, Dolo et Mira, pour déboucher plus loin dans la lagune de Venise.
Ce naviglio s’illustre comme la continuation idéale du Grand Canal. A la belle saison, la noblesse vénitienne, en burchiello, élégants et confortables bateaux  faisant office de salons flottants, remonte le cours d’eau pour rejoindre ses villas de villégiatures, où fêtes et réceptions se succèdent.

Aujourd’hui, nombreuses sont celles classées au patrimoine de l’Unesco. Encore habitées par les familles ou transformées en musées, elles sont ouvertes aux visites. D’autres sont transformées en lieux de réception, en charmants hôtels ou en restaurants.

La plus grandiose : la Villa Pisani de Stra, dont le plafond de la salle de bal est orné d’une fresque de Tiepolo. Près de Mira, on admire la Villa Foscari, dite la « Malcontenta », dont l’architecture du XVIe siècle se reflète dans l’eau du Brenta. Ce chef-d’œuvre de l’architecte Andrea Palladio – qui a donné son nom aux « villas palladiennes » de la région – abrite dans chaque pièce de splendides fresques signées Battista Franco et Giambattista Zelotti.

A quelques mètres, la Villa Widmann Rezzonico Foscari a accueilli au fil des siècles d’illustres invités, tels que le célèbre dramaturge Carlo Goldoni, le cardinal Sarto qui deviendra le pape Pie X, les musiciens Malipiero et Igor Stravinski, Gabriele d'Annunzio, ou encore le prince Rainier de Monaco qui y passait ses vacances.

Sur les traces des Calegheri, de Venise à la Riviera del Brenta

Dans ces mêmes lieux, à partir du XIIIe siècle, les "Calegheri", ces virtuoses cordonniers vénitiens, œuvraient pour les nobles de la Sérénissime en produisant des objets de plus en plus sophistiqués et précieux. On trouve encore les traces de leur confrérie, la « Scola dei calegheri », gravées dans les rues et sur les façades des maisons de Venise. La transmission de leur savoir-faire a perduré au fil des siècles, donnant naissance à l’un des principaux fiefs en Italie et dans le monde de la manufacture de  la chaussure de luxe.  

En témoigne la Villa Foscarini Rossi, dont le somptueux bâtiment principal du XVIIe siècle, abrite l’important Musée de la Chaussure. Le musée raconte l’histoire de l’entreprise manufacturière fondée par Narcisso Rossi en 1947, au cœur du district de la chaussure de la Riviera del Brenta. Plus de 17.000 paires de chaussures de luxe pour femmes sont exposées dans une scénographie qui raconte une histoire. « La chaussure n’est pas seulement un accessoire, c’est un langage », affirme avec passion, la directrice du musée.
Toutes ont été produites par l’entreprise italienne à partir des années 1960, en collaboration avec une vingtaine de maisons de couture les plus prestigieuses du panorama international, dont Christian Dior, Yves-Saint-Laurent, Givenchy, Fendi, Emilio Pucci, Porsche Design, Marc Jacobs et Calvin Klein.

A ne pas manquer en sortant, la visite du bâtiment adjacent, un splendide salon richement décoré – avec illusions d’optiques - par les peintres Domenico de’ Bruni et Pietro Liberi en 1652. Autrefois destiné à accueillir les fêtes de la noblesse,  des événements et réceptions y sont aujourd’hui organisés.
En 2003, l’ensemble de la Villa Foscarini Rossi et l’usine Rossi ont été acquis par le groupe français LVMH, qui a pris le relais de la mission de diffuser la culture de la chaussure, et la tradition de ce territoire.

Où dormir et manger sur les rives du Brenta ?

Villa Goetzen, à Dolo – Hôtel et restaurant à la décoration charmante et élégante, des plats typiques et raffinés (spécialité poissons).

Où boire un verre ?

I Molini di Dolo, un ancien moulin dont la roue tourne encore. Selon la tradition, on y boit un Select Spritz pour l’apéritif, le véritable spritz vénitien.