Kendy Fouchier, un étudiant de l’université de Rennes 1, a eu l’opportunité peu commune de profiter d’un échange universitaire d’un an sur l’île d’Aruba dans les Caraïbes. Il y a quelques mois, il a contacté lepetitjournal.com pour partager son expérience.
Comment êtes-vous arrivé à Aruba ?
Je suis arrivé à Aruba fin août 2021 pour un échange universitaire d'un an dans le cadre du programme européen Erasmus Plus entre l'Université de Rennes 1 et l'Université d'Aruba. L'île d'Aruba est un territoire ultramarin des Pays-Bas au même titre que Wallis et Futuna pour la France, par exemple, avec une population de 110 000 habitants. J'ai été soutenu par le Réseau Franco-Néerlandais de l'enseignement supérieur (créé par la France et les Pays-Bas) avec l'attribution de la bourse d'excellence Éole pour ce projet universitaire.
J'ai également travaillé au sein de la Commission des Objectifs de Développement Durable du Gouvernement d'Aruba avec l'écriture d'un rapport sur les incitations, pour le secteur privé local à investir, dans le cadre des transitions énergétique et écologique, dans une économie décarbonée.
Quelle est la particularité d’être un des seuls Français à Aruba ?
Il y a en effet très peu de Français à Aruba mais j'ai eu l'agréable surprise de rencontrer beaucoup de francophiles, des canadiens, libanais, des néerlandais, des vénézuéliens, lors de mon séjour sur l'île. Je parlais principalement français lorsque j'ai travaillé dans le département des affaires étrangères d'Aruba. La cuisine française est très renommée à Aruba et régale de nombreux touristes avec ses soupes à l'oignon, escargots, crèmes brûlées et profiteroles. La population d'Aruba aime l'intonation de la langue française et le style vestimentaire français est très apprécié.
L’île est peu connu des Français car il y a peu de liaisons aériennes avec la France et le tourisme est majoritairement tourné vers les Pays-Bas, les Etats-Unis et l'Amérique du Sud. Les autorités consulaires françaises ont été très présentes à chaque fois que j'ai eu besoin d'elles et je leur en suis très reconnaissant.
J'ai appris et pratiqué le néerlandais, l'espagnol et le papiamento afin de converser avec les non francophones vivant à Aruba. L'utilisation de l'anglais est également très fréquente au vu du nombre de touristes américains à Aruba.
Que vous apporte votre expérience d’expatriation ?
Mon expérience d'expatrié m'apporte plus d'ouverture d'esprit, plus d'adaptabilité et de flexibilité au travail et dans la vie de tous les jours et une meilleure maîtrise des langues étrangères. Ce n'est pas la première fois que je suis expatrié. J'ai déjà eu l'occasion d'être expatrié en Allemagne, au Luxembourg, et à l'île Maurice. C'est également l'opportunité de faire découvrir la culture française et ses valeurs de liberté, d'égalité et de fraternité à l'étranger.
Qu’est-ce qui vous a motivé à vous engager pour la cause environnementale ?
L'urgence climatique actuelle et les différents rapports du GIEC qui sont de plus en plus alarmants sur la viabilité de la Terre à supporter les activités humaines m'ont fait réagir et m'ont donné envie de m'engager pour la cause environnementale à Aruba. Cela est allé du nettoyage des plages aux cours liés à la protection de l'environnement et à l'aspect pratique dans mon travail en lien avec les ODD des Nations Unies.
Dans le cadre de mon parcours universitaire, j'ai pu suivre le cours de droit environnemental et de petites îles en développement. Ce dernier cours était très axé sur les menaces climatiques qui pèsent sur les îles. J'ai pu mesurer les impacts climatiques de la montée de la mer à l'île Maurice avec le logiciel Google Earth Engine. J'ai aussi pu représenter l'île Maurice dans le cadre d'une simulation des Nations Unies COP 27. Le but était de trouver un consensus sur le financement du changement climatique, l'ajout du carbone bleu dans le marché du carbone et les mesures d'adaptation et de mitigation à mettre en œuvre pour défendre la position commune de l'Alliance des petits États insulaires (AOSIS) lors de la prochaine COP 27.
Aruba est-elle particulièrement concernée par les effets du changement climatique ?
Aruba est très sujette aux changements climatiques. Une majeure partie de l'île sera inondée en cas d'augmentation du niveau de la mer d'un mètre. Les routes sont facilement inondables en cas de forte pluie même si l'eau s'évapore vite avec la température qu'il fait. Les habitants ressentent également une augmentation de la température au fil des années. Les phénomènes orageux tropicaux sont de plus en plus fréquents même si l'île n'est pas touchée par les ouragans du fait de sa position géographique. La moindre artificialisation des côtes, la création de récifs de coraux, et plus de végétations et de mangroves freineraient dans une certaine mesure l'érosion des plages d'Aruba dont le tourisme en est dépendant.
Aruba est-elle réellement l’île la plus heureuse du monde ? (Selon l’enquête de l’Autorité du tourisme d’Aruba et l’Université de Floride centrale)
Je n'ai pas trouvé la population plus ou moins heureuse que quand j'avais vécu à l'île Maurice où les gens sont aussi très affectueux. Je pense que différents facteurs permettent à ce que les habitants d'Aruba et les touristes qui visitent l'île y soient heureux. Le climat est doux. La température est constante et varie entre 26 degrés et 32 degrés Celsius toute l'année. Les plages de sable fins, les cactus à perte de vue, l'eau couleur crystal et le ciel bleu toute la journée vous rendent sensiblement plus heureux. Les soins sont gratuits pour les résidents en raison d'un système de sécurité sociale à la française. Avec environ 2 millions de touristes par an, l'île a le plus grand PIB des Caraïbes mais une partie de la population vit dans la pauvreté, dont environ 20 000 immigrés venant du Venezuela.
Me concernant, j'ai été très heureux même si j'ai été surpris en tant que français et européen de ne pas bénéficier des mêmes avantages que les néerlandais des Caraïbes dans l'Union européenne avec la liberté de voyager, habiter et travailler sans visa. J'ai été un peu déçu de ne pas avoir accès à la sécurité sociale locale comme les autres résidents.