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Henryk Sienkiewicz, l’autre Nobel polonais

Ecrivain polonais pro Nobel Henryk SienkiewiczEcrivain polonais pro Nobel Henryk Sienkiewicz
Écrit par Morgane Guichard
Publié le 28 mars 2019, mis à jour le 25 septembre 2023

Depuis mon arrivée en Pologne, je ne cesse d’être surprise en découvrant les illustres personnalités polonaises – dont on fait peu mention (comme souvent) en France.

Marie Curie, bien sûr que je savais polonaise – même si le chauvinisme français s’attache méticuleusement à effacer toute trace polonaise pour ne conserver que son mariage avec l’illustre Pierre Curie ! Chopin polonais ? D’accord, même si une fois encore ce n’est pas ce qui ressort quand l’on vient de France. Copernic aussi ? Là, j’avoue ma surprise – en même temps, je ne m’étais pas vraiment intéressée à sa nationalité... Et Sienkiewicz ? Encore un Polonais ! Qui plus est, prix Nobel de littérature (c’est même le premier Polonais à recevoir le précieux trophée en 1905). Pourquoi ? Pour son œuvre mondialement connue, Quo vadis ? Et oui, le peuple polonais comporte non seulement des scientifiques mondialement reconnus, mais aussi des artistes engagés !

 

Sa vie

Henryk Sienkiewicz, issu d’une famille cultivée et littéraire, est né le 5 mai 1846 à Wola Okrzeska et est mort le 15 novembre 1916 à Vevey (Suisse). Écrivain polonais, sa notoriété n’a pas attendu sa mort : de son vivant, par ses écrits et ses actes philanthropiques, il atteint une renommée mondiale.

Suivant des études peu brillantes, il s’inscrit tout de même à l’université, d’abord en médecine, puis en droit et enfin en lettres. Des difficultés financières familiales le poussent à se débrouiller seul et à tenter de vivre de sa plume. Il écrit, rapidement et beaucoup, des nouvelles qui seront éditées, et lui permettent de devenir journaliste. Il voyage ainsi en Europe et en Amérique, tout en exerçant divers métiers et en bénéficiant du soutien de la communauté polonaise de Californie. Sources d’inspiration, ses voyages lui fournissent la matière pour ses écrits. Puis, rapidement, il s’engage et milite pour l’indépendance de la Pologne (alors sous domination prussienne puis russe). Ses nombreux voyages suivants sur le continent africain lui inspirent nombre de nouvelles, même si l’ombre de la censure plane quand la Russie exige qu’il n’écrive plus sur l’histoire de la Pologne.

Il se marie plusieurs fois, sa première femme, mère de ses deux enfants, mourant rapidement de la tuberculose.

 

Son oeuvre

Son grand roman Quo Vadis est tout d’abord publié sous forme de feuilleton dans la Gazeta Polska. L’action se déroule sous Néron et permet à Henryk Sienkiewicz d’évoquer les persécutions des chrétiens sous l’empire romain, avec toute la distance nécessaire pour ne pas heurter. Ce thème touche alors toutes les nations et devient un succès international. Le roman est traduit en près de quarante langues et est adapté plusieurs fois au cinéma ! Un véritable phénomène, surtout au début du vingtième siècle ! La renommée de l’auteur est telle qu’il doit même voyager incognito !

Toutefois, cette réussite ne l’empêche pas de continuer à écrire. Bien au contraire, prolifique, il continue de publier :  Les Chevaliers teutoniques (1900) et Le Gouffre noir (1912), unique roman pour la jeunesse qui connaît également un grand succès du fait de ses descriptions exotiques, de ses scènes d’action et de son humour. Le roman lui permet d’être célèbre auprès des jeunes et sera aussi adapté au cinéma en Pologne.

 

Au-delà de ce succès qui aurait pu l’isoler, Sienkiewicz s’engage auprès des auteurs en difficulté et utilise ses propres fonds pour les soutenir, tant rien n’est plus précieux pour lui que la liberté éditoriale. Il s’investit également pour les nécessiteux, récoltant des fonds pour lutter contre la famine et aide les tuberculeux, dont il a été une victime collatérale avec le décès de sa première épouse. Par ailleurs, il participe à la fondation de la Société Polonaise pour l’Éducation. Au début de la 1èregrande mondiale, il part se réfugier en Suisse, où il meurt en 1916 d’une embolie pulmonaire.

 

Son message

L’originalité de Sienkiewicz est qu’il a été un véritable précurseur : il utilise ses articles pour donner son avis sur son œuvre et sur la littérature contemporaine plus généralement. Et dans ses écrits, il s’attache à représenter de manière réaliste la vie sociale en Pologne, ainsi que son propre attachement à sa nation. Son message se veut humaniste et on pourrait même dire positif tant il cherche à aider le lecteur en lui montrant la beauté de la vie et de ce qui l’entoure. Il usera par la suite de sa réputation internationale pour aider son pays, éveiller les consciences et susciter l’engagement de la population pour l’indépendance de la Pologne, sans toutefois accepter de s’engager politiquement comme député, comme cela lui a été proposé. Qu’il s’éteigne après avoir constaté l’avènement de l’indépendance de la Pologne n’est certainement pas un hasard.

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Publié le 28 mars 2019, mis à jour le 25 septembre 2023