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Commerce extérieur 2022 : entre déficit et attractivité, les chiffres à retenir

Olivier Becht, ministre du Commerce extérieur, de l'Attractivité et des Français de l'étranger présentant les chiffres du commerce extérieur 2022Olivier Becht, ministre du Commerce extérieur, de l'Attractivité et des Français de l'étranger présentant les chiffres du commerce extérieur 2022
Écrit par Maël Narpon
Publié le 8 février 2023, mis à jour le 9 février 2023

Entre déficit record, attractivité et excédent des services, les chiffres du commerce extérieur de la France ont battu des records, négativement comme positivement. Les résultats ont été présentés le 7 février par Olivier Becht, ministre chargé du Commerce extérieur, de l’Attractivité et des Français de l’étranger. 
 

Olivier Becht a présenté les chiffres du commerce extérieur de la France pour l’année 2022 à Paris, le 7 février 2023. Le ministre délégué auprès de la ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, chargé du Commerce extérieur, de l’Attractivité et des Français de l’étranger a ainsi officialisé des données qui ne s’annonçaient que peu prometteuses en raison de l’impact de la crise énergétique. Le commerce extérieur français accuse donc le coup et enregistre notamment un solde déficitaire de 53,5 milliards d’euros, malgré des éléments de satisfaction non négligeables. 
 

La facture énergétique de la France en 2022 qui place la balance des biens du commerce extérieur en déficit

 

Un solde déficitaire de 53,5 milliards d’euros dû en grande partie à la facture énergétique

La crise énergétique a frappé très fort à tous les niveaux, et le commerce extérieur n’a pas été épargné. Alors qu’il avait contribué en 2021 à la croissance du PIB pour la première fois en 10 ans avec un excédent de 9 milliards d’euros, il affiche en 2022 un solde déficitaire de 53,5 milliards. Un résultat qui s’explique en partie par une facture énergétique doublée par rapport à l’année précédente en raison du contexte mondial dégradé. Les causes sont diverses : invasion de l’Ukraine par la Russie, persistance des tensions sur les chaînes d'approvisionnement, flambée des cours des matières premières, hausse de l'inflation, dépréciation de l’euro par rapport au dollar (11%)  et remontée des taux d'intérêt. 

 

Entre autres, l’excédent élevé de la balance des revenus, qui atteint 31 milliards d’euros, n’a pas suffi à compenser l’augmentation éclair de la facture énergétique au deuxième semestre 2022. La balance des biens pointe, quant à elle, à -164 milliards d’euros. Ce qui traduit une dégradation de 78 milliards d’euros sur un an, imputable à 86% à la crise énergétique. Nos voisins tels que l’Allemagne et l’Italie ont, quant à eux, connu respectivement une dégradation de 100 milliards (pour 200 milliards d’excédent) et 168 milliards d’euros (faisant passer l’Italie en déficit). 

 

L’immobilisation d’une partie du parc nucléaire, nécessaire pour rattraper les deux années de pandémie en termes de maintenance, est également à prendre en compte dans l’équation pour l’année 2022. Aujourd’hui, plus de 75% du parc est en fonction tandis que le reste est remis en service au fur et à mesure du traitement des fissures sur les différents réacteurs. Cette configuration a ainsi obligé la France à importer son électricité et à en produire à base de gaz. La situation s’est aujourd’hui inversée et le pays a recommencé à exporter son électricité. 
 

Olivier Becht présentant les chiffres du commerce extérieur en France en 2022

Excédent record de services, dynamisme des échanges de biens… les éléments de satisfaction pour le commerce extérieur

Au-delà des difficultés auxquelles est confronté le commerce extérieur français, Olivier Becht retient des éléments de satisfaction tels que l’excédent record généré par les services et le dynamisme des échanges de biens à l’international. Les services enregistrent ainsi un excédent record de 50 milliards d’euros, dont la moitié a été rapportée par les entreprises de transport (25 milliards) et 14 milliards sont à attribuer aux services de voyage grâce à une importante reprise du tourisme. 

 

Les échanges de biens ont également connu une bonne année, jusqu’à dépasser les niveaux d’avant la pandémie de Covid-19. Les exportations et les importations ont respectivement augmenté de 18% et 29% en 2022. Plusieurs domaines sont en excédent et retrouvent des couleurs, notamment le secteur automobile qui atteint 97% du niveau qu’il affichait en 2019. L’aéronautique se porte également mieux avec une augmentation de 21% des exportations, ce qui laisse présager des perspectives positives en vue de retrouver son niveau pré-pandémie. 

 

144.000 entreprises exportatrices : « une très bonne nouvelle, même si cela reste insuffisant »

Autre élément de satisfaction retenu par le ministre des Français de l’étranger : la France reste numéro un de l’attractivité en Europe, pour la troisième année consécutive. Avec un nombre d’entreprises exportatrices en constante augmentation depuis plusieurs années. Au deuxième semestre 2022, l’Hexagone comptait 139.000 entreprises exportatrices, 3000 de plus que le semestre précédent, qui représentait déjà un record.

 

 Aujourd’hui, le total s’élève à 144.000. Olivier Becht salue ces « signaux positifs » mais les considère comme insuffisants : « Il en faut davantage. Il faut aussi que les entreprises qui sont à l’export s’y maintiennent et aillent conquérir de nouveaux marchés. Il ne faut pas se contenter d’un ou deux clients à l’international mais avoir une véritable stratégie de reconquête pour avoir le monde comme horizon ». Il souligne également la faiblesse des petites ou moyennes entreprises (PME) en France par rapport à nos voisins allemands et italiens qui ont « de biens meilleures performances sur leurs PME et leurs ETI (entreprise de taille moyenne, ndlr) à l’exportation ». 

 

Un objectif dont a fait sien la Team France Export, qui arrive à porter les entreprises françaises à l’international, notamment via les 250 conseillers présents en France et les 750 conseillers à l’étranger. Cherchant à appliquer « un pilotage fin », Olivier Becht souhaite encourager les entreprises exportatrices à toujours plus développer leur activité à l’étranger, mais pas n’importe où, ni n’importe comment. Sans toutefois établir de cible prioritaire, et comme il aime le rappeler, il enjoint ainsi ces entreprises à « avoir le monde comme horizon ».

 

Olivier Becht et son équipe présentant les chiffres du commerce extérieur en France en 2022

Après la désindustrialisation, la réindustrialisation de la France

Déjà régulièrement pointée du doigt par ses prédécesseurs, la désindustrialisation entamée en France dans les années 1970 fait partie des causes listées par Olivier Becht pour expliquer le maintien du déficit structurel français. « Ce qu’on ne fabrique plus en France, on ne peut plus l’exporter et on est obligé de l’importer », appuie-t-il ainsi. Il rappelle également l’application depuis près de cinq ans d’une politique de réindustrialisation, visant à reconquérir l’industrie française. Le mouvement prend du temps mais a bel et bien été initié, présentant des chiffres encourageants depuis trois ans d’après Olivier Becht : « Nous créons plus d’emplois industriels que nous n’en détruisons, et nous voyons plus de sites industriels se construire que de sites disparaître ». 

 

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