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Pourquoi lire Kaytek le Magicien - "Kajtuś czarodziej" du pédagogue Janusz Korczak ?

Kaytek le Magicien - "Kajtuś czarodziej", a été publié en 1934, écrit par Janusz Korczak (1872-1942), un pédagogue polonais en son temps subversif à cause de ses méthodes révolutionnaires pour l’époque, qui a beaucoup oeuvré pour les enfants, notamment au sein du ghetto de Varsovie, dans lequel il prenait soin des plus jeunes. Kajtuś czarodziej, c’est l’histoire de Kaytek, un jeune garçon ordinaire, casse-cou, casse-pied, qui évolue dans un monde où les adultes sont (encore) tout-puissants. Comme des pouvoirs magiques seraient les bienvenus, ils pourraient régler tous ses problèmes ! Le voilà exaucer… sauf qu’il doit alors affronter différentes situations, le poussant à grandir et à comprendre les conséquences des actes qu’il pose. Bien avant Harry Potter, les aventures de Kaytek sont à lire et relire sans modération, de 8 à 108 ans, seul ou en famille, car le texte se prête aux échanges et discussions. Bonne nouvelle, cette histoire est même traduite en français ! Vous êtes bien installé ? « J’entre dans une dizaine de magasins, je fais semblant de vouloir acheter quelque chose, mais je n’ai pas un sous en poche. »…

© Bénédicte Mezeix-Rytwiński © Bénédicte Mezeix-Rytwiński
Écrit par Annwenn Levêque
Publié le 29 mai 2025, mis à jour le 8 juin 2025

 

Janusz Korczak, un pédagogue à hauteur d’enfant 

Pédiatre, pionnier de la médecine sociale, journaliste, essayiste, poète, dramaturge, romancier pour enfants, animateur de colonie de vacances, directeur d’orphelinat, professeur d’université mais aussi rétrospectivement, premier militant des droits de l’enfant, Janusz Korczak de son vrai nom Henryk Goldszmit, est né en 1872 et décédé en 1942 durant la Seconde Guerre mondiale. Auteur de l’oeuvre littéraire Kaytek le Magicien, c’est une figure incontournable de la pédagogie en Pologne, il est également reconnu en Suisse mais dans les autres pays, même si son héritage subsiste, son nom est plutôt tombé dans l’oubli… Malgré ses nombreux travaux, il reste très peu connu en France. 

Né dans une famille juive libérale, passionné de littérature, il consacre ses premiers écrits à la misère urbaine et effectue par la suite des études de médecin afin de devenir pédiatre pour mieux comprendre les besoins des enfants. Dès 1908, il crée la première colonie de vacances pour enfants pauvres et en 1912 devient directeur d’un orphelinat juif.

 

Son objectif était de comprendre les enfants, avec une dimension psychosociale, afin de forger les esprits, corriger les inégalités et fonder une société meilleure. 

Pour Janusz Korczak, la notion de respect est primordiale et s’applique à la personne, à toutes les personnes et notamment à l’enfant, comme à travers les règles, par exemple -  vision totalement novatrice à une époque où l’enfant était considéré davantage comme un poids et une bouche à nourrir - même s’il ne faut pas généraliser. Inspirateur de la Convention internationale des Droits de l’Enfant de 1986, il appelle à reconnaître l’enfant comme un être à part entière, et non pas comme un adulte en devenir (respect du rythme de l’enfant, de ses rêves, de ses sentiments, de son intimité). Plus de 90 ans après, il y a encore du travail.

Dans son dévouement le plus total, Janusz Korczak, de son vrai nom, Henryk Goldszmit, est conduit au centre d’extermination de Treblinka, au nord-est de Varsovie en 1942 avec 200 enfants juifs de l’orphelinat créé au coeur du ghetto, dont il s’occupait. Il y a été assassiné comme environ 925.000 Juifs, ainsi qu’un nombre inconnu de Polonais, de Roms et de prisonniers de guerre soviétiques (Source Holocaust Encyklopedia). Aujourd’hui, son message est d’autant plus d’actualité :

« c’est une erreur de croire que la pédagogie est une science de l’enfant et non pas de l’homme », disait-il.

Le patrimoine laissé par Janusz Korczak est mémorable : romans pour enfants et adultes, poèmes, contes, pièces de théâtre, essais pédagogiques, articles de presse et feuilletons radiophoniques soit une vingtaine d’ouvrages, plus de 1.400 textes publiés dans une centaine de revues et environ 300 manuscrits et tapuscrits.

Sa plume est humoristique, passionnée, pleine d’humilité et pousse à la réflexion sans donner de solution ; c’est une lecture à savourer sans modération : que vous soyez enseignants, pédagogues, parents, éducateurs, mais surtout, un enfant !  

 

💡 Dédicace de Janusz Korczak, dans son œuvre Kaytek le Magicien 

« Ce livre difficile, je le dédie aux enfants tourmentés, qui ont du mal à s’améliorer. Il faut vouloir avec force, avec persévérance. La volonté, il faut l’endurcir. Il faut être utile. La vie est bizarre. La vie est comme un rêve bizarre. Pour qui possède une volonté ferme, et le désir ardent de servir l’autre, la vie sera un rêve merveilleux. Même si le chemin qui mène au but est compliqué et la pensée inquiète. Un jour peut-être ce livre, je l’achèverai… » 

 

 

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Kaytek le Magicien, Kajtuś czarodziej, il était une fois plein de bêtises…

Kaytek le Magicien est une œuvre à la fois pleine d’humour, de profondeur ainsi que de sensibilité mais également peu conventionnelle. 

 

💡 Kaytek avec “Y” ou Kajtek avec “J”, on s’y perd ! 

- Kaytek, s'écrit en français avec un “Y”
- Kajtek s’écrit en polonais avec un “J” 
- Kajtuś, c’est le diminutif du prénom polonais Kajtek



Janusz Korczak a eu l’idée d’écrire ce livre suite à un échange avec un jeune garçon, il relate cet évènement dans Les Règles de la vie (1929). Un jour, il avait posé cette question en classe : « Qu’aimeriez-vous être plus tard ? » Un garçon avait répondu « Magicien ». Ayant subi les rires de ses camarades, il avait temporisé avec résignation « Je serai sans doute juge, comme mon papa, mais vous avez demandé ce qu’on voudrait être ». 

 

💡Dès l'incipit, les enfants parlent, pensent, se comportent comme des enfants « ben quoi ? » « ben rien. » Des « quoi » et des « rien » qui disent plus que des grandes phrases, paravents aux angoisses, questionnements, peurs… qui peuplent les jeunes têtes folles de la bande. Ne vous laissez pas berner par l’apparente futilité de ce premier dialogue, la profondeur de Janusz Korczak est bien là, distillée subtilement entre les mots. Au fil des pages, ils pénètrent votre esprit, font sauter des verrous, ouvrent un coffre aux souvenirs verrouillés depuis des lustres, jusqu’à réveiller l’enfant qui sommeillait en vous. Bénédicte Mezeix-Rytwiński

 

« J’entre dans une dizaine de magasins, je fais semblant de vouloir acheter quelque chose, mais je n’ai pas un sous en poche. »

C’est ainsi que le lecteur fait connaissance avec Kaytek, casse-cou casse-pied. 

Si le livre de Janusz Korczak est étonnant en bien des manières, un élément reste singulier, preuve que ce pédagogue s’adaptait aux enfants et non l’inverse : certains passages de son texte sont supprimés. En effet, Janusz Korczak au fur et à mesure de sa rédaction lisait le livre à ses petits protégés et tenait compte de leurs remarques, ce qui l’a amené à ôter, remanier, certains passages. Alors, pourquoi me direz-vous, un homme de la stature intellectuelle de Janusz Korczak a accepté de supprimer certains passages d’une œuvre qui lui tenait à cœur, sous prétexte que des éléments ne plaisaient pas aux marmots ? Justement, c’est ici tout l’art de Janusz Korczak, pour comprendre les enfants, il faut se mettre à leur hauteur ! 

 

« Oh ! Le frimeur ! Essaie toi-même. Tu crois que je suis pas cap ? Eh bien ! Je te parie une glace. » ou bien « La pensée ! Forte, jeune, limpide, ardente. La pensée ! Indépendante, généreuse, farouche, téméraire. La pensée magique !... La pensée faible, somnolente et craintive. La pensée paresseuse, sans force, sans défense ». 

 

C’est bien dans Kaytek le Magicien que l’on peut retrouver ces deux extraits aux tonalités très différentes. L’un, écrit en langage familier, tout droit sorti d’une cour de récréation, où l’on imagine croiser les héros des enfants d’aujourd’hui : Titeuf (Zep), Ducobu (Zidrou et Godi) ou Esther, né sous la plume de Riad Sattouf ; de l’autre que l’on pourrait croire tiré d’un recueil de poésie en prose. 

Le registre de langue utilisé dans cet ouvrage est très large : à la fois familier, poétique et soigné.

Janusz Korczak est un maître, même un magicien des mots : le lecteur ne s’ennuie jamais, les tournures de phrases étonnantes poussent à aller toujours plus loin dans la lecture et dans la réflexion. 

 

© Bénédicte Mezeix-Rytwiński
© Bénédicte Mezeix-Rytwiński 

 

Les « pourquoi » « parce-que » d’un garçon attachant et espiègle qui nous rappelle l’enfant que nous avons été

« On peut parler avec un chat ? »,  « Comment peut-on à la fois dormir et parler ? »,  « Y avait-il des dragons autrefois ? ». Espiègle et curieux, Kaytek se pose les mêmes questions que nous nous sommes posés, mais vous ne trouverez malheureusement pas la réponse dans le livre car il doit souvent composer avec l’incompréhension des grandes personnes : attitude terrible selon ce petit bonhomme puisque « les grandes personnes savent, mais ne veulent pas expliquer ». 

Janusz Korczak, nous met face à nous-même : combien de fois, avons-nous rabroué nos bambins, à cause de leurs sempiternelles questions, par paresse, fatigue ou méconnaissance ?  Combien de fois, alors que notre taille sur la toise avoisinait à peine les 1 mètre 20, nous sommes-nous cognés à ce mur de silence, alors que la question posée était à nos yeux vitale, importante, urgente ? 

Il est temps de se renseigner sur pourquoi la mer est bleue, pourquoi les étoiles brillent, pourquoi le soleil brûle, afin d’aider les enfants à grandir, comprendre le monde qui les entoure et les nourrir de vraies connaissances, plutôt que de les laisser naviguer seuls sur internet, entre complotisme et platisme. Surtout, ne les rabaissez jamais, comme l’encourage si bien le sage pédagogue polonais. « T’es trop petit, t’es trop bête », lance la grand-mère de Kaytek agacée mais cassante - ce n’était peut-être pas en effet la réponse la plus appropriée… à chacun de méditer. 

La solution à tous ses questionnements et ses problèmes, Kaytek la trouve lui-même : « Désormais il est sûr et certain, qu’il veut être magicien. Ni page royal, ni chevalier, ni homme de cirque, ni cow-boy, ni prestidigitateur, ni Ali Baba, ni détective. Mais : un vrai magicien ! » Dans une tonalité burlesque, avec des attaques de mouche en classe, la transformation d’un petit pain en grenouille, la disparition du stylo du professeur, l'apparition de vélos dans la cour de récréation, la transformation de l’encre pour un contrôle en eau, Janusz Korczak aborde un sujet bien plus profond qu’est la conséquence des actes que l’on pose : matière à réflexion pour tous les âges… Kaytek conclut pour nous d’une manière très simple :

 

Ce qu’on peut faire comme bêtises, quand on ne réfléchit pas. 

 

« Tel est le caractère de Kaytek : il faut qu’il voie, qu’il sache et ensuite qu’il essaie par lui-même », décrit Janusz Korczak, un enfant dans lequel chacun peut se retrouver mais qui finalement « (...) pressent qu’il devrait ne pas semer le désordre, que ses activités de magicien doivent être planifiées, et qu’il ne faut pas causer l’inquiétude de ses parents ». Kaytek est un personnage tourmenté, en introspection constante et souvent agacé contre le monde, qu’il ne comprend pas, mais finalement très attachant car chacun de nous peut retrouver en lui, un peu de sa naïveté, de ses peines, de ses doutes et de sa curiosité.

 

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Kaytek le Magicien : il faut croire en ses rêves

« Le livre contient un grand courant psychologique qui montre la vérité des rêves, après tout, et pas seulement des rêves d’enfants » décrit Jann Kott, écrivain, journaliste, traducteur, poète, critique littéraire et dramatique polonais. En effet, le livre n’a rien perdu de sa pertinence ; les thèmes principaux que sont les rêves et ce qui se passe lorsque les rêves deviennent réalité, mis en parallèle avec le fait de grandir, sont toujours plus d’actualité. Kaytek nous emporte avec lui dans la construction de son château de rêve sur la Vistule, nous partageant les plans de sa construction et sa vie en tant que châtelain. Château qui finalement sera démoli, comme nos rêves si souvent abandonnés ou détruits… 

Le personnage de Kaytek, tourmenté et rêveur, offre un récit démontrant la possibilité de réaliser ses rêves tout en passant par un chemin qui peut être difficile et semé d’embûches. 

« L’auteur traite les enfants comme des adultes, il les initie avec indulgence à des sujets inconnus, sérieux ou sans importance » souligne Stefan Rumelt.  Janusz Korczak, à travers le personnage de Kaytek le Magicien établit de manière plutôt claire les frontières entre le bien et le mal. La sorcellerie, bien que fascinante, peut conduire rapidement sur la mauvaise voie. 

Le lecteur est amené à se questionner sur de nombreuses thématiques : le fonctionnement de la société, le regard de l’enfant sur l’adulte et inversement le regard de l’adulte sur l’enfant, la notion de pouvoir et d’argent.

 

L’auteur ne donne pas les clés de la réflexion mais pousse le lecteur à réfléchir par lui-même et à arriver à ses propres conclusions.

 

Kaytek le Magicien et Le Petit Prince, chefs d'oeuvre littéraire complémentaires et distincts 

Bien que surprenant par son dénouement et par son écriture, l'œuvre de Janusz Korczak peut être mise en parallèle avec un classique de la littérature française, qui a bercé notre enfance, où un petit garçon découvre lui aussi un monde fascinant et y fait face : Le Petit Prince d’Antoine de Saint-Exupéry, publié en avril 1943

« S’il vous plaît … dessine-moi un mouton » demande un petit bonhomme aux cheveux couleur d’or à un aviateur perdu dans le désert.. une phrase bien naïve et bien douce dans une situation qui pourrait paraître des plus catastrophiques. C’est là tout le génie d’Antoine de Saint Exupéry, et non de Saint Antoine d’Exupéry, comme beaucoup d’enfants se trompent, lapsus révélateur de la justesse des mots de cet écrivain et poète français

Le petit prince, personnage attachant et si doux, est comme Kaytek avide de découvrir et d’avoir les réponses à ces multiples questions « Les épines à quoi servent-elles ? Le petit prince ne renonçait jamais à une question, une fois qu’il l’avait posée ». Si cette question pourrait paraître futile, elle ne l’est pas car elle est la plus grande préoccupation du petit prince : sa rose. Une rose ? Oui, parce que sa rose est tout aussi importante, que les admirateurs le sont pour les vaniteux, que l'autorité est pour un roi, l’alcool pour un buveur, la géographie pour un géographe, ce qui amène notre cher petit prince à conclure que « les grandes personnes sont décidément très très bizarres ». 

Cette sagesse et gentillesse, caractérisant si bien le Petit Prince, est bien différente de la première approche que l’on peut avoir de Kaytek « Remuant, courageux. La tête pleine d’idées » : les auteurs n’ont pas eu la même approche dans la rédaction de leurs ouvrages respectifs. Quand Antoine de Saint Exupéry choisie une écriture poétique disposant le lecteur à écouter, par de jolies phrases, ce que l’auteur souhaite transmettre, Janusz Korczak fait un tout autre choix :  à travers une écriture simple, accessible à tous, il incite de manière plus implicite, le lecteur à réfléchir et à se poser les questions par lui-même.  

Les deux livres ne doivent cependant pas être opposés et souhaite parler à la fois aux enfants mais également à l’enfant intérieur de chaque adulte. Janusz Korczak dédie son ouvrage « aux enfants tourmentés qui ont du mal à s’améliorer » tandis qu’Antoine de Saint-Exupéry « demande pardon aux enfants d’avoir dédié ce livre à une grande personne » et rappelle que « toutes les grandes personnes ont d’abord été des enfants ». 

Si le livre de Janusz Korczak offre la possibilité aux adultes de davantage comprendre les enfants et aux enfants de comprendre qu’avec de la persévérance et des rêves tout peut arriver, Le Petit Prince offre des leçons de vie qui sont agréables à se rappeler à n’importe quel âge : 

 

On ne voit bien qu’avec le coeur. L’essentiel est invisible pour les yeux. Antoine de Saint-Exupéry

 

© Bénédicte Mezeix-Rytwiński

 

Adaptations et inspirations cinématographiques de l’oeuvre de Janusz Korczak 

Pour les plus friands de films, des adaptations de l’ouvrage de Janusz Korczak ont été faites, de manière plus ou moins fidèle. 

Le film « Kaytek le magicien » réalisé par Magdalena Łazarkiewicz, et sorti en 2023 dans les cinémas polonais, tire son inspiration de l’ouvrage de Janusz Korczak. C’est bel et bien une inspiration et non une adaptation que la réalisatrice nous propose : de nombreux éléments de l’histoire originale diffèrent mais le synopsis reste centré autour d’un jeune garçon découvrant la magie et le pouvoir de celle-ci. Dans le livre écrit par Janusz Korczak, la frontière entre le bien et le mal est clairement établie, tandis que dans le film, la différence est établie de manière plus floue et le flirt avec la magie rend moins claire la menace qu’elle représente.

 

 

Une version plus ancienne est également parue au cinéma en 1987 au Québec. L’histoire est bien différente mais reste également centrée autour d’un jeune garçon découvrant la magie. Pierrot, le nom du jeune héros, découvre qu’il possède des pouvoirs magiques mais n’arrive pas à les contrôler. Grâce à un ami, il apprend à maîtriser son pouvoir et évite ainsi qu’une bombe tombe sur la ville.

Une version bien différente de celle originale de Janusz Korczak mais Rock Demers, réalisateur du film, a voulu, lui aussi faire passer un message : « Pour moi, il est essentiel que chaque film ait un deuxième niveau qui soit relié à une philosophie de la vie plus complexe, une philosophie mettant de l'avant des valeurs comme l'amitié, la tolérance, l'anti-militarisme (...) ». 

 

 

 

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