Le gouvernement a annoncé lundi des nouvelles mesures de lutte anti-drogue concernant les utilisateurs récurrents de drogues de catégories A : cocaïne, héroïne, ecstasy, …
Les consommateurs moyens de drogues seront les principaux individus ciblés par cette stratégie qui s’étend sur dix ans et qui mettra fortement l'accent sur les sanctions. Le gouvernement met ainsi un point d’honneur à remporter cette « guerre contre la drogue ».
Un trafic de drogue qui s’intensifie à Londres depuis dix ans
Dans la première phase de la stratégie en février dernier, les analystes avaient estimé à 300 000 les consommateurs d'opiacés ou de crack en Angleterre. Environ un million de personnes auraient, de leur côté, consommé de la cocaïne au cours de l'année passée. Le marché des drogues de catégorie A au Royaume-Uni vaudrait autour de 9,4 milliards de livres sterling par an. L’impact sur la santé de ce marché est désastreux : le nombre de décès par intoxication médicamenteuse atteint un niveau record cette année, ayant augmenté de près de 80% depuis 2012.
En réaction, le gouvernement a décidé de se saisir du sujet et d’établir un plan de lutte anti-drogue sur les dix prochaines années pour tenter de réduire ce trafic et son impact sur la société.
L’augmentation des sanctions pénales, des arrestations et du budget
Le gouvernement promet donc d'investir jusqu'à 145 millions de livres sterling pour réprimer les trafics de drogue dans les grandes villes britanniques. Il s’agit de la plus forte augmentation des investissements jamais enregistrée dans ce secteur.
Pour démanteler les quelques 2000 réseaux et identifier les consommateurs, la police pourra à présent contacter les clients grâce aux téléphones saisis chez les dealers de drogue et tenter de décourager leur consommation en les orientant vers une assistance. Les réseaux de trafic étant souvent établis par l'intermédiaire de personnes plus jeunes et plus vulnérables, l’objectif de cette lutte anti-drogue est aussi de protéger les personnes exploitées et de les aider à reconstruire leur vie. Cette opération impliquerait des milliers d'arrestations, la mise en place d’une nouvelle unité de police et de nombreux contrôles et dépistages, sur les réseaux routier et ferroviaire, sur les campus universitaires, …
En termes de sanctions pénales, Boris Johnson a expliqué au Sun que le gouvernement cherchait « de nouvelles façons de pénaliser (les consommateurs) » à travers des sanctions qui « interféreraient avec leur vie ». Les utilisateurs « récurrents » de drogues de catégories A, pourraient ainsi risquer de se voir retirer leur passeport ou leur permis de conduire.
Une stratégie portée sur la sanction qui fait débat
Les militants opposés à cette réforme ont critiqué l’approche du gouvernement britannique fondée sur des sanctions pénales à l’ère où de plus en plus de pays abordent le problème de manière plus « progressiste », ou du moins tournée vers la prévention et l’accompagnement. Le Canada a par exemple récemment légalisé le cannabis, des salles de consommation de drogue ont été ouvertes à New York, et de nombreux pays ont mis fin aux sanctions pénales pour possession de drogue.
Pour Niamh Eastwood, directeur exécutif du think tank Release, le Royaume-Uni « recule dans une approche à la Nixon de guerre contre la drogue ». « Bien qu'un financement accru pour le traitement de la toxicomanie soit bienvenu, l'accent mis sur des peines plus punitives pour les personnes qui fournissent de la drogue est la continuation d'un récit fatigué et dur contre la drogue que nous avons au Royaume-Uni depuis des décennies. » a-t-il ajouté au Guardian. Il estime « cette politique ratée ne fera pas grand-chose pour lutter contre les taux élevés de décès liés à la drogue ».
Au sein du gouvernement fantôme, Yvette Cooper, ministre de l'Intérieur, considère que « trop souvent, le gouvernement fait de grandes promesses, mais ne les tient pas ou fait tout le contraire » et qu’il s’agit cette fois de mettre en place une stratégie « suffisamment importante pour réparer les dommages qu'il a causé ».