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Les conseils de survie d'un couple en expatriation

Vous partez vivre en couple (avec ou sans enfants) en expatriation ou vous vous apprêtez à partir, à nouveau vivre dans un pays étranger ou un autre continent. Félicitations ! Voici quelques conseils infaillibles pour que votre couple vive l’expérience sereinement …et y survive. 

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Écrit par Capucine Canonne
Publié le 11 décembre 2022, mis à jour le 8 février 2024

 

Moments de joie, de colère, de doute, de déception, de fierté… Vous l’avez compris, l’émotion est au cœur de l’expatriation. Alors, quand cette émotion se conjugue au pluriel avec tous les membres de la famille, la situation peut devenir compliquée. Si l’on dit souvent qu’une famille heureuse et solide, c’est d’abord un couple heureux et solide, et que celui-ci doit être constitué de deux personnes heureuses et solides, on a presque tout dit. 

 

1 – Bien préparés, vous partirez en expatriation 

Il y a plusieurs manières de bien se préparer à une expatriation. D’abord, la préparation administrative : posséder son visa et un passeport valide pour quelques années, se renseigner sur la protection santé et la mutuelle, où inscrire les enfants, si son permis est valable, quels vaccins réaliser... C’est fastidieux mais nécessaire. Pour la tranquillité d’esprit et pour éviter le stress de dernier moment, il n’y a rien de mieux ! L’anticipation est de mise, et souvent l’entreprise donne un coup de main. 

Il y a ensuite la préparation culturelle. Un départ à l’étranger est aussi un départ de ses habitudes, de son mode de vie et de sa langue. L’aventure que vous allez vivre est donc aussi culturelle. Pour éviter un choc – inévitable – sur place, il est conseillé de se préparer, lire sur le pays d’accueil, regarder des documentaires ou des films, rencontrer des personnes, discuter en amont avant l’association d’accueil s’il y en a une. Souvent, les entreprises organisent des formations interculturelles ou même un « voyage de reconnaissance » afin de se familiariser avec le nouvel environnement. L’important ici est de partager cette préparation culturelle en couple ou en famille, échanger sur ses impressions, ses ressentis. Les non-dits n’ont pas leur place avant de partir en expatriation. Même si votre conjoint, suiveur ou non, n’a pas vraiment d’opinions à partager, il faut forcer un peu le dialogue. 

 

un couple joue de la musique ensemble

 

2- Les sujets sensibles (voire très sensibles) vous aborderez 

Il est tout à fait normal de penser en amont aux risques d’une expatriation. Il vaut mieux d’ailleurs y penser avant que cela n’arrive. Si vous avez tendance à éviter les sujets sensibles et qui fâchent, cette fois il faut se lancer. Posez-vous avec votre conjoint, et discutez. De quoi ? D’abord, des tenants et aboutissants de cette expatriation : Qu’est-ce que ce départ implique à votre couple comme potentiels conséquences, et même sacrifices (financiers, émotionnels, professionnels etc…) ? 

Un autre sujet doit être absolument abordé en couple et, idéalement, avant le grand départ : Que fait-on si cela se passe mal ? Quelles sont les priorités que l’on se donne ? Mais surtout, si nous décidons de nous séparer, comment aimerions-nous vivre cela ? Les réponses sont si personnelles qu’il est difficile de vous donner des conseils concrets. L’important est de vous poser ces questions-là afin de décider des bases de votre expatriation, comme vous avez un jour peut-être décidé celles de votre couple, et même de votre mariage. 

Enfin, il y a les questions autour des enfants. En voulez-vous pendant l’expatriation ? Dans quel système de garde ou d’école les mettre ? Choisissez-vous de les laisser en France, et, dans ce cas, comment s’organiser ? De telles questions nécessitent des décisions à prendre à deux, et pas par l’un des conjoints sur place, quand l’autre travaille et n’a pas beaucoup de temps. Retenez que toutes les décisions que vous prendrez avant de vous lancer dans l’aventure peuvent enlever autant d’épines du pied là-bas.

 

3 – La sécurité du conjoint suiveur, vous garantirez ensemble

Dans une expatriation, il est rare que les deux conjoints gagnent leur vie de manière identique. La balance penche presque toujours d’un côté, au détriment d’un conjoint accompagnateur, celui qui a accepté de suivre l’autre. Le conjoint qui travaille en expatriation a donc le salaire principal, une protection santé et parfois un fonds de retraite mis en place par son entreprise. Pas forcément le conjoint suiveur. 

De cette situation, en découle un fléau bien connu de l’expatriation : la dépendance financière. Et, plus dangereux encore, la violence économique, c’est-à-dire l’emprise financière d’un conjoint sur l’autre qui entraîne la perte d’autonomie. C’est pourquoi, avant de partir ou au tout début d’une expatriation, votre couple doit prendre des décisions fermes sur la situation et la sécurité du conjoint suiveur : Y a-t-il (ou y aura-t-il) une rentrée d’argent de son côté ? Quelle est sa protection santé ? Comment cotise-t-il pour sa retraite ? Quelles est l’organisation financière du couple sur place (compte personnel, compte joint…) ? N’oubliez pas ce n’est pas parce que le conjoint a le salaire qui fait vivre la famille qu’il a le contrôle. Vous avez peut-être sacrifié votre vie professionnelle pour venir. Cette conséquence a de la valeur. Surtout, mettez-vous d’accord. 

Pour se protéger davantage d’importants désaccords, et même de séparation, il est aussi conseillé de clarifier le statut du couple à savoir le mariage, et le contrat autour de celui-ci. D’ailleurs, la condition du mariage est parfois obligatoire pour partir en expatriation pour des questions de visa. Enfin, se protéger mutuellement passe aussi par la réalisation d’un testament chez un notaire avant de partir. Le couple évite toute mauvaise surprise et se protège. 

 

conjoint suiveur

 

4 – La communication, vous établirez 

Vous êtes un couple qui communique. Bravo. Mais sachez que cette communication est mise à rude épreuve pendant une expatriation, pour plusieurs raisons. D’abord parce que le temps va vous manquer. L’un travaille beaucoup, a du temps de trajet ou multiplie les voyages d’affaires. L’autre se lance dans un projet, fait du bénévolat, vient de décrocher un emploi local où il faut faire ses preuves. Sans compter le temps de s’occuper des enfants et de leurs émotions. Une autre raison est la quantité de choses à se dire : raconter sa journée, faire le point sur les soucis du quotidien, du logement, des enfants, organiser les prochaines vacances etc… Il y a tant à se dire !  Et puis, parfois, vous n’arriverez tout simplement pas à dialoguer. Pas par manque de temps ou par le trop plein d’informations, mais parce que vous vivez une expérience si intense que vous ne savez même pas vous-même ce que vous ressentez ou ce que vous vivez. Alors delà à l’exprimer… 

Pas de panique, reprenez votre souffle et commencez par discuter un peu tous les jours, en s’imposant un « moment de qualité » de quelques minutes chaque jour, une sortie de couple chaque semaine, des échanges réguliers en journée via le mobile. Par jalon, un climat de confidence devrait s’installer. N’oubliez jamais, la communication en expatriation est l’un des fondements de sa réussite. Pas de secret ici, il faut se parler, échanger, se confier, s’émouvoir et dialoguer. 

 

5 – Les moments à deux, vous vivrez

Le tourbillon du quotidien emporte parfois le couple, en expatriation ou non. S’autoriser des moments à deux est nécessaire. S’éloigner quelque temps du foyer familial est connu pour faire du bien. Enfants ou pas enfants, l’enjeu est le même. En expatriation, vous êtes loin de votre famille, de vos proches, de votre culture. 

Et, même si vous avez surmonté le choc culturel et que vous vous sentez bien dans le pays d’accueil, ne sous-estimez jamais les moments à deux. Pourquoi ? Vous ne savez pas ce qu’il se passe dans la tête de l’autre, vous passez peut-être à côté d’un événement ou d’une émotion. Le moment à deux permet généralement de retrouver un équilibre et solidifier le couple. Encore faut-il que chacun joue le jeu, mais ça, c’est une autre histoire. La régularité de ces moments est aussi une clé et la nature de ceux-ci est propre à chaque couple. A ce propos, le concept des langages de l’amour peut être un moyen intéressant de trouver la bonne manière d’exprimer et d'expérimenter son amour et son attachement. On vous laisse juge. 

 

un couple se retrouve ensemble en voyage

 

6 – A chaque nouveau projet, le socle vous poserez

L’expatriation se passe bien, bravo. Et puis, un jour, votre conjoint rentre à la maison avec une proposition de mutation dans un autre pays, sur un autre continent. Il est emballé par l’idée, le poste qu’on lui propose est alléchant, les conditions aussi. Mettez un HOLA. Même si vous avez déjà expérimenté la préparation, le départ, l’arrivée, le choc culturel, la logistique, l’administratif, l’intégration… Il s'agit d’un NOUVEAU projet. Ayez conscience que l’expatriation a un impact sur votre vie, à la fois en fonction du pays où vous vous rendez (ce n’est pas pareil de partir en Europe, qu’en Inde) , mais aussi en fonction des périodes de vie que vous traversez. Vivre une expatriation sans enfants n’est pas la même qu’une vie à l’étranger enceinte, avec des jeunes ou des grands enfants. 

Et donc, chaque nouveau projet nécessite une préparation, même si cela contrarie votre conjoint qui se voit déjà là-bas. Rebelote pour la préparation administrative, émotionnelle, culturelle et les discussions sensibles du couple : Quelles sont les conséquences de cette nouvelle expatriation ? Que fait-on si cela ne fonctionne pas ? Est-ce qu’il y a des possibilités de travail pour le conjoint suiveur ? Qu’en pensent les enfants ? Bien sûr l’aspect financier est important et il va de soi qu’une mutation très intéressante mérite toute l’attention. Mais partir la « fleur au fusil » sous prétexte que l’on connaît déjà l’expatriation n’est pas une bonne idée. Posez-vous, posez les bases de votre projet. Soyez heureux et solides avant tout.  

 

7 – La reconnaissance mutuelle, vous ressentirez

Merci. Un mot magique que l’on apprend aux enfants mais qui a énormément de valeur en expatriation aussi. Chaque membre de la famille vit un bouleversement, plus ou moins fort. Le conjoint qui travaille arrive dans un nouvel environnement, une nouvelle équipe et face à un nouveau management. C’est dur et il le cache peut-être en rentrant le soir. Absorbe-t-il une partie du stress ressenti pour ne pas le transmettre ? Possible. De son côté, l’autre conjoint a accepté de démissionner ou d'arrêter un projet pour suivre l’autre. Sur place, il a organisé la vie quotidienne, accompagner les enfants dans leur nouvelle vie s’est adapté au nouveau pays. Se sent-il seul ? Possible. L’enfant, lui, a dit au revoir à ses copains et ses grands-parents, s’est installé dans une ville inconnue, a changé d’école et de langue. En veut-il à ses parents ? Possible. 

 

des enfants en expatriation et leur maman débordée

 

Bref, le changement n’est simple pour personne. Être reconnaissant et valoriser les efforts de chaque membre de la famille ne peut que renforcer la cohésion et l’amour que l’on se porte. « Merci d’avoir accepté de démissionner pour venir ici » « Merci de travailler dur pour que nous vivions cette aventure » « Merci d’accepter d’aller à l’école alors que tu ne connais personne » « Merci d’avoir trouvé une nounou fiable pour notre bébé » « Merci des vacances que l’on vient de passer » (…). L’empathie et la reconnaissance sont essentielles au sein du foyer...et surtout parce que vous ne les ressentirez pas forcément ailleurs.

 

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