En dépit du Brexit, l’Europe est une thématique qui s’impose plus que jamais au Royaume-Uni : sujets économiques, sociétaux, diplomatiques et géopolitiques occupent le devant de la scène. Parmi les acteurs engagés dans l’entretien de ces relations figure Myriam Watson, diplomate au sein de la Délégation de l’Union Européenne au Royaume-Uni et Irlande du Nord. Nous avons eu la chance de la rencontrer et elle nous a confié son riche parcours, ses convictions et ses engagements civiques et humains. A l’occasion de la fête de l’Europe le 9 mai, voici le portrait inspirant d’une citoyenne européenne du monde, qui aime aller à la rencontre des gens et des idées !
Tombée dans la marmite de potion européenne
Née au Mans il y a une quarantaine d’années, de mère française et père marocain, Myriam grandit en région parisienne, dans un contexte culturellement très mixte. Enfant unique, elle adore lire et écoute avec intérêt et curiosité les conversations des adultes, notamment sur les sujets socio-politiques. Après des études de droit, un échange Erasmus à Londres et un double cursus en relations internationales et droit européen, elle rêve de rentrer à l’ONU, mais un stage comme journaliste à la Commission Européenne à Bruxelles lui fait l’effet d’une révélation : c’est pour l’Europe qu‘elle veut s’engager !
D’opportunités en « coups de chance » (qu’elle excelle à provoquer, NDLR), Myriam tisse sa toile, élargit son champ d’action et dessine le contour de ses missions, entre communication, éducation et politique européenne, avec engagement et passion.
Les tourments d’un mariage avec le Royaume-Uni et l’Europe…
2007 est un grand cru pour Myriam : l’année de ses 30 ans, elle se fiance avec Mr Watson, fonctionnaire britannique détaché auprès de la Commission Européenne, elle passe avec succès le concours de fonctionnaire européen, et se fait dans la foulée embaucher comme responsable communication du service d’Aide au Développement à la Commission Européenne ! Le couple doit cependant vivre plusieurs années entre Londres et Bruxelles, au gré des nominations et opportunités de chacun, mais jamais coordonnées !
Le printemps arabe de Myriam
En 2011 pour Myriam, il est grand temps de marquer une pause… Afin de retrouver énergie et inspiration, elle part quelques mois en immersion en Amérique Latine, entre volontariat et tourisme, éprouvant un gros coup de cœur pour le Pérou, le Brésil et l’Argentine. Elle reprend du service à Bruxelles en 2012, comme responsable des Relations Européennes avec le Maghreb en matière de migration et sécurité, en plein contexte de printemps arabe ! Elle s’immerge alors au Maroc, en Tunisie et en Algérie, renouant à cette occasion avec ses racines familiales. « Ce fut une période intense, riche en rencontres, nourrie d’espoirs d’ouverture et de développement » confie-t-elle. Au bout de 5 ans et après la naissance de ses deux enfants, Myriam voit cependant ses priorités évoluer – car quoi de plus précieux que sa famille…
Le Royaume-Uni compte 5 millions d’Européens sur son territoire, soit près de 10% de la population britannique !
La diplomatie européenne au Royaume-Uni, tout un programme…
Aspirant à mettre plus de sens dans ses actions, elle suit un cycle de coaching, à la suite duquel elle décroche en 2020 un poste aussi ambitieux qu’aligné avec ses valeurs, tout juste créé post-Brexit : diplomate au sein de la division UK du Service Européen d'Action Extérieure*, le service diplomatique de l’Union Européenne !
2024 sera l’année du grand retour de toute sa famille à Londres, conformément à leurs désirs, Myriam prenant alors la tête de l’équipe des Citoyens Européens du Royaume-Uni. « Le Royaume-Uni compte 5 millions d’Européens sur son territoire, soit près de 10% de la population britannique ! » révèle-t-elle. Au quotidien, Myriam et son équipe sont au contact des autorités britanniques et d’environ 60 associations, afin de servir au mieux les intérêts des Européens présents.
Décryptage : le rôle d’un diplomate européen
*SEAE, Service Européen d’Action Extérieure, c’est le nom du service diplomatique de l’Union Européenne. Créé en 2011, ce service s’applique à mettre en œuvre la politique étrangère commune de l'UE afin de promouvoir la paix, la prospérité, la sécurité et les intérêts des Européens dans le monde entier. Il existe plus de 140 délégations européennes dans le monde.
Les responsabilités d‘un diplomate européen dans un pays (hors UE donc) sont différentes de celles d’un diplomate national, car il représente les intérêts de l’UE et non pas d’un seul pays… Coordination des politiques extérieures des états-membres et défense des intérêts de tous les citoyens européens présents sur ce pays-tiers sont au cœur de son engagement. (Source : diploweb.com)
Le contraire de diversité et inclusion est uniformité et exclusion : qui veut de cela ?!
Rassembler autour de la diversité
Pour illustrer son action, Myriam Watson nous relate deux exemples de la vie au sein de la Maison Europe à Londres :
Le dernier congrès annuel des citoyens européens, en novembre 2024, a rassemblé de nombreuses organisations, fédérations et associations, qui soutiennent les citoyens européens au Royaume-Uni. « L’émotion était au rendez-vous » lors de la remise des prix EmpowerEU 2024, qui célèbrent les plus belles initiatives de renforcement les liens entre l’UE et le Royaume-Uni !
Le sujet Diversité et Inclusion est un autre combat de longue date de Myriam, qui siège au conseil de l’association Diversité Europe. Lors de la conférence « United in Diversity: inclusion in the current landscape » fin mars furent notamment discutés l’inclusion et l’engagement des Européens dans la vie locale économique et civique au Royaume-Uni. « Le contraire de diversité et inclusion est uniformité et exclusion : qui veut de cela ?! » s’interroge-t-elle.
Penser à soi dans sa globalité
Myriam étant toujours avide d’apprendre et de comprendre, elle s’est formée en 2019 auprès de l’Académie Européenne de Coaching et propose aujourd’hui ses services comme coach interne au sein du SEAE. Sa spécialité ? La transition du milieu de vie, l’inclusion et le job-crafting (l’art de remodeler son emploi).
Le yoga participant aussi à son équilibre de vie - et parce qu’elle ne fait jamais les choses à moitié - elle a passé la certification d’enseignement de cette discipline, par curiosité avant tout ! Elle vient d’ailleurs de coanimer sa première retraite de yoga à Essaouira au Maroc. Europe, diversité, coaching et yoga, Myriam a trouvé sa recette de vie !
Pour conclure, Myriam confie :
« On a souvent une vision partielle de soi, or il faut savoir penser à soi dans sa globalité, se voir dans toutes ses dimensions et l’apprécier. »
Le Best Of de Myriam Watson
- Ce qu’elle aime le plus de Londres : l’énergie des nombreuses femmes fortes issues de la diversité
- Ce qui lui manque de la France : la finesse de sa cuisine
- Sa façon de décompresser : lire
- Une personnalité qui l’inspire : Elif Shafak, novelliste et essayiste turque, et Barack Obama
- Une lecture à conseiller : tous les livres d’Elif Shafak, dont la dernière publication est « There are rivers in the sky » (2024)
- Une envie d’ailleurs : découvrir la Colombie
En savoir plus
- Site internet de la Délégation Européenne au Royaume-Uni : ICI
- Page LinkedIn de la Délégation Européenne au Royaume-Uni : ICI
- Site internet de Myriam Watson : ICI
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