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Anne Henry-Werner : « Fédérer les associations FLAM en allant à leur rencontre »

L’union fait la force. Un adage qui ne doit pas déplaire à la nouvelle présidente de FLAM Monde, Anne Henry-Werner, basée à Francfort, pour qui il est important de structurer plus précisément le dispositif d’enseignement du français à l’étranger FLAM et ses 150 associations à travers le monde. 

Anne Henry-Werner, nouvelle présidente de la Fédération FLAM MondeAnne Henry-Werner, nouvelle présidente de la Fédération FLAM Monde
Écrit par Maël Narpon
Publié le 17 mars 2023, mis à jour le 6 juin 2023

La Fédération FLAM Monde, qui a vu le jour fin 2021 pour tenter de fédérer les différentes associations du dispositif FLAM (Français LAngue Maternelle) à travers le monde, s’est récemment dotée d’un nouveau bureau, avec à sa tête Anne Henry-Werner. Cette association loi 1901, soutenue par l’AEFE (Agence pour l’enseignement français à l’étranger), vise à fournir un enseignement du français dans un cadre extra-scolaire aux enfants français et francophones vivant à l’étranger. La seconde partie du mois de mars s’annonce symbolique pour FLAM Monde avec la date butoire de demande de subvention et la journée internationale de la francophonie qui tombent le 20 mars. Dans ce contexte, la présidente Anne Henry-Werner évoque avec nous le développement de FLAM Monde et la volonté d’offrir une réelle structure globale au dispositif FLAM et à ses associations, estimées au nombre de 150 dans le monde. 

 

Le but premier est de fédérer les associations FLAM en allant à leur rencontre à travers le monde et de faire leur connaissance

Quels sont les grands axes sur lesquels vous souhaitez insister en tant que nouvelle présidente de la Fédération FLAM Monde ? 

Nous continuons l’action engagée sous la présidence de Marine Havel. Le but premier est de fédérer les associations FLAM en allant à leur rencontre à travers le monde et de faire leur connaissance. Nous cherchons à faire une sorte de cartographie, nous seulement géographique mais aussi de contenu. C’est-à-dire déterminer quelles sont les FLAM qui proposent du français langue maternelle à des enfants français l’étranger non scolarisés dans les milieux français, indépendamment du fait qu’elles soient répertoriées dans le dispositif de subventionnement FLAM Monde. Il existe des associations qui font du FLAM sans être subventionnées mais que la Fédération souhaite connaître. Le but est d’intégrer ces associations à la Fédération. 

 

Nos chargés de mission pédagogique mettent en place des outils, donnent des ressources pour aider les associations dans leur programme pédagogique, organisent des rencontres virtuelles - les cafés FLAM. Le troisième axe est le développement de la communication, notamment par la création d’un nouveau site contenant des ressources pédagogiques. Nous sommes obligés de nous lancer sur tous les fronts en même temps. 

 

 

 

A quelle échelle est-il déployé et combien touche-t-il de personnes dans le monde ? 

Difficile à dire. C’est pour cela que nous avons besoin de cet état des lieux. Il faut qu’il soit le plus fin possible. Nous avons établi une feuille de route précise pour y parvenir. En ce moment, nous estimons qu’il y a à peu près 150 associations FLAM, ce qui représente plusieurs milliers d’élèves, même si nous n’avons pas de chiffre précis à l’heure actuelle en raison de l’énorme écart de taille entre certaines structures. Il va également nous falloir faire la différenciation entre les activités des FLAM, qui peuvent aussi enseigner le français comme langue étrangère car les associations accueillent aussi des enfants d’autres nationalités ayant le français comme langue maternelle. L’idéal serait qu’il y ait des FLAM partout où il n’y a pas d’établissement français accessible à tous les enfants français.

 

Quelles évolutions a connu l’enseignement FLAM au cours des dernières années ? 

Après 2018, le budget FLAM a chuté en passant de 600.000 à 250.000 euros, et nous ne savons pas vraiment pourquoi. Mais ce n’est pas ce qui est important, ce qui compte est que nous nous sommes rendus compte qu’il n’y avait pas de réelle structure, sauf dans certaines régions comme le Royaume-Uni et les Etats-Unis. Le reste du monde n’évoluait pas car il n’y avait pas de base fédératrice. Partant du constat que le dispositif FLAM était en train de s’étioler, nous nous sommes réunis. La fédération a tout de suite pris contact avec l’AEFE et le ministère des Affaires étrangères, qui ont réagi rapidement d’une manière très positive. C’est comme ça que le budget alloué à FLAM a pu être remonté en 2022 à 1 million d’euros répartis entre toutes les associations. 2022 a donc été l’année de relance du réseau FLAM. 

 

Comment se porte-t-il ? 

C’est mitigé. Nous nous apercevons qu’il y a énormément d’endroits dans le monde où il pourrait y avoir des associations FLAM et où il n’y en n’a pas. Le réseau ne grandit plus depuis un certain temps, mais il devrait théoriquement grandir car la plupart des enfants français à l’étranger n’ont pas accès au réseau classique d’enseignement du français. Nous sommes là pour l’aider à croître, sachant que ce travail repose essentiellement sur le bénévolat. A terme, il va falloir étudier dans quelle mesure nous pouvons encore nous appuyer sur ce critère bénévole. Nous n’avons pas encore le recul pour le dire, mais faire évoluer le réseau en suscitant la création de nouvelles associations fait partie de nos priorités.

 

L'équipe de FLAM Monde avec pour présidente Anne Henry-Werner

 

Comment FLAM Monde et les associations FLAM à travers le monde sont-elles financées ? 

La première année, la Fédération FLAM Monde a survécu sans aucun moyen financier. Le bureau menait ainsi des actions bénévolement. En 2022, nous avons obtenu une subvention du ministère des Affaires étrangères par le biais de l’AEFE. Grâce à cela, nous avons recruté six prestataires chargés de mission. Nous ne sommes donc opérationnels que depuis trois mois. Nous avons commencé à lancer une campagne d’adhésion auprès des FLAM à hauteur de 20 euros par an car ce sont généralement de petites associations avec peu de moyens. Une de nos chargées de mission doit évaluer comment nous pourrions sortir de cette dépendance totale de subventions, notamment en concluant des partenariats. 

 

En ce qui concerne les différentes associations à travers le monde, il faut savoir que FLAM est un dispositif de subventionnement qui existe depuis plus de 20 ans. Elles peuvent disposer de trois types de subventionnement. Une nouvelle FLAM qui se crée peut demander une aide au démarrage pendant cinq ans, d’une manière dégressive. Une fois l’aide au démarrage terminée, il est possible de poursuivre avec des aides à projet. L’association FLAM est ainsi appelée à réfléchir à un projet qui peut être la création d’un journal, d’une bibliothèque etc. Le troisième type de subventionnement concerne les regroupements régionaux. En dehors de ce cadre, les associations doivent s’autofinancer. De rares FLAM parviennent à salarier leurs responsables mais cela reste minoritaire. Beaucoup ont aussi pour objectif d’être accessibles à toutes les bourses, ce qui implique un plafonnement des cotisations. 

 

En quoi le dispositif FLAM complète et participe au rayonnement de l’enseignement français à l’étranger ? 

Même si les activités et enseignement des FLAM s'inscrivent dans un cadre extra-scolaire, nous nous positionnons plutôt dans la ligne directrice de l'AEFE; à savoir prodiguer un enseignement français à des enfants français ou francophones. Le but étant de donner accès à l'enseignement français au plus grand nombre d’enfants ayant la nationalité française ou étant francophones. Il s’agit plus d’une mission vis-à-vis des enfants français nés dans le pays d’implantation que d’une mission de rayonnement extérieur de notre langue. On leur donne la possibilité de s’identifier un petit peu plus à cette langue maternelle, et à l’intégrer comme telle.