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Le Routard, 50 ans de voyages et d’histoires dans le baluchon

Philippe Gloaguen, cofondateur du guide du Routard, dans son bureau parisienPhilippe Gloaguen, cofondateur du guide du Routard, dans son bureau parisien
Philippe Gloaguen, cofondateur du guide du Routard, dans son bureau parisien.
Écrit par Maël Narpon
Publié le 28 avril 2023, mis à jour le 28 avril 2023

Ce mois d’avril 2023 voit un petit bonhomme au sac bien chargé fêter ses 50 ans. Le Routard, qui accompagne les voyageurs et expatriés depuis 1973, passe un cap symbolique cette année, et qui de mieux que son cofondateur Philippe Gloaguen pour en parler ? 

 

L’incontournable Routard et ses guides fêtent leurs 50 ans en ce mois d’avril 2023, après 55 millions d’exemplaires vendus depuis 1973. L’occasion rêvée d’aller à la rencontre de son directeur et cofondateur Philippe Gloaguen. Dans son bureau parisien aux étagères pleines de ses guides, il nous raconte la symbolique de ce 50e anniversaire, l’importance des expatriés, la constante actualisation des éditions des ouvrages du Routard et l’adaptation aux nouvelles formes de tourisme. 

 

Les chiffres des 50 ans du guide du Routard

 

A 50 ans, comment se porte le guide du routard, que ce soit la version papier ou numérique ? 

Nous avons traversé la crise du Covid, qui a été la plus grosse crise de notre existence. Jamais nous n’avions vu une crise si violente, et nous en avons pourtant connu d’autres. Nous sommes descendus à - 80% des ventes. Nous avons tenu bon, et depuis quelques semaines nous avons retrouvé les chiffres de 2019, ce qui représente 2,5 millions d’exemplaires. 

 

Le Routard papier est donc assez vite revenu à son niveau, et notre site routard.com, lancé en 2001, marche du tonnerre de Dieu. La qualité de rédaction et d’information est la même dans les deux formats. 

 

Que représente ce cap symbolique ? 

C’est un succès parce que la durée moyenne de publication d’une collection de livres est largement dépassée alors que l’intérêt pour nos guides ne diminue pas. Nous sommes donc très satisfaits. Notre rédaction est belle et des collaborateurs qui lui sont très fidèles, certains rédacteurs sont là depuis 20 ans. 

 

Comment expliquez-vous un tel succès après tant d’années ?

Par le travail et la sincérité. On ne peut pas nous piéger sur des adresses qui auraient été monnayées. La règle : nous payons tout, que ce soit les hôtels ou les restaurants. C’est le prix de la liberté. Si une adresse n’est plus à la hauteur de ce qu’elle a pu être, il peut nous arriver de la supprimer. Nous ne devons rien à personne car nous avons payé l’addition. Si nous étions invités, cela changerait totalement la donne. 

 

Nous gardons des liens précieux pendant des années avec des expatriés

Quelle est l’importance des expatriés pour le Routard ? 

Ce sont des personnes qui nous sont particulièrement fidèles car le Routard est un peu leur livre de chevet grâce aux informations pratiques. L’inconvénient d’être expatrié est de débarquer dans des coins inconnus où il peut être difficile de trouver ces informations. Beaucoup d’entre eux prennent plaisir à nous écrire car ils plongent dans le pays d’accueil et en acquièrent très vite une bonne connaissance. Nous gardons des liens précieux pendant des années avec des expatriés. Le voyage ne relève plus des vacances mais devient une partie entière de leur métier. 

 

Qui sont les personnes qui contribuent à l’existence du Routard ? 

Nous travaillons beaucoup avec des expatriés qui nous écrivent et avec qui nous avons de bonnes relations, mais ce sont toujours nos rédacteurs qui vont vérifier sur place pour qu’il y ait une homogénéité des adresses. Travailler uniquement avec des personnes déjà sur place poserait problème en fonction du niveau de vie de ces personnes. Les adresses répertoriées doivent être accessibles à tous nos lecteurs. Les correspondants sur place nous donnent cependant des tuyaux, que l’on vérifie nous-mêmes. La rédaction d’un guide requiert 4 à 5 enquêteurs sur le terrain pendant plusieurs mois. Entre les personnes travaillant à la rédaction en chef, les pigistes, celles et ceux travaillant chez l’éditeur et la rédaction du routard.com, le total des effectifs est porté à environ 120. 

 

Plusieurs exemplaires du Routard posés sur le bureau de Philippe Gloaguen

 

Pensez-vous que le Routard soit toujours une référence même pour les plus jeunes générations de voyageurs ? 

Oui, et c’est ça le secret. Chaque année, une nouvelle génération arrive, de nouveaux 18-25 ans qui vont voyager en couple, avec leurs amis, ou seuls. La génération ancienne ne part pas tant que ça et part moins loin, mais reste fidèle au Routard. Nous ne voyons pas la jeune génération arriver tout de suite, elle teste d’abord les réseaux sociaux, jusqu’au moment où elle a besoin de culture. Internet n’est pas à la hauteur de ce que nous racontons dans nos guides. J’ajouterais qu’il n’y a pas, à l’heure actuelle, de collection avec la qualité et la remise à jour du Routard. 

 

Comment voyez-vous l’avenir du Routard ? 

Nous ne savons pas de quoi l’avenir sera fait donc nous n’avons aucune appréhension. Ce que l’on sait c’est que nous nous adaptons très vite. Il faut donc avoir des équipes qui ont confiance et des éditeurs puissants, ce qui est notre cas. Sur le Covid, nous avons été les premiers à nous adapter en mettant en place plusieurs ouvrages pour tenir la rédaction et pouvoir payer tout le monde. Nous nous en sommes très bien sortis alors que c’était un coup de massue inattendu qui nous tombait sur le crâne. 

 

Côté projets, nous allons lancer des podcasts dans un ton humoristique, très Routard. Nous nous tournons également vers le tourisme vert, notamment avec la sortie du premier guide “Destination Nature” sur le département de la Haute-Garonne. C’est le premier d’une série dédiée au tourisme durable. Nous comptons donc continuer et accélérer le mouvement. 

 

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