Édition internationale

Henryk Sienkiewicz auteur de "Quo Vadis?" et prix Nobel de littérature

Vous avez certainement tous entendu parler du roman historique (et du péplum) Quo Vadis ? Mais savez-vous qui en est l'auteur ? Réponse : celui dont on célèbre en Pologne le 179e anniversaire de la naissance, ce 5 mai, Henryk Sienkiewicz. L'occasion de partir à la découverte de cet auteur majeur, Prix Nobel de littérature, au-delà de son roman mondialement connu. Personnage adoré des Polonais, il est un véritable symbole patriotique.

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Écrit par Lepetitjournal.com Varsovie
Publié le 30 avril 2025, mis à jour le 5 mai 2025

 

Quo Vadis ? le plus grand succès de la littérature polonaise 

Henryk Sienkiewicz représente sans doute à lui seul le plus grand succès de la littérature polonaise dans le monde à travers Quo Vadis ? publié en 1896, roman qui relate les persécutions des premiers chrétiens dans l'Empire romain de Néron sur fond d'histoire d'amour, d'ambition et de conflit religieux.

Traduit dans plus de 40 langues, il est l'un des best-sellers de tous les temps de la littérature mondiale et vaudra à son auteur le Prix Nobel en 1905. En France, c'est le roman le plus vendu en 1904. Des chevaux participant à la course hippique du Grand Prix de Paris portèrent même le nom des personnages du roman... ! En fait, Quo Vadis ? reste le seul livre polonais à avoir une place importante dans la littérature mondiale.Toutefois, les raisons de sa popularité en Pologne sont à rechercher ailleurs. Henryk Sienkiewicz est surtout connu comme l'auteur de Trylogia (trois romans publiés dans les années 1884-1888), un classique présent dans tous les foyers polonais. Une épopée historique, située au milieu du XVIIe siècle, époque de grande agitation politique qui a failli conduire la Pologne à sa chute.

 

Il y a 179 ans, le 5 mai, naissait le père de Quo Vadis ?

Henryk Sienkiewicz, né le 5 mai 1846 à Wola Okrzejska (dans la voïvodie de Lublin, à l'est de la Pologne) est issu d'une famille de la noblesse qui a ses origines parmi les Tatares de Lituanie (minorité ethnique musulmane vivant dans la région depuis le Moyen-Age). Son grand-père s'est converti au christianisme en 1755, seulement. Un héritage qui se retrouve dans son ?uvre : les conflits ethniques et religieux entre chrétiens et païens évoqués dans Quo Vadis ? ainsi qu'entre Polonais, Turcs, Ukrainiens et Tatars dans Trylogia. Avant d'entamer une carrière littéraire, Sienkiewicz travaille comme journaliste et séjourne aux Etats-Unis pendant deux ans. Il voyage à travers le pays et écrit des reportages pour la presse polonaise sur le mode de vie américain. Ce séjour coïncide avec les dernières années de la lutte des Indiens d'Amérique pour la liberté. Fasciné par la réalité aventureuse de l'Ouest sauvage, il écrit un court récit, Sachem, sur un Indien, dernier descendant de sa tribu.  

Mais c'est Trylogia, une série d'épisodes publiés sur une période de quatre ans dans le journal Slowo qui vaut à Sienkiewicz un attachement sentimental des Polonais. Cette série revêt très vite le rôle de plus grand événement littéraire dans la vie culturelle de la nation polonaise. Les héros y côtoient les « méchants », dans un scénario manichéen à la manière d'un western. La lutte, la trahison, l'héroïsme et bien sûr l'amour en sont les ingrédients. Aucun livre n'a soulevé un intérêt si intense et unanime en Pologne ! Les lecteurs ont abandonné leur ouvrage pour suivre les aventures de leurs héros à chaque nouvelle publication, notamment lors de lectures publiques dans les villages. Pendant cette période, Sienkiewicz reçoit des milliers de lettres de lecteurs désireux d'influer sur le destin de leurs héros !

 

 

Mais presque immédiatement après la publication des épisodes de Trylogia regroupés dans le livre Ogniem i Mieczem, Potop, Pan Wolodyjowski, Sienkiewicz doit aussi faire face à la critique. Il est accusé de « sur-héroïsation » de ses protagonistes au profil psychologique peu fiable qu'il idéalise excessivement et de dépeindre les ennemis comme des créatures inhumaines. Mais ces critiques n'entamèrent en rien le rayonnement de Sienkiewicz, encore aujourd'hui symbole de la littérature polonaise. 

 

Dans Trylogia, Sienkiewicz écrit sur la plus grande crise politique de l'histoire de la Pologne. Au XVIIe siècle, le pays est envahi par la Turquie et la Suède, en même temps déchiré par les révoltes intérieures des Cosaques. Une situation de chaos dont profite la noblesse pour accroître sa fortune. Une situation qui conduit la Pologne au bord du gouffre mais dont elle s'est pourtant relevée grâce, selon Sienkiewicz, à la ferveur patriotique des soldats polonais qu'il décrit comme des chevaliers animés d'idéaux d'honneur, de courage et de fidélité.

 

Il meurt le 15 novembre 1916 deux ans avant que la Pologne ait retrouvé son indépendance après 123 ans de partition. La détermination politique de nombreux Polonais qui luttaient pour l'indépendance pendant la Première Guerre mondiale s'est rattachée à la vision historique de Sienkiewicz et le sentiment de fierté nationale. L'écrivain devient dès lors le père de l'identité nationale pour plusieurs générations de Polonais jusqu'à aujourd'hui. 

* Seul Ogniem i mieczem (Par le fer et par le feu) peut être trouvé en traduction française. Il relate le soulèvement de Khmelnytsky : la révolte des Cosaques d'Ukraine contre la Pologne-Lituanie (1648-1657).

En Pologne, trois musées sont consacrés à Henryk Sienkiewicz, dont celui de Oblegorek (dans la région de Kielce - centre-sud de la Pologne), château ancestral de la famille de l'écrivain transformé en musée.

 Katarzyna Mierzejewska, Laura Giarratana (lepetitjournal.com/Varsovie) Article actualisé en juillet 2024 © Wikimedia commons 

 

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