Édition internationale
Radio les français dans le monde
--:--
--:--

Pierre Faury, ou quand la timidité trouve sa voix

De HEC Paris à Instagram, des concours d’éloquence à l’écriture, Pierre Faury a tracé un parcours surprenant. À 23 ans, ce passionné des mots réinvente l’art oratoire tout en inspirant une nouvelle génération de conteurs. Rencontre avec un timide devenu maître des discours.

Pierre Faury - Atelier de la langue française Pierre Faury - Atelier de la langue française
Écrit par Aldric Meeschaert
Publié le 26 novembre 2024

Un timide sur scène : le paradoxe Faury

“Je suis plutôt quelqu’un d’assez timide. Petit, je ne parlais pas beaucoup, je ne levais jamais la main en classe. Même physiquement, je ne prends pas beaucoup de place.” Voilà Pierre Faury tel qu’il se décrit, un profil bien éloigné du cliché de l’orateur né. Pourtant, en 2021, il se lance presque par hasard dans son premier concours d’éloquence à HEC.

 

Pierre Faury lors de son premier concours d'éloquence en 2021, à HEC
Pierre lors de son premier concours d'éloquence en 2021, à HEC

 

Le résultat ? Une prestation remarquable…  mais vécue dans un stress total. “Je n’ai pris aucun plaisir sur scène, j’étais tellement concentré sur la perfection.” Pas de quoi l’arrêter pour autant. De concours en concours, Pierre affine son style et se découvre une passion insoupçonnée. Il se hisse en finale du concours de l’Atelier de la langue française en 2022 avant de décrocher la victoire en 2023. “Ce que j’aime vraiment, c’est écrire. L’oralité, c’est juste une manière de partager ce que j’écris”, nous explique Pierre. 

 

 

Les concours d’éloquence : un tremplin social et personnel

Pour Pierre, l’éloquence dépasse largement le simple exercice oratoire. “C’est une pratique sociale et personnelle. D’un côté, ça te pousse à mieux te connaître, à avoir confiance en toi. De l’autre, ça crée du lien avec les autres.” Cette double dimension, il l’a expérimentée en tant que participant, mais aussi en organisant son propre concours, le Prix National Cyrano.

 

Pierre Faury avec Eliott Nouaille
Pierre Faury avec Eliott Nouaille, cofondateur du Prix National Cyrano 

 

“Nous avons eu l’idée d’ouvrir les concours à tous, pas seulement aux étudiants. Nous avons eu des participants de 14 à 70 ans, et ça a donné lieu à des rencontres incroyables.” La première édition a même été immortalisée dans un film, Le Premier Mot, qui sortira le 1er décembre 2024. “Ce film, c’est la chose dont je suis le plus fier. Ce qu’il raconte est très fort", déclare-t-il avec émotion.

 

Les réseaux sociaux : une caisse de résonance

Avec plus de 200.000 abonnés sur Instagram et des vidéos vues par des millions de personnes, Pierre est aussi devenu un orateur 2.0. Pourtant, cette aventure a commencé sans prétention. “Une amie m’a dit que mes vidéos de concours fonctionneraient sur TikTok. J’ai posté une vidéo en me disant : ‘Au pire, personne ne verra.’ Et ça a marché tout de suite.”

Selon lui, ce succès tient à deux choses : l’émotion et l’authenticité. “Les réseaux sociaux vivent beaucoup de l’émotion. Mes textes, qui puisent beaucoup dans le ressenti, collent bien à ce format.” Mais Pierre le précise : “Les réseaux ne sont jamais une fin en soi. Ce n’est pas pour avoir des abonnés que je fais ça. Ils me permettent surtout de porter des projets comme mes livres ou le Prix Cyrano.”

En 2025, Pierre publiera deux ouvrages : un manuel d’éloquence chez Marabout, coécrit avec Eliott Nouaille, et un recueil de poésie chez J’ai Lu.

“C’est grâce à cette visibilité que je peux concrétiser ces projets”, nous confie Pierre.

Une éloquence à la française ?

Lorsqu’on évoque l’éloquence française, Pierre s’amuse de ses spécificités. “En France, on priorise beaucoup la forme : la diction, l’écriture, l’émotion. En Angleterre, c’est davantage axé sur le fond et la logique.” Pour lui, ces différences viennent autant des cultures que des langues : “Le français est une langue pensée pour la poésie et le double sens. L’anglais, plus direct, est parfait pour le débat. Ce sont deux styles très différents.”

“Fais-le” : un conseil sans détour

Pour les jeunes qui hésitent à se lancer, Pierre a un message simple : “Fais-le ! On ne sait jamais à l’avance si on est éloquent ou non. Moi-même, je n’imaginais pas aimer ça ou être capable de le faire avant d’essayer.” Et surtout, il rappelle que l’éloquence n’est pas réservée à une élite. “C’est la capacité à transmettre un message ou une émotion. Pas besoin d’être parfait pour ça.”

 

Il insiste aussi sur l’importance de la sincérité : “L’éloquence, c’est avant tout un art de l’authenticité. Ce qui est faux sonne faux, et ce qui est vrai touche immédiatement.”

 

Son avenir : entre projets littéraires et choix de carrière

Pierre savoure aujourd’hui sa liberté de créer. Entre conférences, projets artistiques et réseaux sociaux, il jongle avec les mots tout en gardant une certaine humilité.

 

Dans ma vie de tous les jours, rien n’a vraiment changé. Ce que je fais, je le fais par passion, pas pour la reconnaissance.

Et pour la suite ? Pierre hésite encore. “Je ne sais pas si je veux professionnaliser cette passion à 100 % ou si je garderai un métier plus classique à côté. Quand tu fais de ta passion un métier, tu prends le risque d’en perdre l’essence.”

Quoi qu’il décide, une chose est sûre : Pierre Faury a trouvé sa voix. Et il n’a pas fini de la faire résonner …

 

Pensez aussi à découvrir nos autres éditions