Aux côtés de la Caricom, la Repair Campaign milite pour obtenir des excuses officielles et des réparations de la part des puissances coloniales, en particulier le Royaume-Uni, en faveur des nations caribéennes et des descendants de personnes réduites en esclavage. Pourtant, un récent sondage révèle que la majorité des Britanniques ignore encore l’ampleur de l’implication historique de leur pays dans l’esclavage. Si le soutien public aux réparations progresse, le gouvernement britannique reste réticent à l’idée de verser des compensations financières.


Le combat de la Repair Campaign et de la Caricom
La Repair Campaign milite pour la justice réparatrice en faveur des nations caribéennes et des descendants des personnes réduites en esclavage par les puissances coloniales, en particulier le Royaume-Uni. Ce combat s’inscrit aux côtés de la Caricom (Communauté des Caraïbes), un regroupement de quinze nations caribéennes, et réclame des excuses formelles de la part des gouvernements historiquement impliqués dans la traite transatlantique des esclaves, ainsi que des réparations sous forme d’investissements dans des projets de santé, d’éducation et d’infrastructures, afin de réparer les dommages causés par des siècles d’esclavage.
Bien que leur travail de sensibilisation prenne de l’ampleur, une grande partie des Britanniques reste mal informée sur l’implication historique de leur pays dans l’esclavage et les conséquences durables de cette période.
Un sondage révélateur de l’ignorance britannique
À l’occasion du 25 mars, la Journée internationale des Nations Unies pour la mémoire des victimes de l’esclavage et de la traite transatlantique, la Repair Campaign a commandé un sondage visant à sensibiliser la population britannique à son manque de connaissances sur son passé colonial.
Les résultats sont édifiants : sur 2.000 personnes interrogées, 85% ignoraient que plus de 3 millions de personnes avaient été réduites en esclavage et transportées de force d’Afrique vers les Caraïbes par des esclavagistes britanniques. 89 % ne savaient pas que l’esclavage dans les Caraïbes avait perduré pendant plus de 300 ans sous la domination britannique. Enfin, 75 % ignoraient que les contribuables britanniques n’avaient pas fini de rembourser, qu’après l’an 2000, l’argent emprunté par le gouvernement britannique en 1833 pour indemniser les esclavagistes suite à la fin de l’esclavage, les compensant ainsi pour leur “perte de propriété”.
Denis O’Brien, fondateur de la Repair Campaign, a souligné que ces résultats montrent “à quel point les Britanniques connaissent peu l’histoire de leur propre pays”. Dr Hilary Brown, responsable de programme au secrétariat de la Caricom, a également insisté sur l’importance de combler ce vide de connaissances : “Notre humanité partagée exige justice pour les crimes horribles commis. Il est urgent de combler le fossé des connaissances au Royaume-Uni sur l’histoire du pays concernant la traite et l’asservissement des Africains.”
A new poll commissioned by The Repair Campaign shows a gulf in public knowledge about Britain’s role in transatlantic slavery and colonialism.
— The Repair Campaign (@RepairCampaign) March 24, 2025
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Un soutien public en progression
Cependant, le sondage révèle également une évolution positive : le soutien à des excuses officielles et à des réparations pour les nations caribéennes et les descendants des personnes réduites en esclavage est en augmentation. 63 % des sondés se disent désormais favorables à des excuses formelles, soit une hausse de 4 points par rapport à l’année précédente. Le soutien aux réparations financières progresse également, avec 40 % des personnes désormais en faveur de telles mesures.
Une réponse mitigée du gouvernement britannique
Bell Ribeiro-Addy, députée travailliste et présidente du groupe parlementaire multipartite pour les réparations africaines, a souligné la “volonté d’écouter” du gouvernement britannique qui n’a toutefois toujours pas présenté d’excuses officielles pour l’esclavage. Elle a également insisté sur le fait que la justice réparatrice passe par l’éducation : “Les gens pensent aux réparations uniquement en termes financiers, mais l’une des choses les plus importantes est de corriger les faits, car tant que les gens n’auront pas appris ce qui s’est passé, il n’y aura pas de volonté publique généralisée pour rendre les réparations possibles.”
“Les gens pensent aux réparations uniquement en termes financiers, mais l’une des choses les plus importantes est de corriger les faits, car tant que les gens n’auront pas appris ce qui s’est passé, il n’y aura pas de volonté publique généralisée pour rendre les réparations possibles.”
Malgré ces avancées, le gouvernement travailliste a maintenu sa position : le Royaume-Uni ne versera pas de réparations financières. Il affirme toutefois travailler avec ses partenaires caribéens sur des enjeux tels que la sécurité, la croissance économique et la lutte contre le changement climatique, tentant ainsi d’apporter un soutien indirect aux nations concernées.
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