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Français vs Espagnols : les différences culturelles vues par des lycéens

Une danseuse de flamenco vétue d'une robe rouge en train de danserUne danseuse de flamenco vétue d'une robe rouge en train de danser
Nikitabuida / Freepik
Écrit par Camille Hamentienne
Publié le 14 mars 2023, mis à jour le 22 septembre 2024

Dîner à 22 heures, petit encas à 11 heures, tutoiement… En Espagne, les bonnes vieilles habitudes franco-françaises sont souvent bousculées. Bien qu’ils soient voisins géographiquement, Français et Espagnols sont culturellement très différents. Rencontre avec des lycéens français et valenciens qui ont expérimenté le quotidien dans les deux pays le temps d’un échange linguistique.

Des lycéens de l'Institution Sainte-Marie d’Antony, en échange scolaire avec le Colegio Nuestra Señora del Pilar de Valencia, se sont prêtés au jeu des différences avec leurs correspondants. 


Une vie à cent à l’heure ? En Espagne, pas vraiment

À chacun son rythme… Entre Espagnols et Français, tout le monde ne vit pas à la même vitesse et c’est tant mieux ! Les lycéens nous livrent leurs expériences. 

 

Des pieds sur un hamac
Pexels

Un mode de vie espagnol plus décontracté, “à la cool”

C’est bien connu, les Français et les Espagnols n’ont pas la même conception du temps et des horaires. Un mode de vie espagnol qui fait des envieux. Pour Agathe, lycéenne à Antony en échange à Valencia, il est évident que “les Espagnols sont beaucoup moins pressés que les Français, et font généralement tout plus lentement”

 

Couche-tôt vs couche-tard 

Quant à leur rythme de sommeil, une chose est sûre : les Espagnols sont moins couche-tôt que les Français. C’est ce que nous fait remarquer Chimo, un jeune lycéen valencien. Pour lui, il est tout à fait normal de se coucher après 23 heures dans la semaine. Lors de son séjour à Antony, il a été très surpris de constater qu’à 21 heures 30, la plupart des gens dormaient déjà alors que lui était réveillé à 23 heures. Un rythme de vie différent où les nuits sont courtes et les journées plus longues. 

 

 jolie femme étudiante en t-shirt rayé essayant de dormir, assise avec un oreiller
Karlyukav / Freepik


Le lycée espagnol, une seconde maison ? 

Le système éducatif espagnol est bien différent de son homologue français, en particulier sur le plan des horaires et du rythme de travail. Un dépaysement que les lycéens d’Antony ont accueilli comme une aubaine. 

Des journées moins longues et des pauses beaucoup plus régulières… C’est le rêve pour ces lycéens habitués à un calendrier chargé. À Valencia, le rythme de travail est nettement “plus cool” avec “beaucoup moins d’heures de classe qu’en France et des pauses beaucoup plus régulières”, sans compter “les cours qui finissent deux fois par semaine à 14 heures 30”, nous explique Agathe. Tristan, lui aussi en échange à Valencia, nous parle même d’une “seconde maison” pour les lycéens espagnols, où l’on peut consacrer “beaucoup plus de temps au sport et aux loisirs”. Les Espagnols “passent autant de temps au lycée que chez eux”

Même constat pour Chimo. Pour lui, aller au lycée c’est bien plus qu’aller en cours : “Nous faisons du sport, parfois nous allons aussi chez les scouts avec nos camarades de classe.” Un bon moyen d’allier enseignement théorique et vie pratique.

 

Des jeunes lycéens en maillots de foot en train d'écouter en cercle leur entraineur sur le terrain
Pexels

 

À l’heure du repas, chacun son rythme

Si vous venez en Espagne, adieu les traditionnels petits-déjeuners, déjeuners, dîners… Les Espagnols ont une conception beaucoup plus large des horaires de repas. À Valencia, il n’y a pas vraiment d’heure pour manger. L’avantage ? Il est toujours l’heure pour un pan con tomate.

 

du pain avec de la tomate
Freepik

 

El almuerzo, ou l’art de grignoter tout le temps

Vous n’en avez peut-être jamais entendu parler, et pourtant à Valencia el almuerzo c’est sacré. Un bocadillo au jambon ou à la tortilla, ce petit encas typique pour patienter jusqu’à l’heure du repas, aucun Espagnol ne saurait s’en passer. 

Véritable étendard du mode de vie à l’espagnol, el almuerzo est inscrit en lettres d’or dans le patrimoine culinaire du pays. Que ce soit au travail, à l’école ou au lycée, vous ne pourrez pas y échapper. Agathe, lycéenne française, nous en parle avec étonnement. Ce qui l’a surprise, “c’est que les Espagnols mangent des “goûters”, un le matin et un l'après-midi”, quelque chose qu’elle n’avait pas l’habitude de faire en France. Qu’il soit 11h ou 18h, il est toujours l’heure pour une petite douceur !

 

Manger ou ne pas manger, telle est la question

 

Des Espagnols en train de manger des tapas dans un bar
Unsplash

 

Quand il s’agit des horaires des repas, là encore, chacun a sa vision. Et elle n’est pas tout à fait la même d’un côté et de l’autre des Pyrénées. Si vous avez l’habitude de suivre un emploi du temps bien réglé entre petit-déjeuner, déjeuner et dîner… À Valencia, vous risquez d’être déboussolé. 

Adieu le déjeuner à midi et le dîner à 19 heures, les repas se prennent beaucoup plus tard ! On le sait, en Espagne, on déjeune généralement entre 14 et 16 heures, et on dîne plutôt entre 21 et 23 heures. Autre fait intéressant selon Agathe : non seulement les Espagnols mangent plus tard que les Français, mais “ils mangent plus”. Peut être la faute à l’almuerzo ? 


La chaleur espagnole, mythe ou réalité ? 

Oui, nous parlons bien de chaleur, mais il ne s’agit pas de la météo. Et pour cause : celle-ci ne souffre aucune comparaison entre Antony et Valencia... Nous faisons ici référence à la convivialité des Espagnols. La légende raconte qu’ils savent recevoir et seraient plus accueillants et chaleureux que leurs voisins français. Qu’en pensent les élèves

 

Des Espagnols et Français de dos qui se tiennent par les bras
Unsplash

 

Tu es mon professeur ? Le tutoiement comme mot d’ordre

Tu ou vous ? Question épineuse. La bienséance à la française tranche en fonction de l’âge et du rang. Ce n’est pas le cas en Espagne, où le tutoiement est souvent de mise. Même au lycée. Oui, vous lisez bien. Appeler son professeur par son prénom et le tutoyer est une coutume déconcertante à laquelle les lycéens français ont dû s’adapter : “En France, c’est totalement interdit et cela entraînerait de graves sanctions”, souligne Gaspard. 

 

Un professeur espagnol en train de donner un cours de science devant son tableau
Unsplash

 

Autre signe de respect et de déférence qui n’a pas cours dans les classes en Espagne : se lever quand le professeur arrive. “En France, lorsque le professeur entre dans la classe, tous les élèves se lèvent”, raconte Chimo. Un réflexe qui l’a fortement étonné. 


La famille d’abord

Une autre différence culturelle de taille entre les deux pays : le poids de la famille. “À Valencia, il y a un véritable esprit de famille. La fraternité est très importante. Aussi bien à l’école qu’en dehors.”, nous raconte Gaspard. C’est ce qui lui a sauté aux yeux lors de son échange avec le Colegio del Pilar. 

 

Une grande famille d'Espagnols de dos au bord de la plage lors d'un coucher de soleil
Unsplash

 

Un esprit de solidarité cultivé dès l’enfance, à la maison comme sur les bancs de l'école, qui laisse peu de place à l’individualisme. Cet “esprit de fraternité” est sans doute lié à la place fondamentale qu’occupe la famille dans la tradition espagnole. Les liens familiaux sont très forts, et les relations entre parents, frères et sœurs, grands-parents et autres membres de la famille sont souvent très étroites. Cette importance accordée à la famille se reflète également dans l'éducation des enfants en Espagne. Les parents espagnols considèrent souvent l'éducation comme une responsabilité partagée avec l'école et la communauté.  

Alors, vit-on mieux en Espagne ? Ou la France a-t-elle encore son mot à dire ? Loin de nous la volonté de prendre parti. Laissons la parole aux lycéens. Ce qui ressort, c’est qu’il est difficile de quitter Valencia sans ressentir une certaine nostalgie et l'envie de prolonger son séjour.

 

Deux lycéennes françaises et espagnoles devant la Cuitat des les Arts i Ciencès à Valencia
Agathe et Sonia devant la Cité des Arts et des Sciences pendant l'échange scolaire entre Sainte Marie d'Antony et le Colegio del Pilar de Valencia / Photo publiée avec l'accord parental

 

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