La visite historique d’Emmanuel Macron à Oulan-Bator fin mai 2023 a permis davantage de liens entre la France et la Mongolie. De bon augure donc, pour une potentielle expatriation dans le pays de Gengis Khan. Lepetitjournal.com consacre un dossier spécial sur les relations franco-mongoles et la présence française en Mongolie.
Les relations franco-mongoles: le contexte historique en bref
La France et la Mongolie instaurent leurs relations diplomatiques pour la toute première fois en 1965. Avant cette date, leurs relations n’avaient aucun caractère “officiel” mais remontaient au 13e siècle lorsque les souverains français et mongols entamèrent leurs premiers contacts.
Du 17e au 20e siècle, la Mongolie est sous domination Mandchoue, l’empêchant d’avoir une quelconque relation bilatérale avec la France. Ce n’est qu’en 1911, en pleine chute de l’empire mandchoue, lors de la révolution chinoise que la Mongolie proclame son indépendance. La France, de son côté, ne la reconnaît pas, craignant d’ingérer dans les zones d’influence chinoise et russe, à l’époque en guerre. La non-reconnaissance de son indépendance par les pays occidentaux - seul le Tibet reconnaîtra la Mongolie - fait chavirer le pays d’Asie centrale sous le joug de l’Union soviétique dès 1924. A nouveau, ne voulant pas intervenir dans la sphère d’influence soviétique, la France a préféré rester discrète et ne pas reconnaître l’indépendance mongole.
Ce n’est donc qu’en 1961 que la France reconnaît la Mongolie, en soutenant la - huitième - demande d’adhésion du pays à l’ONU. Les relations diplomatiques entre la France et la Mongolie sont officialisées en 1965. L’année suivante, George Perruche devient le premier ambassadeur français en Mongolie et l’ambassade française ouvre ses portes à Oulan-Bator.
Malheureusement, les relations diplomatiques entre les deux pays se ternissent au milieu des années 1980. Mais dès 1990 et grâce à un renouvellement politique en Mongolie, les relations se normalisent et leur coopération s’est renforcée dans plusieurs domaines: économique, culturel, éducatif, archéologique mais aussi politique.
58ème anniversaire de nos relations diplomatiques ?????, nous célébrons l'intensification de notre partenariat en 2023. Visite du ministre de l'Agriculture, exposition sur Chingis Khan et projets économiques ambitieux, la ??et la ?? continuent de renforcer leur coopération. https://t.co/5NmTfdqwgp
— La France en Mongolie ???? (@France_Mongolie) April 27, 2023
Depuis 2021, Sébastien Surun est ambassadeur de France en Mongolie et a annoncé dans son “Mot de l’ambassadeur” qu’il avait à coeur “d’appuyer et de mettre en réseau les différentes institutions qui sont le cœur battant de la communauté française et des francophones -de tous niveaux- en Mongolie : Ecole, Alliance française, chambre de commerce, entreprises, et bien sûr l’ambassade.”
La visite d’Emmanuel Macron en Mongolie en 2023
Emmanuel Macron s’est rendu pour la première fois en Mongolie les 21 et 22 mai 2023. Plus qu’une première fois pour le Président, son déplacement a représenté la première visite d’Etat française dans le pays d’Asie centrale. Un symbole pour “rehausser la relation entre les deux pays” comme l’indique un communiqué de l’Elysée. La visite a pu étonner mais elle s’inscrit dans un contexte d’envol économique de la Mongolie depuis les années 2010 et autour d’une volonté toujours plus accrue de la part de la France de coopérer sur le plan économique et financier mais aussi écologique.
Avec Ukhnaa Khurelsukh, le président mongol, les deux chefs d’Etat s'étaient notamment entretenus autour des droits de l’Homme et la manière de résoudre les conflits régionaux pacifiquement. Ils ont réaffirmé leur volonté de faire respecter le droit international et la Charte des Nations Unies.
La rencontre a été fructueuse sur plusieurs points : intégration économique davantage creusée, prévisions d’échanges culturels, sportifs, éducatifs, politiques plus poussés, promesse d’aide de la France au développement de la Mongolie, le tout au sein d’une logique de développement durable.
La Mongolie, coincée entre la Chine et la Russie, basée sur l’agriculture et l’extraction minière
La Mongolie, s’étend sur 1 556 000 km2, c’est à dire une superficie égale à trois fois la France mais abrite 25 fois moins d’habitants, soit 2,4 millions de personnes. Cela fait de lui, un des pays le moins densément peuplé au monde. Ses températures peuvent varier entre -40°C en hiver et 35°C en été. 800000 personnes habitent la capitale, Oulan-Bator, représentant le tiers de la population du pays. 15% de la population est d’origine non mongole et est notamment kazakh.
Politiquement, depuis 1992 avec la mise en place de sa constitution et la proclamation de son indépendance, la Mongolie est un pays de type républicain, démocratique et parlementaire.
Mais alors, pourquoi l’expatriation en Mongolie est-elle si méconnue?
La première raison repose sûrement dans le retard économique du pays. Considéré comme un “pays en voie de développement”, le PIB/Habitant y était de 4863 USD en 2022. Ses principales industries reposent sur l’agriculture et le secteur minier. Mais comme le dit l’analyse du marché mongole par la BNP: “ La forte exposition de la Mongolie aux chocs climatiques (hiver rigoureux, sécheresse ou inondations), les améliorations limitées du secteur bancaire et la réduction des efforts de lutte contre le blanchiment d'argent pourraient entraver la croissance à moyen terme. La baisse de la demande de minerais, notamment en Chine, pourrait peser sur les exportations de la Mongolie, ce qui en retour pourrait limiter la croissance économique.”
De plus, les risques démocratiques en Mongolie sont latents : la corruption y a la réputation d’être bien présente (111e sur 180 pays dans l'indice de perception de la corruption de Transparency International). Le taux de chômage y est relativement élevé (8,8% en 2020).
L’expatriation et la présence françaises en Mongolie
En 2019, la Mongolie comprenait 87 Français résidents inscrits sur son territoire. L’ambassade de France en Mongolie estime “à une petite dizaine” le nombre de Français résidents non inscrits. Une petite centaine de Français seraient donc présents dans le pays d’Asie centrale, le plaçant parmi les pays où l’expatriation française est la plus rare.
On pourrait croire que ces chiffres retranscrivent un faible attrait des institutions françaises envers le pays, or ce n’est pas le cas. Oulan-Bator est la préoccupation de nombreux élus de la République: trois conseillers des Français de l’étranger ont d’ailleurs été élus en 2021 pour les circonscriptions de Pékin et Shenyang, qui inclut également les ressortissants en Mongolie. Françoise Onillon (ASFE), Pascal Gentil (Ensemble) et Franck Pajot (Liste Sociale-Ecologie) participent donc au conseil consulaire et sont chargés de formuler des avis sur les questions consulaires ou d’intérêt général, notamment culturel, éducatif, économique et social, concernant les Français établis dans ces circonscriptions.
La Mongolie, faisant partie de la circonscription Asie-Océanie (11e circonscription) est représentée par la députée des Français de l’étranger, Anne Genetet. Vous trouverez d’ailleurs ici la composition du groupe d’amitié France-Mongolie à l’Assemblée Nationale.
De la même façon, les membres du groupe France-Mongolie au Sénat sont listés sur cette page. Ce groupe créé en 1982, propose “d'établir et de resserrer des liens entre le Sénat et le Parlement mongol (le Grand Khoural) et, plus généralement, de contribuer au rapprochement des autorités publiques françaises avec leurs homologues de Mongolie.”
L’’ambassadeur de France en Mongolie s’est exprimé au sujet des entreprises françaises présentes en Mongolie lors de son discours d’accueil: “Les entreprises françaises sont présentes pour appuyer le développement de l’économie mongole, au service des populations. Nos investissements créent des emplois et intègrent la Mongolie dans l’économie mondiale. Nos technologies améliorent la compétitivité du pays. Nos savoir-faire, et le partage d’expérience dans les deux sens, offrent des solutions aux défis environnementaux, de développement urbain, de mobilité.”
Bien sûr, comme dans chaque pays, les Français se regroupent, s’aident, s’entraident et s’informent à travers Facebook. En Mongolie aussi le groupe “Les Français en Mongolie” existe.
Si vous avez encore des interrogations concernant certaines démarches administratives, le contexte politique actuel, la sécurité ou autre, rendez vous sur le site de l’Ambassade de France en Mongolie.
L’école française de Mongolie
L’école Française de Mongolie se situe près du Palais Bogd Khan à Oulan Bator et est une école internationale à but non lucratif gérée par une association de parents d’élèves: l’Association de l’Ecole Française. L’EFM enseigne le programme français et est homologuée par l’Agence pour l’Enseignement Français à l’Etranger (AEFE).
L’EFM accueille tous les enfants de 2 à 18 ans. La maternelle, l’élémentaire, le collège et le lycée sont répartis en 4 classes. Les enseignants de l’EFM, formés et expérimentés, enseignent le programme du ministère de l’éducation nationale français, complété par des cours d’anglais et de mongol.
Vous trouverez toutes les informations nécessaires concernant l’inscription de vos enfants, de la maternelle à la Terminale, à l’Ecole Française de Mongolie ici.
Pourquoi une expatriation en Mongolie est-elle une bonne idée?
Les perspectives d’augmentation et d’intensification des échanges franco-mongoles, la mise en place de vols directs entre les deux Etats et le développement de l’apprentissage du français en Mongolie et du mongol en France, viennent s’ajouter aux arguments qui devraient peser dans la balance pour votre potentielle expatriation en Mongolie.
Paysages époustouflants, gentillesse mongole, culture enrichissante et nourriture à couper le souffle, la Mongolie n’a pas l’habitude de décevoir touristes et expatriés.
Breanna, expatriée américaine en Mongolie depuis maintenant cinq ans et directrice d’une agence de voyages en Mongolie, consacre un blog “Meanwhile in Mongolia” à son expatriation. Elle partage conseils pratiques, anecdotes et itinéraires de voyages aux touristes ou futurs expatriés qui aimeraient sauter le pas. D’après Breanna, en Mongolie, “peu de gens” savent parler anglais, elle consacre donc une partie de son temps à l’apprentissage de la langue mongole. Cette dernière appartient d’ailleurs à la branche des langues turco-mongoles et se différencie totalement du russe ou chinois.
“La Mongolie est l'endroit idéal pour quelqu'un qui, comme moi, aime vivre en ville mais chérit chaque instant passé dans la nature.” En effet, Breanna explique que Oulan-Bator offre un cadre urbain très appréciable mais permet en même temps d’accéder au désert de Gobi ou aux eaux très claires du lac Khövsgöl.
Comment s’expatrier en Mongolie?
Habituellement, l’expatriation en Mongolie apparaît dans le contexte d’une offre d’emploi spécifique ou pour suivre son ou sa partenaire. L’obtention d’un visa de plus de 90 jours est en effet très compliquée. Exit donc la Mongolie comme destination pour les “nomades digitaux”, ces serial voyageurs qui sont, en fait, employés, contrairement à la Colombie qui vient de mettre en place un Visa spécifique “Digital Nomads”.
Si vous avez la chance de pouvoir partir en Mongolie parce que votre entreprise vous le propose, saisissez ce moment comme une chance, elle n’est pas donnée à tout le monde. Souvent les expatriés sont accompagnés et informés par leur entreprise pour les formalités de départ. Les médias comme Montsame, la Mongolian National News Agency ou UB Post, un journal en anglais basé à Oulan-Bator, vous avertiront des actualités importantes.