La députée de la 5e circonscription des Français de l’étranger, Samantha Cazebonne, revient sur une rentrée très chargée. La représentante des Français d’Espagne, du Portugal et Andorre aborde avec nous la situation des établissements français à l’étranger, la transition verte et l’importance du respect animal.
Comment s’est déroulée cette rentrée 2020 si particulière pour les établissements français à l’étranger ?
Cette rentrée s’est globalement bien passée. Au niveau des effectifs, le nombre de départs n’a pas été aussi important que prévu. Nous perdons tout de même entre 3000 et 4000 élèves mais nous nous attendions à bien pire. Ces chiffres nous permettent de nous apercevoir que nos établissements ont conservé la confiance des familles, qui pouvaient parfois être déçues. Les mesures d’aides gouvernementales et l’engagement financier des familles ont été au rendez-vous et ont permis d’éviter un certain nombre de départs.
Du côté des établissements, la moitié a repris en présentiel. Ceux toujours en distanciel améliorent aussi leur qualité d’enseignement. Tous les moments de fronde et d’expressions virulentes de la part des familles, que nous avons vécus au troisième semestre, nous n’en avons pas de témoignage en cette rentrée, ou très localement. Cette rentrée est donc satisfaisante et apaisée, au moins pour le moment.
Nous faisons avec les moyens mis à notre disposition
L’inclusion était au coeur des objectifs de l’AEFE en cette année anniversaire. Pensez-vous que les familles françaises de votre circonscription sont suffisamment soutenues face à des situations de handicap ?
Je le dis sans aucune provocation : nous faisons avec les moyens mis à notre disposition. Lorsque l’on est une famille qui vit l’inclusion par le biais de l’un de ses enfants, on considère naturellement qu’il y a toujours matière à attendre plus, d’autant plus lorsque l’on vit à l’étranger et que l’on n’a pas à disposition toutes les offres de services des écoles en France. L’enseignement français à l’étranger a déjà beaucoup progressé et rapidement. Il faut continuer dans cette dynamique et surtout ne pas s’arrêter. C’est un sujet fondamental qui contribue aussi à l’excellence française. Nous devons accueillir tout type d’élèves, quel que soit leur profil.
Cette rentrée est l’occasion aussi de tester les menus végétariens dans les cantines en France. Quels sont les effets positifs de cet amendement que vous aviez défendu ?
J’en vois beaucoup. La production intensive de viande accélère le dérèglement climatique en matière d’empreinte carbone et de couche d’ozone. Ce menu végétarien fait donc prendre conscience aux jeunes qu’il est possible de changer raisonnablement notre alimentation. Les effets existent pour la planète mais aussi pour le vivre ensemble, puisqu’il y a des enfants qui ne mangent pas de viande et qui se sentent parfois exclus. Une alternative végétarienne au quotidien leur permet de se retrouver ensemble à table et de créer du lien social.
Ces menus végétariens privilégient le circuit court et donc l’économie locale. Ils permettent de repenser l’idée que l’on se fait des légumes et de la saisonnalité des produits. Les cuisiniers peuvent utiliser des légumineuses ou des légumes d’autrefois. La cuisine végétale permet alors de revenir à des fondamentaux. Cet amendement était une réelle attente sociétale. Il n’y qu’à regarder les rayons des supermarchés pour s’en convaincre.
Il est indispensable de mettre ce sujet au coeur des débats
Vous défendez également la cause animale notamment via une proposition de loi visant à protéger les mineurs de l’exposition à la violence exercée sur les animaux. Que pensez-vous de la proposition de référendum pour les animaux ?
Je l’ai signé et j’y souscris. Il est indispensable de mettre ce sujet au coeur des débats. Le parlement doit s’en saisir. C’est une attente forte des Français qui sont attachés aux animaux. Aujourd’hui être sensible aux animaux, c’est aussi être sensible aux Hommes. Pour paraphraser Gandhi, on reconnait la grandeur d’une nation à la façon dont elle traite les animaux. Ce référendum est une manière de montrer que nous ne sommes pas indifférents à la souffrance animale. C’est ce signal là que les Français attendent.
Vous vous êtes également réjouie des 146 propositions de la #ConventionCitoyenne pour le climat retenues par le président de la République. Pensez-vous que la France soit prête pour une réelle transition verte ?
Je suis convaincue que les Français le sont. La transition écologique a été souvent évoquée lors du Grand Débat. Les Français attendent les politiques sur ce sujet mais nous devons faire avec des réticences lobbyistiques au niveau industriel mais également de certains Etats. Certaines mesures écologiques ont également un coût financier. Le politique fait donc face à des rapports parfois difficiles avec certains lobbys, qui ne voient pas du bon oeil que l’on vienne parfois contrecarrer leurs plans. Les mesures prises ne seront jamais assez fortes pour de nombreux citoyens mais nous devons faire face à un contexte. Il faut laisser le temps de l’adaptation et de la reconversion aux industriels.
Je souhaite rencontrer nos forces vives
Dans le Plan de Relance, de nombreuses mesures vont dans le sens d’une économie plus verte et du développement durable. Pensez-vous que les Français de l’étranger pourront faire partie de ce mouvement ?
Je compte l’impulser. Je souhaite rencontrer nos forces vives, ces entrepreneurs qui ont besoin que nous les soutenions et que nous les mettions en lumière. Lors d’un prochain déplacement en Espagne, je souhaite inviter le secrétaire d’Etat à rencontrer ces acteurs, ceux qui s’engagent dans le développement durable à l’étranger via des filiales d’entreprises françaises ou des entreprises locales. Si nous ne pouvons pas beaucoup pour elles, nous pouvons amener du conseil et de l’expertise, à travers Expertise France, Business France, les French Tech ou encore les Chambres de commerce internationales. Toutes ces structures s’engagent et veulent être associées à ce Plan de Relance. Mon travail est de sensibiliser l’exécutif pour l’amener à regarder vers les Français de l’étranger.
Les entrepreneurs français à l’étranger se sentent oubliés des aides proposées suite à la pandémie. Quelle est la situation dans votre circonscription ?
Il y a le meilleur comme le pire. Certains tirent les bénéfices de la crise car leur business était orienté vers le numérique ou des services qui ont particulièrement bien fonctionné. Il y a ceux qui se sentent désespérés et ne bénéficient pas du soutien qu’ils auraient eu en France. La France aide déjà beaucoup à travers ses écoles, son réseau culturel et les services de conseil qui sont mis à disposition. Il est difficile d’aider directement des entrepreneurs qui se sont installés à l’étranger et paient leurs impôts là-bas. J’y serais favorable au cas par cas mais il faut savoir comment les aider. Des mesures de soutien et des possibilités de crédits sont déjà en place.
34% des retraités expatriés français vivent en Espagne ou au Portugal. La dématérialisation du certificat d’existence a permis une simplification de la procédure. Quelles sont les évolutions attendues aujourd’hui ?
Je prépare un amendement pour permettre une avancée majeure, qui serait la reconnaissance biométrique faciale de chez soi. Cela permettrait de faciliter la procédure pour les retraités dès lors qu’ils ont accès à un ordinateur ou un téléphone portable avec une caméra. Je veux porter ce projet en espérant qu’il puisse aboutir rapidement.