En 1863, Londres fait la Une des médias internationaux en inaugurant la première ligne de métro au monde. Aujourd'hui, le réseau de galeries souterraines s’étire sur 408 km. Le fameux Tube peut vous amener partout dans la capitale britannique et ses alentours. Mais ne vous êtes-vous jamais demandé comment un tel réseau a pu être développé ? Laissez-nous vous raconter l’histoire de la construction du métro londonien.
Londres, 1860. La ville est en pleine expansion, grouillante et étouffant sous la pollution et les embouteillages. La solution ? Un réseau de transport souterrain révolutionnaire : le métro. L’initiative vient d’un certain Charles Pearson.
Cet avocat de la ville a l’idée de la construction d’un réseau de transports souterrains dès 1845. Mais le projet paraît irréalisable pour l’époque. Il faut attendre 1860 pour commencer les premiers travaux de construction d’une galerie souterraine, et 1863 pour l’inauguration de la première ligne de métro au monde, la Metropolitan Railway.
Celle-ci s'étend sur 6 km et 7 stations. Aujourd'hui, l'Underground est divisé en 13 lignes qui s’étendent sur 409 kilomètres pour 270 stations.
Comment creuser une galerie souterraine de cette envergure au XIXe siècle ?
“La construction de la première ligne de métro à Londres, la Metropolitan Railway, est un défi colossal. Le chantier a duré plusieurs années et a nécessité le travail de milliers d'ouvriers, souvent des immigrants venus d'Europe”, explique Claudia, employée du Musée des transports de Londres.
Deux techniques principales sont utilisées pour creuser les tunnels :
Le cut-and-cover: cette technique consiste à creuser une tranchée, pour ensuite y former un tunnel, puis le recouvrir. Le cut-and-cover était utilisé pour les zones peu profondes et en surface.
Le Creusement en tunnel: à l'aide de pioches, pelles et parfois de dynamite pour les zones plus profondes, les ouvriers creusaient toute la journée.
Ensuite, la structure du tunnel est construite en briques et en pierre, souvent avec des arches pour supporter le poids de la terre et des bâtiments en surface.
Les conditions de travail des ouvriers
Les conditions de travail des ouvriers du métro londonien sont terribles et ont un impact dévastateur sur leur santé.
“Ils travaillaient dans des conditions difficiles et dangereuses, pour un salaire dérisoire. L'atmosphère était très humide ce qui a provoqué l’apparition de maladies pulmonaires pour beaucoup d’entre eux. C’était le premier chantier de construction d’un réseau de transports souterrains au monde. Il y a évidemment eu beaucoup de négligences et erreurs qui ont été corrigées au fil du temps”, ajoute Claudia.
Des centaines d’ouvriers sont tués ou blessés par des chutes de pierres ou éboulement. Les tunnels sont également souvent inondés, ce qui rend le travail encore plus difficile et dangereux. La ventilation est insuffisante dans les tunnels, causant des suffocations. Les conditions insalubres et le manque d'hygiène favorisent la propagation de maladies respiratoires et infectieuses.
Les ouvriers du métro ont alors commencé à se mobiliser pour exiger de meilleures conditions de travail. Ils ont organisé des grèves et des manifestations pour obtenir des salaires plus élevés, des horaires de travail plus raisonnables et des mesures de sécurité plus strictes.
Des trouvailles archéologiques lors de la construction des galeries
Creuser des galeries si profondes peut réserver quelques bonnes surprises. Et c’est le cas lors de la construction des galeries souterraines du métro londonien. Des ossements de dinosaures, datant de millions d'années, sont découverts pour le plus grand bonheur des archéologues !
Les galeries ont aussi dévoilé des vestiges de l'époque romaine : des fondations de bâtiments et des poteries, mais aussi des objets du Moyen Âge, comme des armes et des bijoux. Le chantier a également permis de découvrir des réseaux de grottes et de cavernes encore inconnues.
“Ces découvertes fortuites ont permis d'enrichir l'histoire de Londres et de mieux comprendre son passé. Les objets et ossements sont maintenant exposés au sein de différents musées de la ville”, se réjouit Claudia.
Le métro londonien : acteur important en temps de guerre
En temps de guerre, avoir des galeries souterraines aussi larges sous une si grande ville, peut s’avérer très utile.
“Durant les deux guerres mondiales du XXe siècle, les galeries souterraines dédiés à l’Underground ont sauvé des milliers de personnes des bombardements ennemis. Les habitants de Londres se réfugiaient dans les tunnels pour se mettre à l'abri durant les périodes d’assaut ”, expliquent les guides du Musée des transports de Londres, prenant l’exemple en Ukraine : Depuis le début du conflit entre la Russie et l’Ukraine, des centaines de civils se sont réfugiés sous terre, dans les tunnels du métro de Kiev, pour éviter d’être touchés par les bombardements.
Le métro londonien est aujourd'hui un réseau immense et moderne, transportant près de 5 millions de personnes chaque jour.
Son succès inspire la construction de réseaux de métro dans de nombreuses villes du monde entier. Il reste une référence en matière de transport public et un élément incontournable de la vie londonienne.