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Samantha Cazebonne - « L’Etat doit être un propulseur »


Samantha CazebonneSamantha Cazebonne
Écrit par Sandra Camey
Publié le 23 juin 2020

Samantha Cazebonne, députée de la 5e circonscription des Français de l’étranger, lutte pour une France respectueuse de l’environnement et plus éthique envers les animaux. Ses engagements ne s’arrêtent pas là et s’étendent, en plus de la représentation des Français de l’étranger, à la protection de la culture française et de la francophonie hors de l’Hexagone.


 

Cet engagement est pour moi de longue date

Parlez-nous plus en détails de la tribune #CapVersDemain que vous avez signée ?


Samantha Cazebonne - Pour cela, je dois d’abord vous parler de mon engagement pour les sujets environnementaux, le respect et la défense du vivant dont les animaux. Cet engagement est pour moi de longue date. Je m’associe systématiquement à un certain nombre d’appels à l’évolution de ces conditions. Je connais bien ceux qui ont créé l’association CAP, qui réunit un groupe d’associations essayant de faire converger leurs idées et de les faire aboutir. Ils reprennent un certain nombre de sujets que je défends, comme la condition du bien-être animal dans les élevages et l’évolution vers la fin de l’élevage intensif. Mais aussi, tout ce qui est de l’ordre de la substitution des expérimentations animales. Malheureusement sur un plan européen, chaque laboratoire a tendance à travailler de son côté et à refaire les mêmes expériences, alors qu’aujourd'hui nous pouvons utiliser des alternatives. Je peux aussi citer la présence d'animaux sauvages dans les cirques et les conditions indignes de certains zoos.

Durant la pandémie, les refuges se sont exprimés sur la difficulté à recevoir des personnes qui voulaient prendre en charge des animaux et les accueillir dans leur foyer. Il a fallu se battre pour avoir des dérogations aux règles qui permettaient des déplacements. Ce sont entre autres, les raisons pour lesquelles je me suis associée avec CAP. Il était tout naturel que je signe cette tribune qui défend des sujets qui me tiennent particulièrement à coeur.



 
 


Ce qui nous est proposé nous emmène à revoir nos propres envies

Pensez-vous que la société post-covid-19 sera prête à changer pour devenir plus respectueuse de la nature ?


Je crois qu’il y a beaucoup de signaux qui vont dans ce sens, mais les intentions peuvent différer des actes. Durant ces temps de confinement, je pense que nous nous sommes tous adonnés à de la réflexion. Nous avons pour un grand nombre de belles intentions pour devenir plus attentifs ou respectueux de certaines choses. Ce temps de confinement nous a aidé dans cette voie. Malheureusement nous pouvons nous heurter à la réalité qui diffère de nos ambitions de changement et nous emmène à revoir nos propres envies. Par exemple à titre personnel, j’ai commencé à regarder en rangeant les armoires, l’origine de nos vêtements. Je me suis aperçue que beaucoup viennent des mêmes endroits. J’ai alors voulu voir comment je pourrais à terme mieux acheter, en choisissant des tissus qui respectent la biodiversité et possèderaient entre autres des chartes éthiques. Mais cela est extrêmement difficile car il faut trouver des produits qui soient abordables financièrement et accessibles.

Cette évolution est souhaitable et j’espère que nous allons pouvoir accepter ce phénomène pour rendre la société plus respectueuse de la nature. Cela doit être accompagné d’un certain nombre de critères dans la loi et dans la norme. Elles imposeraient aux entreprises un cahier des charges pour respecter davantage notre environnement, le bien-être animal et le vivant en général. Pour moi, c’est donc la tendance mais encore faut-il qu’elle se confirme. 



 
 
 


Nous sommes attachés, particulièrement lorsque nous sommes européens, à consommer européen

A long terme, ces changements en faveur de l’environnement et des animaux, auront-ils des effets bénéfiques sur notre économie ?

Si nous le décidons, oui, comme avec la question de la re-localisation de notre économie. Par exemple la viande venant des pays européens fait face à la viande locale. Cette dernière se retrouve prise au sein du phénomène de concurrence sur les coûts, n’aidant pas à favoriser la production locale. Cette re-localisation peut être vertueuse pour notre économie. Aujourd’hui nous sommes attachés, particulièrement lorsque nous sommes européens, à consommer européen. Je pense que nous devrions commencer à rentrer dans des logiques locales en matière de consommation. Cela deviendrait vertueux si les entreprises consommaient localement et à travers du bio, en respectant un certain nombre d’engagements tels que la maitrise de l’empreinte carbone. Les effets bénéfiques pourraient être d’autant plus importants avec une injonction politique favorisant cet investissement. L’Etat doit être un propulseur. Nous devons investir dans l'ingénierie française pour pouvoir emmener à consommer des produits qui répondent à ces exigences. Mais ce sont des investissements que l’Etat doit faire pour que notre économie soit plus respectueuse de l’environnement et du vivant. Cela bénéficierait même aux emplois français.
 


Nous devons trouver des solutions pour accompagner les entrepreneurs localement


Pensez-vous mettre en place des plans de soutien pour la communauté entrepreneuriale française, particulièrement impactée par la crise sanitaire ?

Ce sont des décisions qui ne se prennent pas uniquement à l’échelle d’une circonscription. Il va falloir établir des diagnostics plus précis sur les attentes. Beaucoup d’entrepreneurs partis à l’étranger n’attendent plus grand chose de la France parce qu’ils ont, par définition, quitté l’Hexagone. Mais si ces entrepreneurs, pour la plupart les petits qui subissent le plus de dégâts, ont besoin d’un soutien de l’Etat, il va falloir que nous puissions trouver les moyens pour les aider. Nous devons trouver pour certains, des solutions pour les accompagner localement avec, par exemple, des garantis portées par l’Etat lorsqu’ils ont besoin de trésorerie.

Il y a un certain nombre de leviers possibles. A ce stade, ils sont en cours d’évaluation. Nous cadrerons ensuite des décisions pour pouvoir voir comment nous pouvons les aider. Ce sont pour la plupart des personnes qui sont aujourd’hui soumises au droit local, rendant plus compliquée l’aide dans le pays étranger. Notre but est de les aider à l’étranger, mais lorsqu’ils n’ont pas le choix de rentrer en France, les Français de l’étranger doivent être accompagnés et leurs démarches doivent être facilitées. Nous y travaillons actuellement en nous appuyant sur de précédentes réformes. 


 

Il va falloir que nous répondions présent


Quel est votre positionnement par rapport au plan d’urgence pour les Français à l’étranger et en particulier les mesures prises pour l’enseignement français à l’étranger ?


Si nous parlons du plan général et de l’aspect sanitaire, la télé-médecine a été extrêmement bienvenue. Beaucoup de Français en ont eu besoin, alors qu’ils vivaient à l’étranger ou étaient en déplacement. Ce sont des millions d’euros qui ont été extrêmement bien utilisés pour arriver au secours de nos concitoyens.

Pour l’enseignement français, les 50 millions qui y ont été alloués sont précieux. Au début ils devaient être sous forme d’avance. L’Etat devait avancer et les familles devaient ensuite rembourser sur un temps court. Mais cela n’était pas tout à fait conforme à nos attentes et nous avons réussi à les faire évoluer. L’Etat français ne va plus faire l’avance de cette somme mais en faire une subvention, ce qui va permettre à hauteur de 50 millions d’euros, d’aider directement l’ensemble des familles du réseau. Je vais porter dans l’Hémicycle d’ici une semaine des

amendements pour que ces 50 millions arrivent dans l’ensemble des établissements sous forme d’aides, permettant aux établissements de s’adapter aux conditions sanitaires locales et faire en sorte que les établissements puissent s’équiper en numérique.
 

Quels sont les points d’amélioration que vous défendrez à l’Assemblée ?

Cette crise nous a montré qu’il fallait nous adapter et que nos enseignants doivent se former. D’autres perturbations pourraient éventuellement arriver dans les prochains mois. Mes amendements porteront sur un fléchage de ces 50 millions pour qu’ils arrivent dans les établissements dès septembre. Cela permettra aux professeurs d’être formés durant l’année et d’être capables de réagir de manière extrêmement rapide, coordonnée et concertée. Il ne faut pas reproduire certaines erreurs, à savoir des établissements où les équipes ont très bien réagi mais où il y avait de la dé-coordination. Cela mérite d’être pris en charge, notamment financièrement.


Il y a également une aide très importante à apporter au réseau culturel français
. Le plan d’aide doit englober à la fois nos Instituts, nos Alliances et nos réseaux éducatifs et culturels. Pour moi, il est indispensable que la France soit présente. Même si le réseau culturel s’exprime moins fort que le réseau scolaire, ils ont tout aussi besoin de notre aide. Il va falloir que nous répondions présent, si nous ne voulons pas voir se fermer un certain nombre d’Alliances qui participent autant que les réseaux scolaires au rayonnement de la France et de la francophonie. Je me battrai dans l’Hémicycle sur ces points.


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