Les Français de l’étranger ont désormais leur propre groupe de réflexion. Le think tank « La France et le monde en commun » se penche sur les problématiques qui les concernent. Parmi elles, la réflexion sur le lien entre binationalité et engagement politique à travers une étude récente.
Une vaste étude de plusieurs mois portant sur la binationalité et l’engagement politique a été publiée le 7 septembre 2022 par le groupe de réflexion « La France et le monde en commun », le premier du genre à tourner autour de la thématique des Français de l’étranger. Un sujet largement délaissé alors qu’un tiers des immatriculés dans les consulats français à l’étranger sont au moins binationaux, un chiffre qui peut monter bien plus haut, comme au Maroc (69%).
Cette étude inédite a été réalisée conjointement par Laure Pallez, conseillère des Français de l’étranger aux Etats-Unis, Florence Baillon, docteure en littérature, conseillère ministérielle, ex-conseillère consulaire en Equateur, traductrice et Hélène Demeestre, conseillère élue à Los Angeles, ainsi qu’historienne. Leur but était de mener une étude pour comprendre, « sans angélisme ni cynisme », si la binationalité - ou la plurinationalité - constituait une spécificité dans l’engagement politique. Connaissant les clichés collant à la peau des Français de l’étranger et des binationaux, la tâche n’était pas mince. lepetitjournal.com vous en présente les résultats.
Une étude inédite portée sur la binationalité à travers les conseillers des Français de l’étranger
Suivant donc une ligne directrice qui se veut neutre, les autrices de l’étude ont auditionné dix représentants des Français de l’étranger, qui se trouvaient être binationaux ou plurinationaux eux-mêmes. Pour ce faire, Laure Pallez, Florence Baillon et Hélène Demeestre ont étoffé leur équipe en faisant appel à Marie-Christine Peltier Charrier, docteure en anthropologie sociale, qui a conduit les entrevues avec les différents élus binationaux ou plurinationaux. Parmi les personnes auditionnées pour l’occasion, nous retrouvons notamment la présidente de l’Assemblée des Français de l’étranger (AFE) Hélène Degryse et son vice-président Ramzi Sfeir.
Si le sujet de la binationalité reste relativement oublié, il pourrait prendre de l’ampleur compte tenu du nombre de représentants binationaux des Français de l’étranger. Les co-rédactrices de l’étude confient être elles-mêmes concernées et avoir été « naturellement amenées » vers la réalisation de cette initiative inédite de par leurs « trajectoires personnelles et professionnelles ». Une étude d’une importance particulière pour Laure Pallez : « La binationalité est un sujet peu traité. Encore moins quand on l’interroge à la lumière de l’engagement politique. Elle prend alors une dimension particulière, profondément contemporaine et liée aux évolutions historiques des pays. »
Une binationalité plutôt avantageuse pour les élus : les résultats de l’étude jugés « à la hauteur de l’investissement »
Il ressort premièrement de l’étude que la binationalité des élus interrogés constitue un avantage électoral ainsi qu’un atout dans l’exercice de leur mandat. Ayant une connaissance pointues de leur pays d’origine et de leur pays de résidence, les binationaux disposent ainsi des clefs de compréhension plus adaptées pour aiguiller leurs administrés dans les différentes circonscriptions. Les élus, de par la détention de cette autre nationalité jouissent d’un autre statut, non seulement juridiquement, mais surtout aux yeux des institutions locales.
L’interculturalité des binationaux représente également un atout de taille dans la promotion de la France et de ses projets à l’étranger, ils ne sont ainsi pas qu’un pont entre les ressortissants français et le pays où ces derniers se sont établis, ils servent aussi de pont entre leurs deux pays. Il arrive également que les candidats à des élections des Français de l’étranger mettent en avant leur binationalité au cours de leur campagne. Dans ce cas de figure, ils auront plutôt tendance, au sein d’une circonscription, à mener une campagne plus poussée auprès des ressortissants français du pays dont ils ont la nationalité. Si l’étude relève aussi que cette double nationalité ne doit pas être considérée comme une double allégeance, l’implication des élus binationaux dans l’administration locale leur permet de ne pas écarter la possibilité de se présenter à des élections dans le pays de résidence.
Laure Pallez, Florence Baillon et Hélène Demeestre concluent que leur entreprise a surtout démontré le manque de données disponibles concernant la binationalité et tous les sujets s’en approchant de près ou de loin.
Une étude sur les Français de l’étranger et la binationalité qui en appelle d’autres pour « La France et le monde en commun »
Cette étude n’était pas la première et ne sera certainement pas la dernière enfantée par le think tank « La France et le monde en commun » qui s’est déjà penché sur des sujets tels que l’IVG en droit comparé ou la campagne présidentielle française vue des Etats-Unis. Par la suite, les autrices de cette étude sur la binationalité et leurs collaborateurs et collaboratrices pourraient, entre autres, chercher à se pencher sur des sujets tels que le poids des communautés étrangères en France et leur lien avec les élus binationaux.