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Interstellar, un BioPod, Mars... et la vie repart !

Interstallar Lab et ses BioPods, , des structures avec intelligence artificielle pouvant donner la vie, jusque dans l’espace...Interstallar Lab et ses BioPods, , des structures avec intelligence artificielle pouvant donner la vie, jusque dans l’espace...
Écrit par Anne-Claire Voss
Publié le 27 juin 2022

Interstellar ne se résume plus juste au film de Christopher Nolan ! C'est également une entreprise spécialisée dans les sciences spatiales. Créée en 2018 par Barbara Belvisi, une business woman française passionnée par la high-tech, la start-up propose des BioPods - structures avec intelligence artificielle pouvant donner la vie - jusque dans... l’espace !

 

Barbara Belvisi débute une carrière dans la finance dès ses 22 ans. Elle investit dans des entreprises high-tech à travers le monde, et lance plusieurs initiatives à l’international afin de favoriser l'innovation scientifique. L’entrepreneuse fait d’ailleurs partie du top 10 des femmes de la Tech en France et du Top 100 de Forbes en 2018. Avant de lancer sa nouvelle start-up Interstellar Lab, elle passe un an avec des ingénieurs de la NASA. Son objectif : développer des modules de production alimentaire et d'habitation pour une vie durable sur Terre, et dans l'espace.

 

Portrait de Barbara Belvisi, directrice et fondatrice d'Interstellar Lab
Portrait de Barbara Belvisi, directrice et fondatrice d'Interstellar Lab

 

lepetitjournal.com : Comment est né Interstellar Lab ?

Barbara Belvisi : L’idée d'Insterstellar Lab a finalement commencé quand j’étais encore petite fille. J’avais des rêves d’exploration spatiale et j’étais une grande fan de sciences-fiction. Mes parents ont gardé des gribouillages et des dessins où je m’imaginais sur une autre planète. J’ai même peint les murs de ma chambre d’enfance avec des fleurs et des plantes, comme si je vivais dans une serre. Plus grande, j’ai réalisé une carrière en finance en ouvrant plusieurs start-ups dans la technologie. J’ai par la suite cherché des solutions vis-à-vis des problématiques alimentaires, de pollution ou de recyclages des déchets. Au moment où j’ai commencé à sérieusement y réfléchir, SpaceX¹ m’est revenu. J’ai compris que les technologies dont nous aurons besoin pour vivre sur la Lune ou sur Mars sont très proches de celles dont nous avons besoin aujourd’hui sur Terre. C’est ainsi qu’est apparu Interstellar Lab, avec ce lien entre l’exploration spatiale, les applications terrestres des technologies spatiales et les systèmes d’environnement fermé.

 

 

Avec Insterstellar Lab, nous recherchons des solutions sur Terre pour faire face au changement climatique et ne pas sacrifier notre planète

 

Le nom de votre start-up, Interstellar Lab, a t-il un rapport avec le film de Christopher Nolan ?

Au début du film Interstellar de Christopher Nolan, la Terre se porte mal. L’agriculture n’est plus possible, seulement le maïs réussit à survivre, et encore… Toute la population doit devenir agricultrice pour réussir à se nourrir. La NASA cherche alors des solutions. La première consiste à élaborer un vaisseau pour emmener un maximum de personnes sur une station orbitale. La seconde serait de trouver une exoplanète et d’y vivre. Avec Insterstellar Lab, nous recherchons des solutions sur Terre pour faire face au changement climatique et ne pas sacrifier notre planète. Nous essayons de changer la fin de ce film.

BioPod d'Interstellar Lab
BioPod d'Interstellar Lab

 

Quelles sont les missions d’Interstellar Lab ?

Notre mission consiste à développer des structures, nommées BioPods, pouvant se déployer dans n’importe quel environnement, à commencer par la Terre, dans les stations orbitales, sur la Lune ou Mars…

 

Nos BioPods sont facilement déployables. Nous y contrôlons l’ensemble des conditions climatiques qui permettent à la vie de prospérer. La première forme de vie que nous soutenons sont les végétaux. Ces structures sont pratiques à l’agriculture mais aussi à la pharmaceutique. Dans l’espace, il s’agirait de nourrir les astronautes.

 

Nous vendons des produits chers au départ et souhaitons comprendre en priorité sur quel marché nous implanter. Nous baisserons ensuite les prix pour rendre nos inventions les plus accessibles.

 

 

Notre enjeu est de créer les conditions les plus favorables à la pousse des plantes

 

Quel est le plus grand défi à surmonter quand on imagine la vie dans l’espace ?

Pour les plantes, la partie la plus complexe dans les stations orbitales est l’eau. En effet, la gravité n’existe pas et l’eau se déplace très différemment. Quand nous en mettons à la racine des plantes, l’eau va avoir tendance à la capturer et l’étouffer. En revanche, la croissance des plantes en orbite est plus rapide car elles n’ont pas à lutter contre la gravité. Elles produisent de plus grandes feuilles avec davantage de fruits. Nous collaborons d’ailleurs avec la NASA au centre spatial Kennedy, une des branches spécialisées sur cette problématique.

 

Sur la Lune et Mars, il y a de la gravité donc l’eau se gère plus simplement. Mais une autre problématique apparaît : celle des radiations solaires et de l’apport en lumière. Pour les radiations solaires, plusieurs solutions existent. Interstellar Lab pense à des murs d’eau qui filtreraient ces radiations. Notre enjeu est de créer les conditions les plus favorables à la pousse de ces plantes.

 

BioPods imaginés par Interstellar Lab
BioPods imaginés par Interstellar Lab

 

Vous aviez annoncé vouloir construire des villages simulant la vie dans l’espace ?

Nous avions déclaré en 2019 la future construction de stations, composées de modules. Pendant un an, nous nous sommes concentrés sur les modules de serre. De cela est née notre structure nommée BioPod. Ils sont nos produits les plus complexes à concevoir. L’installation des stations spatiales sur Terre est pour l’instant mise en attente mais elle viendra après la production de ces BioPods. Nous n’avons pas encore défini de lieu.

 

Concernant les villages, nous avons quelques projets en commun avec la NASA. À Houston, nous irons mettre nos BioPods dans un espace dédié aux astronautes. Avant de les présenter au grand public, nous réaliserons une installation au Musée de l’Art et de l’Espace et au centre spatial Kennedy. Nous travaillons en parallèle sur une exposition que nous lancerons fin 2023 pour tenter de démocratiser nos avancées technologiques. Avant de faire de l’éducation, nous comptons vendre.

 

 

Avec les conflits d’aujourd’hui et les soucis d’imports et d’exports de nourriture, notre BioPod répond à de nombreux critères

 

Vos inventions sont-elles également des solutions pour lutter contre les crises humanitaires et climatiques sur Terre ?

Nous apportons la possibilité de faire pousser de la nourriture dans des zones désertiques. Avec les conflits d’aujourd’hui et les soucis d’imports et d’exports de nourriture, notre BioPod répond à de nombreux critères. Seulement une source d’énergie lui est nécessaire pour fonctionner. Il peut être déplacé sur n’importe quel terrain. Il faut pouvoir amener des graines et remplir le tank d’eau mais nous pouvons produire de la nourriture en local de manière assez rapide. Nous discutons avec l’armée française et plus encore avec l’armée américaine, intéressées par ces inventions pour les zones à risque, lorsque le terrain est complexe, lorsqu’il y a des migrations liées au climat ou à des conflits géopolitiques.

 

Les États-Unis, l’Europe et le Moyen-Orient sont les continents les plus ouverts à cette production spatiale. L’Arabie Saoudite est d’ailleurs particulièrement intéressée. Ce pays a des projets de mégapoles dans le désert. Il a donc des besoins alimentaires importants.

 

Comme nous travaillons avec la NASA et le CNES, nous n’irons cependant pas sur le marché russe et chinois.

 

 

Notre objectif : faire en sorte que tout le monde puisse acheter son BioPod

 

Quelles sont vos prochaines missions sur Terre ?

Un BioPod médium mesure 11 mètres de long, 6 mètres de large et 6 mètres de haut. Nous devrions avoir une taille plus petite pour le consommateur qui souhaitera l’implanter dans son jardin et faire pousser des mangues ou des avocats par exemple. Il y aura également deux tailles beaucoup plus grandes pour les industriels. Pour l’instant, nous sommes sur une taille intermédiaire avec un produit que nous vendons à 250.000 euros. Nous nous adressons beaucoup plus aux industriels même si certains particuliers sont intéressés. Nous proposerons un produit nettement moins cher aux particuliers.

 

Nous tenons à accélérer la vente des BioPods. Nous avons plus de 70 demandes et aimerions passer à un rythme de production de 100 à 200 BioPods par an. Nous désirons également nous ouvrir à n’importe quel type de client. Autant sur le pharmaceutique, l’alimentaire, et même le secteur hôtelier ou les particuliers. Nous aurons deux sites de production : un premier que nous devrions pouvoir financer d’ici la fin de l’année en France et un autre sur les États-Unis, lui aussi paré pour l’année prochaine. Nous voulons intégrer au marché international notre ligne de production pour répondre à la demande. L’objectif : faire en sorte que tout le monde puisse acheter son BioPod.

 

 

Nous aurons un accès pour nos produits dans l’espace d’ici moins de trois ans

 

Quand Insterllar Lab doit-elle partir dans l’espace ?

Interstellar Lab bénéficie de plusieurs partenaires sur les stations orbitales. Nous travaillons sur des modules gonflables qui devraient être pluggés aux stations spatiales. La NASA travaille sur deux produits qui permettent la pousse des plantes, et nous leur avons proposé une alternative. Nous sommes actuellement dans une phase de tests et devrions installer notre prototype cet été au centre spatial Kennedy.

 

La montée en orbite est prévue vers 2025 pour le petit BioPod, et 2026 pour la structure gonflable. Interstellar Lab est très proche des acteurs les plus actifs et connus qui envoient leurs fusées comme SpaceX. Nous essayons de voir s’il serait rapidement possible d’envoyer des plus petits systèmes, comme des micro BioPods, dans lesquels nous ferions pousser des plantes. Nous suivons également le programme Artemis², et la Lune sera plutôt pour 2027-2028. Nous aurons un accès pour nos produits dans l’espace d’ici moins de trois ans.

 

¹ SpaceX, officiellement Space Exploration Technologies Corporation, est l’entreprise américaine fondée par Elon Musk, spécialisée dans le domaine du vol spatial

 

² Programme spatial dirigé par la NASA dont l'objectif est d'amener un équipage sur le sol lunaire d'ici 2025

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