La chancelière de l’Échiquier, Rachel Reeves (gouvernement travailliste), a présenté sa première déclaration de printemps, tradition annuelle au Royaume-Uni. Elle a exposé un cadre budgétaire marqué par des choix difficiles et des ambitions de réforme de grande envergure. Le nouvel impératif pour le gouvernement : rétablir la stabilité économique du pays.


Dès le début de son discours, Rachel Reeves annonce la couleur : la croissance britannique pour 2025 “sera bien inférieure aux prévisions initiales”, passant de 2 % à 1 % selon l’Office for Budget Responsibility (OBR). Une révision qui contraint la chancelière et le gouvernement travailliste à adopter une posture… prudente : "Le choix responsable est de réduire nos niveaux de dette et d’emprunt dans les années à venir pour que nous puissions dépenser davantage sur les priorités des travailleurs", déclare-t-elle devant la Chambre des communes.
La chancelière rejette aussi toute idée d’assouplissement budgétaire : "Ces règles fiscales sont non négociables”, martèle-t-elle, prenant soin de rappeler le chaos économique provoqué par le budget de Liz Truss en 2022.

L’inflation en recul, mais la reprise économique est encore longue
Certes, l’inflation a reculé, ce qui a permis à l’OBR de prévoir un taux moyen de 3,2 % cette année avant d’atteindre 2 % en 2027, mais Rachel Reeves n’a pas caché sa frustration face à la lenteur de la reprise : "Je ne suis pas satisfaite de ces chiffres". Pour accélérer la croissance, la chancelière mise sur plusieurs leviers : une réforme de la planification, une modernisation du système des retraites et une simplification des réglementations visant à encourager l’investissement.
Parmi les projets phares annoncés figurent l’extension de la troisième piste de l’aéroport d’Heathrow censée permettre d’ancrer une croissance durable : “mais dont les effets ne se feront sentir qu’à moyen terme.”
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Un effort budgétaire pour la défense britannique
Avec le contexte international et la montée des tensions, notamment outre-Atlantique, la chancelière a confirmé une augmentation significative du budget de la défense, qui doit atteindre 2,5 % du PIB d’ici 2027. Un investissement de 2,2 milliards de livres supplémentaires est prévu dès 2025-26 pour renforcer les capacités militaires du Royaume-Uni.
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"Le monde change, nous pouvons le voir et le ressentir", souligne la chancelière, justifiant la hausse budgétaire par la nécessité de répondre aux défis géopolitiques. Par ailleurs, 10 % du budget de l’équipement militaire sera alloué aux drones et à l’intelligence artificielle. Enfin, Rachel Reeves entend renforcer l’industrie militaire nationale en investissant 200 millions de livres dans le secteur du sous-marin nucléaire à Barrow et 2 milliards pour soutenir l’exportation d’armes britanniques.
Des réformes sur le logement ambitieuses mais incertaines
Pour relancer la construction, la chancelière met l’accent sur une réforme du système de planification, une mesure qui pourrait augmenter le PIB de 6,8 milliards de livres d’ici 2029-30 (OBR). Le Labour vise la construction de 1,3 million de logements en cinq ans, avec un record de 305 000 unités par an. Un plan de formation de 60 000 travailleurs et 2 milliards de livres pour le logement social sera aussi mis en place.
Des coupes qui divisent le Parti travailliste
Malgré ses convictions, Rachel Reeves marche sur un fil au sein du Parti travailliste. Par exemple, si l’augmentation de l’Universal Credit à 106 livres par semaine semble être une avancée, elle s’accompagne de coupes sévères dans les aides liées à la santé, réduites de moitié.
Cette volonté de responsabiliser le système social passe mal au sein du Labour, où certains députés menacent de démissionner. Dans la même logique, la chancelière veut moderniser l’administration en supprimant 15 % des postes de fonctionnaires et en misant sur l’intelligence artificielle. La réforme la plus radicale reste toutefois l’abolition de NHS England, une décision explosive qui touche à un pilier du service public britannique, car "chaque livre sterling dépensé doit aller aux soins des patients, et non à la bureaucratie," rappelle-t-elle.
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